L’introduction du berbère dans les moyens de communication
modernes, notamment la presse écrite et la télévision, a toujours été
l’une des principales revendications du mouvement culturel berbère en
Algérie. Si, sous d’autres cieux, on reproche aux mass-média de
dégrader la langue, ici, on met en eux l’espoir de la maintenir et
surtout de la développer, en l’ouvrant sur le monde moderne. On
reconnaît aujourd’hui le rôle de la radio kabyle dans le combat de la
préservation de la langue et son renouvellement ; la télévision, qui a
une audience plus large, peut être un moyen non seulement de
diffusion des néologismes mais aussi, en l’absence d’instances
officielles d’aménagement linguistique, de leur légitimation. Il est vrai
que la télévision ne peut être un instrument de développement
linguistique que si les pouvoirs publics qui en détiennent le monopole
en Algérie le décident. On se souvient, dans la période précédant
1980, des tentatives de déstabilisation du kabyle par l’injection, au
moyen de la radio, d’emprunts arabes massifs qui investirent tous les
domaines de la langue, y compris ceux où il existait des
nomenclatures berbères. C’est pourquoi l’annonce, en 1991, d’un
bulletin télévisé en berbère, annexé au journal de 13 heures, éveilla la
méfiance des milieux berbéristes. En fait, les présentateurs jouirent
dès le début d’une certaine autonomie pour écrire leurs textes.
Le flash télévisé, diffusé dans deux dialectes, le kabyle et le
chaouia, est devenu à partir de 1995, un journal télévisé indépendant.
Il est actuellement diffusé en kabyle, un autre en chaouia, un troisième
en mozabite. Le choix de ces dialectes s’expliquerait, selon des
responsables, par leur importance numérique. En réalité, même si le
recensement de 1998 prend en compte les langues parlées en Algérie,
on ignore toujours le nombre de berbérophones algériens et leur
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répartition dialectale. En 1989, S.Chaker estimait ce nombre à un
minimum de 4,5 millions de personnes dont plus de deux tiers de
Kabyles, de 500.000 à 1 million de chaouias et autour de 100.000
Mozabites. Comme on le voit, la fréquence de passage à l’antenne est
loin de refléter l’importance des dialectes.
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Posté Le : 17/03/2024
Posté par : einstein
Ecrit par : - Haddadou Mohand Akli
Source : Iles d Imesli Volume 2, Numéro 1, Pages 131-142 2010-12-31