Algérie

Le justice, la pédagogie et la logistique Point Net


Le justice, la pédagogie et la logistique Point Net
Le ministre de la Justice, M. Mohamed Charfi, évoquant l'affaire «Sonatrach 2» : «Si on vous disait tout aujourd'hui, vous serez surpris.» Mais vous nous avez déjà surpris, Monsieur le garde des Sceaux ! Et pas en parlant, puisqu'il a fallu attendre les révélations de la justice et de la presse milanaises pour que les Algériens découvrent' ce qu'ils savaient déjà ! Il est encore heureux que, dos au mur, la justice algérienne se (re)saisisse d'une affaire dont le pays est pourtant la première victime en raison de l'ampleur des préjudices financier, économique et moral qu'elle lui a infligés, en raison de l'institution qui est au c'ur du scandale et du niveau de responsabilité des personnes impliquées. M. Charfi devait donc nous en parler, assez tard mais c'est déjà ça.
Oui, M. le ministre, les Algériens étaient en droit de savoir où en est «l'affaire», dans les limites bien évidemment de ce qui peut être dit sans porter atteinte au secret de l'enquête. Ils ne se font toujours pas d'illusions sur la disponibilité à la transparence et à la sanction de la prédation, mais ils se sont quand même dit que cette fois peut-être la bonne.
C'est que tout le monde s'y est mis depuis qu'il n'y a plus rien à cacher. La corruption, qu'on a toujours évoquée comme «le reste», c'est-à-dire dans un sombre discours que se partagent le lieu commun, la velléité et l'évacuation, avait pour la première fois un nom, plutôt des noms et pas des moindres. L'affaire est emblématique de l'ampleur du «fléau» et, un bonheur n'arrivant pas seul, l'ancien ministre de l'Energie qui en était l'incarnation, était déjà en disgrâce politique.
Ce qui laissait une certaine liberté de man'uvre à des institutions, voire une partie de l'opinion, depuis toujours tétanisées face au risque encouru par la quête de vérité. La corruption est devenue un sujet à la mode, les Algériens ont même eu droit à quelques envolées effarouchées là où ils ne les attendaient pas. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, les vieux réflexes 'd'autodéfense n'ont pas été en reste. On a invité la presse à la «mesure»,
on l'a sommée de «laisser la justice faire son travail», c'est-à-dire ne pas faire le sien et on s'est même souvenu qu'il y avait un principe de droit qui s'appelle la présomption d'innocence alors que des milliers de «petits» justiciables en ont bavé et en bavent depuis toujours en silence. La justice, sujet inévitablement «concomitant» de la corruption, s'est retrouvée dans la foulée au-devant de l'actualité. On a alors mis en branle la machine du «débat».
Des joutes oratoires où les quelques voies miraculeuses qui ont essayé d'aller à l'essentiel, c'est-à-dire la volonté, ou plutôt l'absence de volonté politique d'aller à une justice indépendante, se sont noyées dans la noria d'«experts» venus nous expliquer que seuls le manque de «moyens» techniques et de «compétences» empêche le pays d'accéder à une justice de son temps. Et pour ceux qui n'ont pas été convaincus par autant de déploiement pédagogique, le garde des Sceaux est venu faire l'ultime leçon. A ceux qui auraient oublié les vertus de la présomption d'innocence, il rappelle qu'il
«faut veiller à ce qu'aucun des justiciables ne soit lésé». Pour les autres, ceux qui doutent encore que la justice algérienne n'a que des problèmes de' logistique, il dit toutes les difficultés de mener une enquête qui s'étend sur plusieurs pays et nécessite beaucoup de temps pour aboutir. Il ne s'agissait que de ça, finalement. On nous l'a déjà dit mais M. Charfi s'est senti obligé de nous le répéter. Toujours aussi pédagogues, nos responsables.
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