Il y a 64 ans, presque jour pour jour, de nombreux militants de la Fédération du FLN en France étaient conduits, menottés, devant le juge d'instruction après une garde à vue de trois jours dans les geôles de la DST française où ils avaient été soumis à un interrogatoire très serré, ponctué de douloureuses séances de torture. Trois jours auparavant, un mercredi 8 janvier 1958, ils avaient été arrêtés dans le cadre d'une vaste opération des services de renseignement intérieur. Parmi ces militants se trouvait Mohamed Ghafir, Alias Moh Clichy, responsable régional de la Fédération du FLN pour la banlieue Nord de Paris. Dans son livre retraçant l'Histoire du mouvement national, Moh Clichy revient sur son arrestation à travers les articles de presse de l'époque. Ainsi, le grand quotidien de droite, Le Figaro a titré: «Trente militants FLN arrêtés, parmi eux le responsable de l'organisation pour la banlieue Nord de Paris». Dans l'article consacré à l'opération de la DST, le journal rapporte que «Parmi les douze musulmans algériens arrêtés à Paris et en banlieue se trouvent plusieurs membres influents du F.L.N. L'un d'eux, Mohamed Gafir».À l'époque, âgé de 24 ans, Le Figaro lui en a donné 28. Il était certainement difficile au rédacteur de l'article d'admettre qu'on pouvait être responsable régional d'une organisation révolutionnaire et aussi jeune. Qualifié de «véritable fonctionnaire du F.L.N», Moh Clichy était dépeint comme étant «propriétaire d'une voiture achetée avec des fonds provenant en fait des quêtes». Le même journal souligne également qu'«à son domicile, dont l'adresse n'est pas précisée, les policiers ont découvert un pistolet 7 mm 65 armé». Et le journal d'ajouter: «Des perquisitions ont permis de récupérer une somme de 700 000 francs et la comptabilité des collectes de membres du réseau portant sur plus de dix millions de francs. [... ]»On retiendra dans la biographie du grand militant sa date et lieu de naissance, à savoir qu'il est né en 1934 en Petite Kabylie. Il a refusé de passer le service militaire dans l'armée française. En fuite à Paris, Mohamed Ghafir adhère, en septembre 1955 à la Fédération du FLN en France. Il y gravit les échelons de responsabilité jusqu'à être un responsable important de la région Nord du département de la Seine. C'est à ce titre qu'il est arrêté par la DST. Il connaîtra les prisons de Fresnes, de la Santé, de Châlons-sur-Marne ainsi que le camp de rétention du Larzac. Il participera à de nombreuses grèves de la faim pour le statut de prisonniers politiques.
Il sera libéré en février 1961 et rejoindra clandestinement Paris, où il reprendra la lutte dans la zone Sud de la capitale. Il est l'un des organisateurs de la manifestation du 17 Octobre 1961, ponctuée par un pogrome meurtrier effectué par la police française.
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Posté Le : 11/01/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com