Algérie

Le juge prononce 6 mois de prison ferme



Dans la salle des pas perdus puis à l'extérieur du tribunal de la rue Abane-Ramdane, les slogans de la révolution sont repris avec force et détermination.Le verdict dans l'affaire de six détenus de l'emblème amazigh, jugée le 24 octobre dernier et mise en délibéré, a été rendu hier par le tribunal de Sidi M'hamed, après deux reports successifs à cause de la grève des magistrats. Les prévenus ont été condamnés chacun à une peine de six mois de prison ferme assortie d'une amende de 20 000 DA. L'attente fut longue.
La présidente de la chambre correctionnelle n°2 au tribunal de Sidi M'hamed a traité de nombreuses affaires de droit commun, puis a annoncé une pause de quinze minutes. Finalement, ce n'est qu'une demi-heure plus tard, à midi pile, que le greffier a instruit un policier de faire entrer les six détenus du hirak. Billal Bacha, Messaoud Leftissi, Khaled Oudihat, Djaber Aïbèche, Tahar Safi et Hamza Méharzi, arrêtés le 21 juin lors de la marche à Alger pour port de l'emblème amazigh, ont pris place dans le box des accusés sous les applaudissements et les youyous de dizaines de proches et de militants venus les soutenir. "Djazaïr hourra democratia" (Algérie libre et démocratique) a scandé la petite foule. Emus et souriants, les détenus lui ont répondu par le V de la victoire.
À l'annonce de l'arrivée de la magistrate, du procureur de la République et du greffier par le tintement d'une cloche, la salle s'est tue. Les avocats retardataires ont joué des coudes pour arriver jusqu'à la barre. "Il faut qu'on soit près de la juge pour bien entendre le verdict", se sont-ils excusés. Après le jugement rendu, dans la nuit de lundi à mardi, dans le procès de 21 autres accusés pour port de la bannière amazighe à une année de prison dont six mois fermes, collectif de défense et familles avaient peu d'espoir sur une potentielle relaxe des six codétenus, en attente de leur verdict depuis trois semaines (leur procès a eu lieu le 24 octobre dernier juste avant la grève des magistrats). Les appréhensions se sont confirmées quelques brefs instants plus tard. La salle, en colère, s'est insurgée contre "la justice du téléphone", au moment où les magistrats quittaient prestement l'audience.
Les prisonniers, dont un sourire illuminait toujours le visage, ont été évacués sous les cris de : "Aujourd'hui et demain, nous resterons Imazighen" ; "Nous n'abdiquerons pas" ; "Vous êtes nos héros". Dans la salle des pas perdus puis à l'extérieur du tribunal de la rue Abane-Ramdane, les slogans de la révolution sont repris avec force et détermination. L'emblème national est alors déployé et les portraits de Messaoud, Khaled et les autres brandis. Les policiers, en position autour du palais de justice, ne sont pas intervenus. Ils ont, néanmoins, bloqué fermement ses accès dès que la procession s'en est allée rejoindre la marche des étudiants.
Des avocats, voulant probablement affaiblir l'impact psychologique du verdict sur les familles, ont assuré qu'ils introduiront un pourvoi en cassation. La procédure durera au moins quarante-cinq jours. Le groupe de manifestants incarcérés aura, entre-temps, purgé sa peine (sortie de prison le 21 décembre prochain). "Nous nous battrons pour que le verdict soit annulé par la cour d'Alger, même si le jour du procès ils seront déjà libres", a promis Me Seddik Mouhous.
Souhila Hammadi


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