Algérie

Le Koheul



Le Koheul
Il n'échappe à personne que les femmes arabes avaient l'habitude de se teindre le bord des paupières d'une couleur noire bleuâtre, que produit une préparation portant le nom de la matière de base dont elle est composée, le koheul. L'usage du Koheul était retrouvé chez tous les peuples musulmans, arabes, indiens, persans, turcs et africains. Bref, tous les peuples exposés aux rayons d'un soleil ardent, trouvaient dans le Koheul la protection nécessaire à leurs yeux.
On raconte que le Koheul (sulfure d'antimoine) est un présent de Dieu. Quand l'éclat du Seigneur parut sur le Djebel El-Thour (Le Sinaï), bien qu'il ne fût pas plus gros qu'une fourmi, il embrasa la montagne entière, en calcina toutes les pierres et les fit passer à l'état de koheul ; et, ce qui se trouve à présent dans les autres contrées provient, dit-on, du Djebel El-Thour.
On raconte, aussi, que la première personne qui s'en servit fut une femme du pays Yamana (dans le Yémen). Elle usait du Koheul pour dissimuler une infection chronique qu'elle avait aux paupières. Il paraît qu'en peu de temps, sa guérison fut totale et, mieux encore, que sa vue devint perçante.

Le Koheul est réputé pour ses vertus diverses : il préserve l'œil de différentes inflammations, arrête l'écoulement des larmes et donne au regard plus d'assurance et de limpidité. Son usage était recommandé par tous les médecins arabes et, le Prophète Mohamed tout comme son prédécesseur le Prophète Ibrahim –QLSSE – en fit une des prescriptions relatives au corps.
Mis à part son côté thérapeutique, le Koheul était très apprécié par les femmes, pour son côté esthétique. Elles aimaient encadrer leurs yeux d'un liseré noir, qui leur donnait plus d'éclat et intensifiait le mystère de leur regard ; c'était la seule partie admise à être découverte sur un visage voilé du «adjar».

Il n'y avait pas de femme qui n'eût en sa possession une de ces fioles remplies de poudre noire. Cette poudre était obtenue par le mélange, en proportions égales, de «toutia» (sulfate de cuivre), de «cheubb» (alun calciné), de «zendjar» (carbonate de cuivre) et de quelques clous de girofle. On réduisait le tout dans un mortier puis, on y ajoutait du noir de fumée. On recueillait le résultat dans un vase en terre, que l'on exposait par la suite à une petite flamme. Après quoi, on passait la préparation au tamis fin pour en recueillir une poudre noire, très fine, que l'on enfermait dans de petites fioles appelées «mekhal». Ce dernier était fait en plomb, en cuivre, en argent ou, même, en or pour les plus fortunées car le «mekhal» était considéré comme un accessoire de luxe. La femme l'utilisait en y plongeant une petite baguette en bois, effilée, le « meroued » et celui-ci en ressortait chargé de poudre ; la femme le faisait glisser avec adresse entre les deux paupières, sur toute la longueur de son œil fermé.

Comme la tendance était aux cils et aux sourcils bien fournis, les femmes, soucieuses d'être à la mode, noircissaient leurs sourcils au Koheul et les redessinaient de façon à les prolonger et les relier au-dessus du nez. C'est ainsi qu'autrefois, on maquillait la mariée mauresque, qui devait conserver une immobilité de statue et les yeux ouverts, mais le regard pudique.
A la cérémonie du septième jour d'une naissance, la «kabla» (sage-femme) mettait du Koheul aux yeux du bébé, afin de les purifier.
On usait du Koheul en toutes occasions, sauf en période de deuil, où on se l'interdisait pendant quarante jours car il était jugé déplacé de mettre cette parure oculaire, symbole de séduction, dans de telles circonstances.
Aujourd'hui, rares sont les femmes qui utilisent encore cette poudre, qui fut délaissée entièrement au profit des nouveaux produits cosmétiques, parce qu'on la considère comme trop archaïque, sans doute par ignorance de ses vertus.


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