Algérie

Le jugement de Bouteflika fait débat



Certains hommes politiques et personnalités, en écho à la rue qui réclamait sa tête durant les marches du Hirak, estiment que c'est faire ?uvre de pédagogie politique que de demander des comptes à l'homme qui a géré d'une main de fer les affaires du pays.Près d'une année et demie après avoir été "chassé" du pouvoir par la révolution du sourire, l'ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika continue d'alimenter la chronique politique et de partager l'opinion publique nationale. C'est que l'homme est le président ayant eu la plus grande longévité à la tête de l'Etat et sa personnalité bien unique, aussi charmeur que rancunier et vindicatif, fascine ou agace.
Il ne laisse jamais indifférent, en somme. Son bilan ' Acceptable pour les uns, n'hésitant pas à brandir certaines de ses réalisations (logements, métro, autoroute Est-Ouest, etc.) et catastrophique pour les autres, estimant que son long règne n'est que gabegie, népotisme, divisions, corruption généralisée, etc.
C'est pourquoi, certains hommes politique et personnalités, en écho à la rue qui réclamait sa tête durant les marches du Hirak, estiment que c'est faire ?uvre de pédagogie politique que de demander des comptes à l'homme qui a géré d'une main de fer les affaires du pays, en ne concédant presque aucun pouvoir de décision à ses subordonnés (Premiers ministres, ministres, etc.).
Fin mai 2019 déjà, le RCD avait appelé la justice algérienne à entendre l'ancien chef de l'Etat.
"Abdelaziz Bouteflika, le chef de l'Etat déchu, doit être entendu sur ses actions et sur l'activité de ses collaborateurs", avait-il exigé. Fin février 2020, sur le plateau de l'émission "Studio El-Djazaïr" de la chaîne El-Bilad TV, Abdelaziz Rehabi, ancien diplomate et ex-ministre de la Communication...sous Bouteflika, a, lui aussi, mis sur la table l'idée d'un jugement "symbolique" du président déchu, mais sans être chaud pour son incarcération.
"Le président de la République a une responsabilité dans la corruption", a-t-il martelé. Même le célèbre écrivain Kamel Daoud était favorable à une traduction de l'ancien chef de l'Etat devant le tribunal. "Il faut juger Boutefilka", a-t-il asséné, dans un entretien accordé en juin 2019 au magazine Jeune Afrique, estimant que "le jugement de Bouteflika sera le début de la vraie rupture avec l'ancien système".
Il faut dire que le président déchu ne compte pas que des contempteurs. Pour certains, ce serait quelque peu malvenu de traduire devant la justice un homme ayant servi le pays pendant plusieurs décennies, qui plus est cloué à son fauteuil roulant par plusieurs maladies.
Invité dimanche 23 août de l'émission hebdomadaire "LSA-Direct" du quotidien Le Soir d'Algérie, le président de l'Ordre des avocats d'Alger, Abdelmadjid Sellini, s'est clairement positionné contre l'idée de traduire l'ancien président devant un tribunal.
"Je dirais que je suis contre un procès d'Abdelaziz Bouteflika. Il a été président de la République, et nous devons quel que soit ?X' respecter nos institutions", a-t-il soutenu.
De son point de vue, l'"emprisonnement" de l'ancien chef de l'Etat ne "servirait à strictement rien" et ouvrira grandes les portes à une remise une question de "tout un passé, toute une gestion de notre pays". "On peut tourner la page autrement", a-t-il insisté. Laquelle ' Notre bâtonnier ne le précise pas.
Avant lui et toujours dans la même émission "LSA-Direct" diffusée dimanche 16 août, Leïla Aslaoui, ancienne ministre de la Solidarité sous feu Boudiaf, a estimé que Boutefilka "ne doit pas être jugé" pour ne pas lui donner l'occasion de "se victimiser", lui qui "n'est même pas en mesure d'articuler, ayant perdu la parole depuis 2013 (...)".
"C'est le meilleur service à rendre à un dictateur. Il viendra en fauteuil roulant, il ne parlera pas, on dira le pauvre, on devrait au contraire se pencher sur l'histoire de sa famille, détester son pays, ce n'est pas normal", a-t-elle argumenté.
Sans être pour ou contre la traduction devant un tribunal de Bouteflika, le président Tebboune a soutenu, dans l'entretien qu'il a accordé début juillet à la chaîne française France 24, que "la justice s'est prononcée" sur la question.
"Si la justice le demande, c'est son affaire, mais pour le moment, il n'en n'est pas question", a-t-il affirmé. S'il est improbable de voir la justice convoquer Bouteflika pour s'expliquer sur sa gestion du pays, le tribunal "populaire", lui, a déjà rendu son verdict.

Arab C.


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