Algérie

Le jeûne et le concept de la naturopathie



Le jeûne n’étant qu’une, mais essentielle, méthode de tout l’arsenal des techniques utilisé par la naturopathie, il nous semble opportun d’éclaircir un tant soit peu ce concept.
Il nous a été donné lors de son apprentissage de définir la naturopathie comme étant avant tout une médecine douce et que son approche de l’homme est holistique : elle l’observe dans sa globalité, prend en compte son environnement et s’efforce par des moyens naturels de sauvegarder la santé et/ou de la rétablir en s’attaquant non aux symptômes mais aux causes profondes du dysfonctionnement physiologique du corps humain. Son rôle est donc double, à savoir éducatif et curatif. L’exercice légal de la naturopathie est effectif dans certains pays (Canada par exemple), et toléré dans d’autres (en Europe). Dans ce dernier cas, tout porte à croire que la législation est appelée à évoluer, dans un proche avenir, dans le sens souhaité par la profession. A l’université de Paris 13, il existe un département qui délivre des diplômes universitaires en naturothérapie. Ce terme est spécifique à la France, puisque le concept allie l’allopathie (médecine classique) à la médecine naturelle. En d’autres termes, pour l’enseignement et la pratique de cette dernière, seuls sont admis des médecins, des vétérinaires, des infirmiers, des sages-femmes ou d’autres professions en rapport avec les sciences biologiques. Dans les autres pays francophones, les deux concepts font un et beaucoup d’écoles dispensent les cours de médecine naturelle. Concernant notre pays, il nous semble que l’institution universitaire est en mesure de former des praticiens naturopathes en cherchant un compromis entre ce qui se passe ailleurs et la réalité nationale. Il convient de préciser que la naturopathie telle qu’enseignée dans les différents établissements privés ou publics étrangers est fondée sur un programme d’enseignement étoffé, incluant l’anatomie, la physiologie, la nutrition, la diététique, la qualité et la conservation des aliments, etc. Et puis les pionniers de cette discipline sont bien des médecins (certains se sont carrément détournés de la pratique allopathique) ou des biologistes de renom tels Ménétrier (concepteur des diathèses), Sehelton (hygiéniste américain, auteur d’un excellent livre sur le jeûne), Hahnemann (père de l’homéopathie), etc. Notons que la naturopathie exploite plusieurs voies pour élucider les lois de la nature qui garantissent l’harmonie du corps, les traditions médicales des peuples, les enquêtes épidémiologiques, etc. Et puis la naturopathie n’aurait peut-être jamais vu le jour s’il n’y avait ce que l’on appelle communément les maladies de la civilisation ou, pire encore, les maladies iatrogènes (provoquées par les médicaments). Le pouvoir protecteur des plantes (grâce aux substances antioxydantes qu’elles contiennent) fait actuellement l’objet de travaux scientifiques d’importance capitale. Aussi ne suffit-il pas de les répertorier, encore faut-il les conseiller à bon escient aux gens. Qui donc peut le faire, hormis un praticien spécialisé ? La naturopathie accorde un intérêt particulier à l’alimentation qui est considérée comme un des facteurs essentiels de la sauvegarde ou du rétablissement de la santé. Deux niveaux extrêmes caractérisent de ce point de vue l’état des sociétés actuelles suralimentation et sous-alimentation. La raison et la naturopathie militent pour une alimentation sobre. Plus, elle considère que la frugalité (mais non la famine) est synonyme de longévité. Nous retrouvons en Islam cette inclination à la sobriété dans toute chose et en particulier dans l’acte de s’alimenter. Nous citons un hadith du prophète (QSSSL) qui, traduit, donne à peu près cela : « nous sommes une nation qui ne mange que lorsqu’elle a faim, et lorsqu’elle mange ce n’est pas à satiété. » Dans un autre hadith, il est dit : « jeûnez et vous serez en bonne santé. » Pour revenir au jeûne, et même si sa pratique ou plutôt sa conception peut paraître différente selon la conviction de chacun, il reste que son impact sur le bien-être général est le même. Fondamentalement, il entraîne chez le jeûne le processus biologique d’autolyse (autodésintégration des tissus et des toxines au niveau cellulaire). Mais il s’agit d’une autolyse contrôlée c’est-à-dire sélective. C’est ainsi que sont prioritairement digérés les organes superflus comme les excroissances et autres toxines endogènes et exogènes. Il s’agit là d’une manifestation de lois thermodynamiques régissant les équilibres chimiques : dès l’entame du jeûne, l’équilibre de tout le système métabolique se rompt, de sorte que le corps tentera de le rétablir en favorisant les phénomènes de décomposition des tissus de moindre importance. D’où l’intérêt du jeûneur à bien prendre conscience de cette véritable cure d’autonettoyage et de régénération tissulaire pendant le Ramadhan. Evidemment, le caractère festif, dont on a tendance à revêtir le mois sacré, fait perdre au jeûneur tout ce bénéfice. En plus qu’il s’adresse à l’esprit, le jeûne musulman peut donc s’avérer une cure très utile pour qui veut se détoxiquer.

L’auteur est Maître de conférences, université de Boumerdès




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