larmes d'amertume ou cris de joie: le Kenya apparaît toujours profondément divisé après l'abandon des poursuites de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Uhuru Kenyatta, qui échappe à un procès pour crimes contre l'humanité.Quant aux victimes des terribles violences qui avaient suivi la présidentielle de 2007 et fait un millier de morts, elles sont désabusées par la décision rendue par la CPI vendredi, comme dans la vallée du Rift, l'une des régions les plus durement touchées à l'époque. «C'est une victoire pour le président, mais une défaite déchirante pour les victimes. La justice n'a pas été rendue aujourd'hui», estime David Mongeri, 43 ans, un avocat de Nakuru. Dans cette ville située à 150 km au nord de Nairobi, des communautés divisées par des antagonismes tribaux s'étaient affrontées à la machette après le scrutin. «Bien sûr, il aurait été injuste de la part de la Cour de prolonger la procédure sans preuves contre Kenyatta. L'abandon (des poursuites) était donc la seule option. Mais le procureur a déçu les Kényans pauvres», a ajouté M. Mongeri. Mais certains exultent, comme Beatrice Nyokabi, chassée de la ville agricole de Naivasha par les affrontements. Elle estime qu'Uhuru Kenyatta, au lieu d'être à l'origine des violences, l'en a au contraire protégée. «Nous versons des larmes de joie après l'abandon des poursuites contre le président. (...) Nous espérons qu'un jour les vrais coupables seront arrêtés», dit-elle. Le Kenya reste hanté par les violences postélectorales de 2007-2008, pour lesquelles la CPI a accusé de crimes contre l'humanité Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto. Le procès de M. Ruto est toujours en cours. La population reproche largement à la CPI - la procureure Fatou Bensouda et son prédécesseur Luis Moreno Ocampo - son incapacité à réunir des preuves. Peu de gens évoquent les fortes pressions sur les témoins, qui pourtant expliquent pour beaucoup, selon des observateurs, l'effondrement du dossier. «La première fois que Bensouda est venue nous voir, elle a promis de nous faire justice. Mais à mesure que l'affaire évoluait, nous avons vu qu'il s'agissait d'un jeu de pouvoir de la communauté internationale qui voulait dicter aux Kényans qui devait être leur leader», raconte Elizabeth Maina, 61 ans, qui, à l'époque, a fui de chez elle sous la menace d'une foule brandissant des machettes. Nombre de ceux qui ont souffert durant ces semaines de tueries ont indiqué qu'ils se résignaient à essayer d'oublier cette sombre période.
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Posté Le : 08/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R I Agence
Source : www.lnr-dz.com