Algérie

Le jeu trouble des agences de notation



Le texte propose notamment qu’elles soient tenues «de soumettre leur méthodologie à l’autorité européenne des marchés, qu’elles publient l’intégralité des rapports qui les mènent à attribuer telle ou telle note à un Etat et qu’elles en avertissent l’Etat concerné 24 heures  avant la publication de la note», a révélé le journal Les Echos. Le texte a déjà provoqué des grincements de dents du côté des agences. Le patron de Moody’s, Michel Madelain, dit craindre «que ces mesures ne portent atteinte à la qualité et l’indépendance des notations et renforcent encore la volatilité des marchés». Il s’oppose notamment à «l’obligation pour les entreprises qui émettent des produits financiers de changer d’agence tous les trois ans». Ce n’est pas la première fois que ces agences soient mises en cause. Lors de la crise des subrpimes en 2008, la Commission européenne leur avait déjà reproché «d’avoir réagi tardivement aux problèmes sur le marché du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, en ne révisant leurs notes que très tard, alors que plusieurs établissements spécialisés dans les crédits à risque aux Etats-Unis se trouvaient déjà en défaut de paiement». Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch, qui contrôlent 90% du secteur, n’ont pas vu venir l’effondrement du marché des crédits hypothécaires résidentiels, leur reprochait-on. «Avant la crise des subprimes, près de 50% du revenu des agences provenaient des produits structurés… Produits dont elles avaient, en amont, contribué par leurs conseils à la structuration», a expliqué dans le journal Le Monde, Patrick Jolivet, responsable de la recherche chez BMJ Ratings. Mais si le préjudice concernait à l’époque des actifs privés, il s’agit dans la crise que vit la zone euro, d’un problème autrement plus important puisqu’il concerne des actifs publics, à savoir les dettes souveraines des Etats.  Mais selon une déclaration de la présidente de Standard and Poor’s pour l’Europe, Carol Sirou à Libération  :«Ce ne sont pas les agences de notation qui créent les problèmes : les notes reflètent les difficultés structurelles d’un pays». Néanmoins, les représentants des autorités monétaires européennes semblent aujourd’hui vouloir minimiser l’influence des agences. Ainsi, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a annoncé il y a quelques semaines que l’institution qu’il dirige «continuerait à accepter des titres de dette portugaise dans ses échanges avec les banques du pays, malgré la dégradation de quatre crans de la note portugaise» par Moody’s. L’influence des agences de notation dérange d’autant plus aujourd’hui qu’elle a dépassé le simple cadre des marchés financiers. On leur prête en effet un pouvoir sur le plan politique également. Dans le Journal du dimanche du 13 novembre, Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers, affirmait après la démission des Premiers ministres grec et italien que ces organismes «ont fait pression sur le jeu démocratique» au vu du nombre de gouvernements qui ont «sauté à leur initiative pour cause de dette excessive». Par ailleurs, la fausse alerte par l’agence de notation Standard & Poors de la dégradation du triple A de la France est perçue comme une tentative de «déstabilisation» qui prouve qu’il y a «une bataille d’influence entre le dollar et l’euro», selon Jouyet. «Les Etats-Unis font tout pour défendre leur monnaie. Plus on se méfiera de la monnaie unique, plus les investisseurs des pays émergents et du Golfe s’en détourneront. La baisse de l’euro avive aussi la compétition entre banques», affirme-t-il.  Après la crise des subprimes, le président français suspectant le manque d’impartialité des agences de notations américaines avait plaidé pour que l’Europe ait ses propres agences d’évaluation afin de contrebalancer le poids des premières. Certains économistes estiment, quant à eux, qu’il y a nécessité à mettre en place des agences de notation publique. Le commissaire européen au marché intérieur a fait savoir la semaine dernière que cette dernière proposition n’était pas à l’ordre du jour.                  
 


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