Algérie

Le juste milieu



Le juste milieu «Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou –par avarice- et ne l’étends pas non plus trop largement» (Le Voyage Nocturne, XVII, 29) Rappelons cette parole de Dieu : «Parmi les biens que Dieu t’a accordés, recherche la Demeure de l’au-delà. Mais, ne néglige pas ta part de vie dans ce bas-monde». (Le Récit, XXVIII, 77) C’est également là un juste milieu des choses qu’il s’agit dans tous ces versets de la vertu de modération, qui est une qualité louable de la conduite humaine.Ce discours ne s’adresse certes pas aux seuls individus, mais à la communauté tout entière. Le discours adressé à l’individu est lié aux facteurs matériels, aux biens tangibles de cette terre, bons ou mauvais. Quant au discours destiné à la communauté, Dieu a choisi en ce qui le concerne le terme» juste milieu». Le juste milieu des choses est en fait leur sommet, comme nous disons que le sommet des montagnes se trouve au milieu de leur base, comme l’Emir des Croyants se trouve être au juste milieu de cette assemblée de savants et de hautes personnalités. Là est le juste milieu, comme par exemple l’arbitre qui juge entre les parties. Sa place est en haut et sa tâche est considérable. Il doit accomplir la mission qui lui a été confiée par le Seigneur, sans jamais s’en écarter. «Ainsi, nous avons fait de vous une communauté de juste milieu pour que vous soyez témoins à l’encontre des hommes...» Le juste milieu signifie donc la responsabilité, celle de témoigner à l’encontre des hommes. Le témoin ici doit être présent; la communauté doit être présente. Cette présence de la communauté c’est sa supériorité à l’égard des autres nations. Sinon, elle ne saurait voir quoi que ce soit et n’aurait donc rien à témoigner. Si une communauté est divisée et déchirée, à l’encontre de quoi ou de qui pourrait-elle donc témoigner ? Ici, la vision ou la vue se déchire par le déchirement que subit la nation. Ainsi, si cette nation devait témoigner dans l’au-delà, à l’encontre de qui devrait-elle le faire ? Ce serait un faux témoignage et le prophète, par son témoignage à l’encontre de sa communauté, démontrera alors que le témoignage éventuel de celle-ci serait tout simplement faux. Rappelons à ce propos ce hadith du prophète qui dit que celui-ci, voyant des gens de sa communauté menés à l’enfer le jour de la résurrection, s’adressa au Seigneur en lui disant : «Seigneur, pitié, pitié pour ma communauté !» Il lui fut répondu ceci : Ils ne sont pas de ta communauté, Tu ignores ce qu’ils ont commis après toi». Cela veut dire qu’ils se sont démis de la fonction dont Dieu les a chargés, c’est-à-dire d’être témoins à l’encontre des hommes, ou, encore, d’être responsables de ce qu’ils ont fait sur cette terre. A la lumière de ce qui précède, «communauté» dans le langage coranique a une dimension seulement politique qui veut que tout un chacun qui atteste aussi bien l’unicité de Dieu que du message de son prophète, quels que soient les actes qu’il commet, est nécessairement membre de cette communauté. Il faut que nous sachions que le Coran emploie le terme «Oumma» (Communauté) dans plusieurs utilisations. J’en ai compté les significations et j’en ai trouvé dix dans le dictionnaire, le Coran en a cité sept parmi lesquelles celles-ci : «Les hommes formaient (à l’origine) une seule communauté». (La Génisse, II, 213) C’est à dire depuis que Dieu les a crées. «Si ton Seigneur l’avait voulu, il aurait rassemblé tous les gens en une seule communauté religieuse». (Houd, XI, 118) C’est à dire une seule créature, une créature analogue. «Mais ils ne cessent pas de se dresser les uns contre les autres à l’exception de ceux auxquels ton Seigneur a fait miséricorde». (Houd - XI, 118) A suivre... Pr. Abdessabour Chahine


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