Algérie

Le Ksar de Malik Souleymane



Le Ksar de Malik Souleymane
Le Ksar de Malik Souleymane, construit sous la forme d'une forteresse naturellement et architecturalement fortifiée, se trouve perché sur une colline à plus de 35 mètres de hauteur, au sud du village de Benoud, rattaché administrativement à la daïra de Aïn el Baïda Sidi Cheikh dans la wilaya d'El Bayadh, au sud-ouest de l'Algérie. Ce ksar est situé à 16 km au sud de la commune de Benoud, séparé de celle-ci par la vallée du "Oued el Gharbi", connue pour ses dunes de sable que l’on ne peut traverser qu’à pied ou en véhicule tout-terrain.

Dès l’arrivée, le visiteur est accueilli par des formations rocheuses imposantes et des falaises verticales sculptées par les forces de la nature au fil du temps. La majesté du désert, avec ses paysages spectaculaires, s'impose immédiatement, suscitant à la fois émerveillement et crainte.

Le Ksar de Malik Souleymane s’étend sur une superficie d’environ 1,4 hectares, construit sur une haute colline, telle une véritable citadelle naturelle. Le site est protégé au nord, à l'est et à l'ouest par des falaises abruptes de plus de 35 mètres de hauteur, tandis qu’au sud, ses bâtisseurs l’ont renforcé avec un grand mur de 57 mètres de long et de plus de 5 mètres de hauteur. Les défenses ont été complétées par un fossé parallèle au mur, large de plus de 4 mètres et profond de 3 mètres, aujourd'hui en partie comblé par des sédiments et des eaux pluviales. Le fossé était surmonté d’une porte en bois mobile, encore visible aujourd’hui, qui servait à verrouiller l'accès après le passage des cavaliers.

À l'intérieur du ksar, on trouve une série de chambres et de logements accolés au mur sud, probablement utilisés comme refuges pour les habitants du palais et pour stocker des marchandises et des provisions. Les murs extérieurs de ces pièces comportent des ouvertures qui servaient à la surveillance et à tirer des flèches en cas d'attaque. Le centre du ksar est laissé libre, formant une grande cour où les caravanes pouvaient s'arrêter et décharger leurs marchandises.

En dehors du ksar, un puits est relié à des canaux de collecte d’eau de pluie, toujours utilisé par les nomades pour abreuver leurs troupeaux. Il est difficile d’affirmer si ce puits date de la construction initiale du ksar ou s’il a été ajouté ultérieurement. Il semble toutefois logique de penser que d'autres puits existaient à l'intérieur même du ksar pour garantir un approvisionnement en eau en cas de siège ou d’attaque.

Pendant la période coloniale et après, le ksar est devenu un lieu de retraite spirituelle pour un ordre chrétien, connu sous le nom de la Fraternité de Jésus des Petits Frères. En 1933, la première mission de cet ordre a été fondée à Aïn el Baïda Sidi Cheikh, et ses membres visitaient régulièrement le Ksar de Malik Souleymane pour y méditer et se retirer pendant plusieurs jours, profitant de la quiétude et de la solennité du lieu. Ils ont également entrepris de restaurer certaines chambres du ksar pour s’y loger pendant leurs retraites, mais malheureusement, les travaux de restauration n'ont pas respecté les normes de conservation appropriées, utilisant des matériaux modernes qui ont altéré l’authenticité du site.

Concernant l'histoire du ksar, les récits oraux des habitants de Benoud — descendants de la tribu arabe des Zouaïa, liée aux Beni Amer — évoquent un roi nommé Souleymane, issu des tribus hilaliennes, qui aurait habité ce palais. Une guerre sanglante l'aurait opposé à son ennemi juré, "le Sultan noir", qui aurait réussi à conquérir le ksar lorsque les gardes de Souleymane oublièrent de lever la porte du fossé, permettant ainsi aux troupes ennemies d’entrer. Souleymane, en désespoir de cause, aurait préféré se jeter du haut de la falaise, prononçant la phrase "le précipice plutôt que l'épée", et serait mort quelques kilomètres plus loin, à un endroit appelé "El Magrine".

D’un point de vue académique, peu d’études ont été menées sur ce ksar. Des voyageurs et écrivains français du passé ont mentionné son existence, le rattachant aux Beni Amer hilaliens qui occupaient la région. Une référence importante au ksar se trouve dans les travaux du chercheur Khalifa Ben Amara, dans son livre "Histoire du sud-ouest algérien", où il évoque la destruction du dernier bastion ibadite de la région par Sidi Cheikh au milieu du XVIe siècle. Cependant, cette thèse n'est pas unanimement acceptée, et des divergences subsistent quant à l’origine et l’histoire exacte du Ksar de Malik Souleymane.


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