L'Aïd sera fêté, ce samedi, par des millions d'Algériens qui auront ainsi à accomplir un devoir à la fois religieux et social. Des milliers de bêtes seront sacrifiées, mais cette fête ne se réduit pas à ce rite immémorial que beaucoup peinent mais tiennent à honorer. Au-delà de l'aspect strictement religieux qui charge la journée d'une symbolique forte, c'est surtout une communion qui sera partagée avec des milliers d'autres hommes à travers le monde. Au-delà des races, des ethnies, ce jour, même fêté différemment, rassemble les êtres à une époque où la solitude et l'égoïsme distendent les liens entre les individus et les peuples. C'est l'un des messages de l'Islam à rappeler en ces moments troubles où, au nom de calculs et d'idéologies mortifères, on tente de souiller et de pervertir de l'Islam. L'Aïd est également, ici et ailleurs, un événement à forte portée sociale. Ce sont des moments de retrouvailles qui scellent l'amitié, fortifient le pardon et la compassion et chassent des c?urs et des esprits les démons de la ranc?ur et de la discorde. L'Aïd demeure une des occasions où les préceptes comme la solidarité et la fraternité, prônées par la religion musulmane, trouvent leur entière et pleine expression. Ils cessent d'être de simples incantations et se traduisent en gestes et actes concrets à travers l'attention portée à son prochain, à ceux qui sont dans la fragilité et la précarité. La religion n'est nullement le souffle de la créature accablée comme le proclama un célèbre penseur. Elle se révèle aussi et surtout un soutien aux hommes qui souffrent, une invitation au partage. N'a-t-on pas toujours proclamé la fin de la misère et l'égalité sans jamais y parvenir ' L'Aïd conserve son utilité et, par de petits gestes, retisse ce lien social mis à mal par l'égoïsme décrié par tous les esprits éclairés qui louent le sens de la communauté. Si elle étouffe parfois, elle protège et récuse l'homme par son seul instinct de possession. Dostoïevski avait bien raison d'écrire, dans un passage des Frères Karamazov, à propos de celui qui s'isole et s'écarte des autres : « Il ignore l'insensé, que plus il amasse plus il s'enlise dans une impuissance fatale. » Les Algériens vont, certes, pendant un long week-end, festoyer, se retrouver et avoir une pensée émue pour les disparus et les absents. L'Aïd présente aussi un visage moins avenant dans nos villes qui deviennent mortes, sans souffle de vie. A chaque fois, on redoute le manque de produits de base même si, depuis deux ans, on sent une légère amélioration. La crainte de ne pas trouver du pain, du lait, de bus pour pouvoir se déplacer altère la joie de cette journée. L'Aïd reste l'Aïd malgré tout. Personne, en cette journée, ne peut se mettre en marge et tourner le dos aux autres.
Posté Le : 01/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H R
Source : www.horizons-dz.com