Algérie

Le laisser-aller peut tuer



Le laisser-aller peut tuer
L'hiver est de retour et les habitants de la wilaya de Tizi Ouzou l'accueillent toujours avec la peur au ventre. Précisément, ceux résidant dans les villages enclavés situés sur les hauteurs de la région, et dans les localités non encore dotées de gaz de ville. Les citoyens décédés suite à l'émanation du monoxyde de carbone ou à l'explosion d'une bonbonne de gaz butane ne se comptent plus. Il ne se passe pas un hiver sans que l'on enregistre des accidents mortels qui font augmenter le bilan macabre dans une wilaya qui a été longtemps abandonnée par les pouvoirs publics au point où la pénétration en gaz naturel n'était que de 11% à un moment où la moyenne nationale dépassait les 40%. La nature du relief et la rigueur de l'hiver dans cette contrée devait dès le départ attirer l'attention des responsables mais cela n'a pas été le cas et le retard pris dans l'alimentation des localités en gaz naturel a coûté très cher à la wilaya et à ses habitants, en vies humaines et en projets d'investissement économique. D'où la responsabilité, au moins partielle, dans les drames qui ont secoué des familles entières dans cette région. Mais cette responsabilité n'est pas limitée au retard pris dans l'alimentation en gaz naturel. Le laxisme et le laisser-aller des responsables à différents niveaux. Combien de victimes a-t-on enregistré dans les cités universitaires suite aux explosions de bonbonnes de gaz à l'intérieur des chambres ' Des dizaines si ce n'est plus, alors que l'introduction des bonbonnes de gaz dans les chambres universitaires est explicitement interdite par la réglementation en vigueur. De nombreux étudiants, particulièrement les filles, sont incapables de manger la nourriture infecte qu'on leur sert dans les réfectoires universitaires et se sentent obligées de se doter de moyens, malgré leur dangerosité, pour préparer leurs propres repas. Comment ne pas incriminer ces responsables qui laissent faire ce genre dechoses 'Ces mêmes responsables qui enregistrent des intoxications alimentaires dans les réfectoires des campus et des cités universitaires. L'épisode du printemps 2011 renseigne sur le laisser-aller au sein des résidences universitaires. A l'époque plus de 40 étudiantes de la cité de jeunes filles de M'douha ont été intoxiquées par la nourriture qui leur a été servie au resto. Treize d'entre elles avaient du être gardées en observation au CHU Nedir-Mohamed, vu la gravité de leur état. C'est cette carence dans le contrôle des approvisionnements qui a permis cet incident qui aurait pu être fatal pour certaines des étudiantes touchées. Plus grave encore, ce phénomène des intoxications touche plus souvent les personnes les plus vulnérables, en l'occurrence les enfants auxquels on sert parfois des produits avariés dans les cantines scolaires. A de nombreuses reprises, la presse a rendu compte de ces incidents qui touchent généralement les élèves des localités les plus éloignées du chef-lieu de wilaya. Les parents d'élèves et les proches des victimes des intoxications n'ont jamais entendu parler de sanctions prises à l'encontre des responsables. Et ce, quel que soit le degré de responsabilité.Le laxisme ne se limite malheureusement pas à cela et les montagnards de la wilaya le constatent à leurs dépens, notamment quand la région enregistre des tempêtes de neige qui isolent des dizaines, voire des centaines de villages pendant plusieurs semaines. Les tempêtes de 2005 et de 2012 sont encore dans les esprits des habitants des hauteurs de la wilaya. L'incapacité des autorités d'anticiper sur les chutes de neige, notamment après l'émission de bulletins spéciaux des services météorologiques, a causé de nombreux soucis aux villageois qui trouvent dans ces cas d'énormes difficultés de s'approvisionner en denrées alimentaires et en gaz butane. Mais surtout d'évacuer leurs malades et leurs parturientes. A ce titre, des drames ont été évités de justesse dans des localités où les opérations de déneigement se faisaient par les villageois et leurs élus locaux et avec les moyens du bord. Avant l'arrivée des renforts des services de la wilaya et même de l'armée. Mais ces drames peuvent-ils être évités éternellement ' Attend-on l'avènement d'un drame pour accélérer la mise en ?uvre des mesures prises à l'issue des deux tempêtes susmentionnées ' Des moyens ont certes été octroyés à certaines communes pour faire face à ce genre de situations, mais d'autres communes attendent encore, alors qu'on annonce un hiver rigoureux pour cette année.Tizi Ouzou, en outre, collectionne les cas de laisser-aller qui risquent de coûter cher en vies humaines. Et celui du bâtiment est le plus dangereux. Particulièrement quand il y a évidence. Le certificat d'urbanisme délivré par les services de la wilaya est rarement respecté par les promoteurs, les entrepreneurs et même les particuliers. Et on laisse faire au mépris de la réglementation en vigueur. Ceux qui sont censés contrôler le respect des normes de constructions seront-ils interpellés et sanctionnés quand des effondrements seront enregistrés ' Dans certains endroits, comme le quartier de Tala Alam, au chef-lieu de wilaya, le nombre d'étages des immeubles est supposé être limité en raison de la nature du terrain. Une petite virée dans le quartier montre que cet aspect n'est en aucun pris en considération. Des immeubles comptant jusqu'à douze étages sont érigés et il est étrange de savoir comment les promoteurs ont-ils eu leurs permis de construire et s'ils ne l'ont pas eu, comment leurs chantiers n'ont-ils pas été arrêtés. Ne veut-on pas apprendre les leçons du passé qui nous enseignent que quand le drame est là, il sera trop tard ' Qui sera responsable, moralement et surtout pénalement, quand il y aura mort d'hommes ' Il doit être clair que les promoteurs et les entrepreneurs ne doivent pas être seuls à être présentés devant les juges.M. B.




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