Algérie

Le jour d'après...



L'Algérie n'a pas encore tourné la page des derniers incendies. Outre le drame des décès, la catastrophe écologique constatée, l'importance des dégâts qu'il va falloir évaluer, le pays s'engage dans un processus urgent d'indemnisation des victimes, de reforestation... bref, de réparation des dégâts causés par le feu. Il n'est donc pas question de refermer le dossier et passer à autre chose. Les attentes des citoyens touchés par le sinistre sont grandes. Obligation est faite pour les autorités locales et centrales d'être présentes à toutes les étapes de la reconstruction. Cette phase est aussi importante que la bataille menée contre les incendies. En effet, si les citoyens ont répondu présents à l'appel de la solidarité et ont convoyé des dizaines de tonnes d'aides aux zones sinistrées, l'Etat, à travers ses démembrements, doit prendre le relais avec un maximum d'efficacité pour n'avoir pas à gérer ensuite des situations conflictuelles. Il faut dire, à ce propos que l'Algérie dispose d'un capital expérience très intéressant.Lors des incendies de Kabylie et pendant les confinements subits par la ville de Blida, le tandem population-Etat a parfaitement fonctionné. Une parfaite cohésion a soulagé les pouvoirs publics des actions dans l'urgence, ce qui leur a permis d'envisager la suite des opérations avec sérénité. Mais il faut dire que dans un cas comme dans l'autre, les autorités centrales au niveau de la présidence de la République ont veillé à ce qu'aucune défaillance ne soit enregistré. Ainsi, l'indemnisation des familles, des artisans et des agriculteurs touchés par les incendies en Kabylie ont été dédommagés en un temps record. Il s'agit de reproduire le même «exploit» cette année, sachant que la première phase, celle de l'urgence et de la solidarité agissante, a très bien fonctionné. Le Premier ministre a annoncé le début des indemnisations dès la semaine prochaine. C'est là une décision salvatrice pour les nombreuses familles qui ont tout perdu. Mais le dire ne suffit pas, encore faut-il contrôler au plus près des agents de l'Etat pour s'assurer de la bonne transmission des instructions. Il ne faudra pas laisser certaines situations bureaucratiques perdurer. C'est d'ailleurs le succès de l'opération indemnisation de l'année dernière. Sitôt posé, tout problème ou entrave est systématiquement réglé, dans la journée. Le Premier ministre s'y est engagé et il n'y a pas de raison que le processus s'enraye.
Cela est, disons-le, le côté rassurant des interventions attendus de l'Etat et de la société. Cette dernière a accompli sa mission, et il n'y a pas de raison que les pouvoirs publics ne fassent pas de même pour ce qui le concerne. Il reste, cependant quelques taches au tableau. Le manque de prévention en est un. Force est de constater en effet, que l'une des principales leçons du drame de Kabylie de l'année dernière n'a pas été retenue. Enregistrer un nombre important de décès, deux années de suite, revient à dire que les responsables chargés de gérer pareilles catastrophes ne se sont pas posé la bonne question, à savoir comment protéger les hommes et les femmes.
Il y a eu incontestablement défaillance dans la gestion de ces incendies au sens où l'on a oublié de prévenir les citoyens, dont 43 ont été surpris par les flammes. La tare du système anti-incendie mis en place n'est pas dans son pendant opérationnel, puisque des dizaines de feux ont été maîtrisés en 48 heures au plus. C'est, diront les professionnels de la lutte contre les feux, une prouesse remarquable.
Les éléments de la Protection civile ont fait montre d'une grande efficacité et ont su éviter à la région un embrasement total. Ils ont, en cela, retenu la leçon des incendies de Kabylie qui ont ravagé plusieurs dizaines de milliers d'hectares. Mais encore une fois, les concepteurs de la stratégie ont omis un facteur primordial, celui de prévenir à temps, les populations à risque. Il faut dire qu'après les décès enregistrés, il y a eu à El Kala des actions d'éloignement préventif de nombreuses personnes, jeudi dernier. On peut donc supposer que la protection des vies humaines soit entrée comme une priorité dans les actions de lutte contre les incendies. Pareils sinistres, il y en aura forcément les années à venir et on espère que l'on ne fera pas la même comparabilité macabre que celles des étés 2021 et 2022.Il y a enfin une autre action qui devra intéresser l'administration et la société civile. Il s'agit du reboisement des surfaces détruites par le feu. Des actions de volontariat à l'image de ce qui se faisait pendant les années 70-80 peuvent constituer la solution idoine pour la reforestation et la sensibilisation des générations montantes. De même pour la sauvegarde du fragile équilibre écologique.


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