Algérie

« Le journal de Mouloud Feraoun a été expurgé »


« Le journal de Mouloud Feraoun a été expurgé »
L'écrivain reste le témoin de son époque car il transcrit les malheurs et les espoirs de son peuple. A travers des personnages et des situations, il fait revivre les affres, les souffrances, le combat et l'espoir de ses semblables. Mouloud Feraoun, en écrivant « La terre et le sang » et « Le fils du pauvre », a immortalisé les épreuves vécues par les siens. Il a affirmé aussi leur volonté de ne pas abdiquer devant le colonisateur. Lors d'une conférence débat organisée lundi dernier à la bibliothèque multimédia d'Alger, les ?uvres de Mouloud Feraoun ont été revisitées. La rencontre, qui a attiré une quarantaine de personnes dans la petite salle, s'inscrivait dans les programmes de l'établissement Arts et culture, qui a élaboré, pour la célébration du soixantième anniversaire du déclenchement de la révolution de novembre, un riche programme. Elle a été l'occasion de rappeler les combats de cette figure connue des lettres algériennes. Mouloud Feraoun était, certes, écrivain, mais le martyr assassiné par l'OAS le 15 mars 1962 n'était pas indifférent au sort de son peuple. Le président de la Fondation Mouloud Feraoun, et néanmoins fils de l'écrivain martyr, Ali Feraoun, a présenté, à travers des lettres écrites par son père à ses amis et la copie originale de son journal, Mouloud Feraoun. Il l'a fait revivre en donnant un aperçu sur son intégrité, sa probité, son combat à améliorer son vécu et celui de ses compatriotes. Il s'est attardé sur les vertus que celui qui a fréquenté l'Ecole normale de Bouzaréah et rêvait de devenir enseignant accordait à celle-ci. « Mouloud Feraoun fut aussi un martyr car il a fait face au colonisateur et n'a nullement été attiré par une quelconque promotion sociale » a-t-il affirmé. Il a rappelé, à ce sujet, que « Mouloud Feraoun a été convoqué au Quai d'Orsay par le général De Gaulle pour lui proposer le poste d'attaché culturel aux USA ». « Il a refusé cette faveur à cause des malheurs des siens » a-t-il affirmé. Pour Ali Feraoun, « la révolution algérienne est une grande révolution pour l'humanité. Elle a libéré le continent africain et a été portée par de jeunes combattants. Il faut être fier de ce pays et initier les jeunes à l'aimer et l'apprécier à sa juste valeur » a-t-il clamé.Fouroulou en japonaisEvoquant les écrits de Mouloud Feraoun, le président de la Fondation a rappelé « que ses écrits restent d'actualité et sont toujours lus ». Selon lui, « une étude réalisée en 2013 a démontré que Feraoun reste un écrivain lu par toutes les générations car ce pédagogue, cet enseignant, a su comment communiquer ». L'intérêt porté à Mouloud Feraoun a même dépassé les frontières. Ainsi, « Le fils du pauvre » sera édité, prochainement, en bande dessinée. Il a été publié au Etats-Unis d'Amérique (USA) en 2005 et le sera bientôt au Japon. Un coffret en trois langues (arabe, français et tamazight) qui regroupe toutes ses ?uvres, est en voie de publication en Algérie. « Ce sont des repères importants » pour Ali Feraoun. Ce dernier a livré un témoignage important sur l'engagement de son père dans la Révolution. « Mouloud Feraoun a participé à la Révolution. Il était en contact avec Si Nasser, le responsable de la wilaya III. La Commission du ministère des Moudjahidine l'a classé en tant que membre de l'ALN » a-t-il souligné. Revenant aux écrits de Mouloud Feraoun, le président de la Fondation affirme qu'ils sont inspirés du vécu de Feraoun et du peuple algérien. « Feraoun a vécu son enfance pieds nus. Il n'a pas oublié la misère de sa communauté. Son père est parti à pied, travailler dans les fermes de Boufarik avant d'aller jusqu'en Tunisie dans les mines de Gafsa. « Ce sacrifice l'a mené à étudier et retourner au bled pour aider les populations » a expliqué le conférencier. Outre les romans largement connus, Mouloud Feraoun avait tenu, entre 1955-1962, un journal « Le contraire de l'amour ». Il y notait ses impressions, ses peurs et sa colère pour ce qui se passait dans son pays. « L'édition, parue en 1962 chez le Seuil et préfacée par son ami Emmanuel Roblès, a été expurgée de plusieurs passages » a-t-il précisé. A l'en croire, « ce sont surtout ceux qui font référence à la cruauté du colonialisme ».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)