Algérie

Le JT, un soporifique conte de fée



En ce vendredi du 28 janvier, pendant que toutes les chaînes satellitaires occidentales et Al Djazira transmettaient en live la révolte des bords du Nil, notre vénérable télévision a été, dans son journal de 20 H, d'une cynique paranoïa prenant le téléspectateur pour déficient mental. L'on nous dira que ce n'est pas nouveau dans les arcanes du Boulevard des …( il vaut mieux, par respect pour leur sacrifice, taire la dénomination de ceux qui se sont élevés contre le déni). Dans cette parodie informative, la présentatrice, cachait mal son malaise, et c'est le moins que l'on puisse espérer d'une journaliste professionnelle qui doit suivre, comme tout citoyen arabe, les soubresauts existentiels de ses propres congénères.

 A part l'information vite expédiée sur le nouveau gouvernement libanais de Najib Mikati au milieu du journal, le téléspectateur, en attente d'une nouvelle concernant directement le devenir immédiat du pays, est une fois encore ravalé au rang d'esprit immature. Quant à ce qui se passe au pied des Pyramides, motus et bouche cousue, comme si les frères de «la Mère de l'univers» s'étaient privés de casser du sucre sur le dos des Algériens et dans toutes les phases de leur histoire pour se croire astreint à une quelconque réserve.

Au summum de cette déferlante des masses arabes sans précédent, terminologie, longtemps, galvaudée par des régimes dits révolutionnaires et outrageusement spoliée par des flonflons de sérail, la vénérable lucarne, glisse sur l'événement avec une indécence à la limite du mépris. A croire que le téléspectateur algérien, placé dans une bulle aseptisée, risque la contamination si de pareilles informations lui sont livrées. On aura droit à une brève élégie sur Laghouat que, Moufdi Zakaria en transe lyrique, lui aurait dédiée. On nous parlera de l'enracinement du palmier dans la mémoire collective, et sans transition, la vallée du M'Zab se déroule sous nos yeux comme un sempiternel poncif. Un historien local nous apprend même que la cité ibadite est dirigée par «El Achira»( clan).Au nombre de neuf(9), représentés chacun au conseil de «El Azaba» (conseil des sages), ils régentent la vie communautaire. Après ce que l'on croyait être une simple digression, on passe à l'art de l'enluminure arabo-andalouse dans laquelle excellent des jeunes artisans soutenus par le crédit ANSEJ. Ces jeunes veinards ont, tout de même, la chance d'être au cÅ“ur de l'événement historique que va abriter cette année, la capitale des Zianide.

Ouvert par la reconstitution des stocks d'orges pour les éleveurs, le journal, habituellement long, se termine par le concert de Hamidou au «Mouggar» et le premier salon de l'artisanat traditionnel de Batna qui se déroule à la maison de la culture. Fermée il n'y a pas si longtemps aux créateurs dit-on, elle s'ouvre aujourd'hui à la poterie et autres broutilles domestiques, cardache (carde) et guerba (outre en peau de chèvre) bien mis en évidence. Ainsi s'achevait le 20 heures du vendredi 28 janvier de l'an de grâce 2011. Dans une triste tentative de sauver la face, le journal de la mi- journée du 30 janvier de Canal Algérie, montre enfin, la rue «assoupie» du Caire sous l'Å“il vigilant de blindés, contextuellement, anachroniques.

 Jusqu'où ira notre duplicité face aux graves dérives que chacun de nous peut constater dans son environnement quotidien? Un wali qui fait une parodie de choix de terrain pour une virtuelle structure universitaire en mystifiant son monde, à la veille de son transfert vers une autre wilaya. Un ministre qui promet de résoudre un problème et qui l'oublie faisant fi de toute éthique, même pas politique, mais simplement humaine de la parole donnée. Un journaliste qui ne croit pas à ce qu'il débite effrontément sous l'Å“il goguenard de son chef de rubrique rédactionnelle qui l'envoie au charbon et sans état d'âme.

