Algérie

Le «lâcher de chiens»



Le «lâcher de chiens»
Appelées à la rescousse par l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et avec la bénédiction des députés de l'alliance présidentielle, les sociétés de gardiennage sont depuis systématiquement sollicitées par les directeurs des établissements universitaires pour «pacifier» l'Université.Cette délégation de pouvoirs de force publique accordée du temps du haut comité d'Etat au début des années quatre-vingt-dix reste à nos jours une question des plus sensibles. D'aucuns y voient une aubaine pour l'autorité sécuritaire officielle dans les cas de dépassements éventuels, et les tenants du pouvoir s'en laveraient allègrement les mains.La loi qui régit l'activité des sociétés de gardiennage est on ne peut plus claire en ce qui concerne les prérogatives et les périmètres d'intervention de ce nouveau corps de vigiles ; les décrets législatifs et exécutifs paraphés par l'Intérieur et la défense interdisent à ces personnels de s'immiscer ou d'intervenir sous quelque forme que ce soit dans le déroulement d'un conflit ou se livrer sous quelque forme que ce soit à une surveillance d'opinion, sous peine de tomber sous le coup de lourdes sanctions.Par ces temps où plusieurs ministres brillent par leur ignorance des lois de la République et au sein du Parlement même, le directeur de l'Inataa était-il au fait de la législation' Celui qui a donné l'ordre de «lâcher les chiens» a-t-il agi suite à une injonction venue d'en haut ' Comment le savoir ' Car c'est bien le ministre de l'Enseignement supérieur lui-même qui a dépêché une commission pour mener l'enquête.Quelle diligence ! Pour rappel, quelques jours auparavant, le ministre avait présidé la cérémonie d'installation des membres du Conseil d'éthique et de déontologie de la profession universitaire, car disait-il, «l'Université a toujours constitué l'exemple, le guide et l'avant-garde de la droiture dans l'effort» et dénoncé par communiqué «toute atteinte à l'intégrité physique des membres de la famille universitaire».Ainsi soit-il, tant que les portes demeurent closes et que les chiens sont aux aguets, la franchise universitaire est sous bonne garde, libre à ces messieurs du Conseil de l'éthique et de déontologie universitaire de se forger une félicité et complaire au ministre qui a mis justement en garde, avant-hier, contre les «tentatives de certaines parties d'amplifier les incidents et les exploiter à des fins?» et patati et patata ; mais quel déni ' Quand devant l'accablant spectacle de jeunes étudiants la chair fendue par les canines bestiales les «retranscriveux» du non-sens intarissable se fendent en quatre en littérature stérile : «L'étudiant a droit à la sécurité au sein de l'université aussi bien que dans les résidences universitaires» lit-on dans leur charte (d'éthique et de déontologie).Au chapitre des obligations et des devoirs, l'étudiant est sommé de respecter le travail d'érudition de ses aînés les saints copistes : «Partager la démarche morale et méthodologique? combattre les dépassements», disent-ils pieusement lorsqu'ils demeurent honteusement silencieux au sujet des pires dérives. Des étudiants s'organisent et comptent bien ester en justice les agresseurs et leurs commanditaires ; atteints dans leur chair et leur honneur, ces étudiants rejettent la mesquine invitation à la réconciliation cuisinée par ceux-là mêmes qui ne leur ont pas porté assistance quand ils étaient en proie aux crocs de leurs bourreaux.Et ainsi donc, ce gravissime précédent qui défraie la chronique doit justement faire date par le procès de cette nomenclature de hors-la-loi aujourd'hui, bien avant que le joug de cette immonde oligarchie émergente ne puisse régner de fait et ordonner le lâcher final des chiens sur la République, le pays serait fatalement mis en quartiers.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)