«On ne sait
jamais quel jour sera le plus grand jour de notre vie. On le sait seulement le
jour où il arrive, souvent bien après son avènement.»
En fait, nous
passons notre vie à appréhender l'avenir, à prédire l'avenir, comme si le fait
de le connaître à l'avance pouvait amortir le choc. Nous passons notre vie à
préparer et anticiper un avenir incertain, oubliant en cours de route de vivre
l'instant présent, relégué au passé. Nous oublions que des pauses sont
nécessaires pour entrevoir le présent et contempler les acquis, les moments de
joies, afin de surmonter les douleurs et les appréhensions, justifiées ou pas,
d'un avenir déjà écrit. Les Bouddhistes ont une réflexion d'une sagesse
redoutable : «Si un problème a une solution, alors il ne sert à rien de
s'inquiéter. Si un problème n'a pas de solution, alors il ne sert à rien de
s'inquiéter». Toute la philosophie zen est là.
Le politique algérien dans son sens noble est
soit politiquement optimisé afin d'absorber une réprobation généralisée, soit
réduit à une fatalité divine lorsque les mots pour convaincre une population
pourtant de plus en plus mature, manquent ou ne sont pas trouvés.
En aucun cas il est fait appel à un dialogue
interactif, constructif, mature, entraînant un débat à même de programmer à lui
seul une vision de masse, meilleure solution d'une démarche concertée et donc
convaincante.
Quel est l'avenir de l'Algérie de nos enfants
!
Est-il déjà
programmé ou attend-on des décisions et orientations d'un quelconque leader
d'opinion (national ou étranger, à ce niveau de la réflexion on s'en fout).
Cet avenir
obéit-il à des impératifs stratégiques, sécuritaires, ou rentiers devant
permettre à une certaine classe de continuer à vivre au dessus de la populace.
Et si tel était
le cas, quelles seraient les chances de survie d'une telle caste devant
l'effritement d'une vision et opinion nationale, populaire, à même de protéger
cette caste en cas de mise en danger de leur royaume. Qu'advient-il d'un maître
de maison lorsque tous les hôtes sont unanimes pour dire qu'ils ne le
connaissent pas, voire ne comprennent plus le langage qu'il utilise pour
communiquer ne serait-ce que ses doléances.
L'Algérie d'aujourd'hui accorde des salaires
extravagants à des députés décriés par la population pour des raisons multiples
et propose des circulaires abrogeant des décrets présidentiels pour refuser une
rétroactivité de régime indemnitaire pas encore perçue, bien après le paiement
des salaires mirobolants d'une classe élue pour nous représenter dans nos
douleurs et dans nos joies, et pourtant si lointaine de nos aspirations...
Certes, le combat syndical, et des gens biens
ont permis de faire appliquer une loi pourtant protégée par des textes, en
revenant à un ordre juridique pourtant clair (une circulaire ministérielle
n'abroge pas un décret présidentiel ! Jamais !); mais ceci, même grave, n'est
pas plus important que le fait de trahir une volonté de survivre d'un peuple au
nom de réflexions économistes de moins en moins convaincantes car de moins en
moins communiquées, expliquées.
Personne n'a pensé à répondre au «Pourquoi».
Le peuple est-il un enfant auquel on enlève
son jouet pour le lui rendre ? Quant bien même ce serait le cas, ne
considère-t-on pas que le meilleur moyen de briser l'éducation de nos enfants
est de les punir sans raison et de se faire pardonner sans raison ?
Quelle est la morale d'une politique qui
remet au calendres grecques un régime indemnitaire pouvant facilement permettre
à un million et demi de fonctionnaires non pas de vivre mais de revenir à la
vie, sans compter toute la masse familiale dont ils ont la charge, femmes et
enfants inclus ? Quel est le message politique de tels comportements ?
Quelqu'un s'intéresse-t-il seulement à ces questions pourtant plus
philosophiques qu'existentielles...
S'agit-il d'une tentative de pousser à
l'insurrection ?
S'agit-il d'un
teste populaire pour vérifier le degré de soumission des fils de chouhada après
un demi siècle d'indépendance ?
S'agit-il d'incompétence ?
Quelle que soit la réponse qui pourra un jour
être donnée, parce qu'un jour, TOUS devront rendre des comptes, elle ne peut
que faire peur...
Dernièrement une dame symbole de notre guerre
d'indépendance, des anciens, a crié toute sa douleur. Son incompréhension. son
message est clair. Une gifle. J'ai adoré le bruit sourd de l'acte. C'était donc
cela les moudjahidine d'hier ! Fiers à tuer leur adversaires rien que par le
verbe ! J'ai aimé la force d'une ancienne.
Y aura-il seulement une réponse un jour à
tous ces cris...
Jusque là, aidons nos enfants à grandir, à
vivre et profitons de ce que nous avons pu préserver, dans la joie d'un présent
bien plus certain que tous le reste de notre vie. Et préparons nous à ce que
demain soit le premier jour du reste d'une vie déjà écrite. Elle inclut déjà
tous les sacrifices qui nous ont été choisis par les autres...
Un jour, nos enfants décideront alors de
choisir leurs sacrifices eux-mêmes, afin de ne plus subir, et de prendre en
main leur destiné à l'image des anciens...
Ce jour là, ils écrirons les textes de loi
qui régiront leur Algérie, la défendront d'en haut pour qu'en bas leurs frères
puissent enfin vivre le rêve des anciens, non pas dans la peur de lendemains
hasardeux gérés au gré des caprices des Dieux, mais au contraire dans la
sérénité d'un avenir programmé, auquel ils participeront, au point d'en
partager les joies au même titre que les douleurs, au point de défendre leur
Algérie au prix d'un sang asséché il y a trop longtemps...
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Posté Le : 31/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sid Ahmed Benlazaar
Source : www.lequotidien-oran.com