Un recteur d'université qui reconnaît implicitement les préjudices causés par son prédécesseur en les amendant, comme si ce dernier «gouvernait» en solitaire. La cerise sur le gâteau est, certainement, cette surprenante confidence qu'aurait faite, un membre du gouvernement, à la veille supposée de son départ. Tout en faisant ses «cartons», il se laisse aller à un quotidien francographe à grand tirage pour dire, sans ambages, que : «l'instruction qu'il reçoit du Premier ministre peut être remise en cause par un conseiller de la Présidence… qu'en conseil du gouvernement, certains de ses collègues ne se parlent plus… Certains directeurs, présumés être sous sa tutelle , échapperaient totalement à son autorité… et qu'il est parfois informé de la vie de son département par la presse comme n'importe quel quidam…». Que peut inspirer cette longue tirade ? Elle ne peut, en aucun cas, inspirer de la compassion, encore moins du respect. Fallait-il attendre le jour du départ pour se fondre en confidences pleurnichardes ou fallait-il se retirer dignement, même avec fracas, comme d'autres l'ont fait avant lui et qui n'en sont pas morts.

Maintenant que les émeutes se sont, momentanément, tues, de surprenantes déclarations ministérielles viennent déchirer le silence désespérant observé jusqu'à l'heure. C'est ainsi que l'on apprend que Algérie Télécom et Algérie Poste vont confirmer à leur poste de travail près de 12.000 «harraga» du pré emploi. Le département de la Santé, a, enfin, trouvé la ressource financière pour payer leurs arriérés de salaire, à des milliers de nouvelles recrues non rémunérées depuis treize mois. Le département de l'Energie et des Mines, avance la possibilité du secteur d'ouvrir 200.000 postes d'emploi. Renchérissant sur les déclarations de ses collègues, celui du Tourisme annonce plus de 300.000 emplois dans le secteur à l'horizon 2014. En se découvrant des vertus soudaines de communication, les acteurs de la vie politique et administrative semblent dire, à travers leurs interventions, que les jeunes désÅ“uvrés n'auraient jamais du s'impatienter pour leur avenir, puisque qu'ils y travaillent. Pour consacrer les canaux de communication avec le public, deux wilayas, viennent à peine d'inaugurer des sites web en «avant première» dit-on.

Dans sa déclaration à la Chaine 3, l'un des deux walis, a eu la condescendance de prévenir la population qu'il traitera lui-même, les doléances transmises par courrier électronique. On se demande comment les cellules de communication faisaient-elle pour rester à l'écoute des administrés ? La politique du développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) à laquelle un département est consacré, n'a-telle pas encore brisé «l'isolationnisme» bureaucratique des citadelles administratives ? Si l'utilisation du réseau «Internet» est de la seule initiative individuelle, le réseau «Intranet», par contre, doit être imposé comme une obligation institutionnelle non négociable. L'opacité dans laquelle fut, durablement, confinée la chose publique doit être supplantée par de la visibilité élevée au rang de vertu cardinale, sans cela, l'exclusion abusive en fera, si ce n'est déjà fait, une propriété privée ou un bien «Arch». Quel serait le motif opposable au refus de recevoir en audience son électeur ou son administré ?

S'il est établi que l'élu local ne peut à lui seul octroyer le logement et le travail, il peut largement participer à l'intercession auprès des secteurs en charge de ces épineux dossiers. Mais faut-il aussi, qu'il expurge sa fonction de toute teinte népotique ou clanique et qu'il ne se range pas, ostentoirement, du côté de l'Administration, car ce n'est pas le mandat de ceux là mêmes qui l'ont élu. Le mythe du décideur infaillible, longtemps, colporté par les journaux télévisés a fondu, comme neige au soleil, sous les coups de boutoir de la malvie. Aux dernières nouvelles, le premier Ministère aurait instruit les opérateurs nationaux pour lever le pied en matière d'investissements. S'est-on, enfin, rendu compte que tout n'est pas infrastructures et équipements? La problématique résiderait, probablement, dans l'appartenance citoyenne que seuls, le revenu ou l'emploi peuvent promouvoir. Dès lors, les idéologies partisanes des uns et des autres, n'auront que leur propre parterre pour sévir.








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