Algérie

Le lac des oiseaux, vivre après l'Algérie : le dialogue au féminin France-actu : les autres articles



Le lac des oiseaux, vivre après l'Algérie : le dialogue au féminin                                    France-actu : les autres articles
Le livre de Gisèle Morigault, Le lac des oiseaux, vivre après l'Algérie, est un petit opuscule, si léger qu'il s'excuserait presque de prendre si peu de place, alors que ce qu'il rapporte a le poids d'une vie abasourdie dans la cassure de l'exil.
Universitaire à Aix-en-Provence, l'auteure s'est astreinte, en une centaine de pages sur petit format, à faire parler sa mère née en Algérie, comme elle, qui a quitté ce pays si tôt qu'elle en a peu de souvenirs. «Je me suis assise sur une chaise tout près de toi, et j'ai posé sur mes genoux un magnétophone. L'année 2005 vient de débuter (') L'écho de ta voix m'envahit et je te rejoins là où tu as vu le jour. Tu me guides pour écrire mon voyage dans le désert. Nudité bientôt revêtue de Touggourt, la plus grande des oasis de l'Oued Rhir.»
Et la mère parle des ses origines familiales, des alliances, de la vie dans ce coin difficile du Sud algérien, puis de la guerre tenue à distance, et le départ. Rien de très banal, avec les bonheurs et les malheurs, puis le silence de la fuite forcée. On est happé par ce récit qui pourrait rester strictement familial et dans lequel, en toute logique, on n'aurait rien à faire.
Rien à faire certainement, mais pas rien à penser, car cette histoire est remarquablement rapportée dans un style vivant et attachant. C'est le contrepoint de deux femmes en dialogue. Cet univers doublement au féminin, celui de nos mères, nos s'urs, nos épouses, gagne toujours à être entendu. Par-delà les événements historiques, ce petit livre y participe avec bonheur. «Nous sommes entraînés dans un impossible enracinement», lit-on à la dernière page. «A chaque départ, nous laissons tout, seuls nos peurs nous accompagnent.» Loin de la petite romance, n'a-t-on pas là un saisissant raccourci de la destinée humaine.
En tout cas, pour l'auteure, «la traversée n'est pas terminée. Il y a le retour. L'Algérie. Je sais que, seule, j'irai.» Il est sûr pourtant que cette traversée ne serait pas l'ultime passage.
* Gisèle Morigault : Le lac des oiseaux, vivre après l'Algérie, éditions Téraèdre, collection L'écriture de la vie, 2012.


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