Algérie

Le jeu, les chevaux, la vie



«La Société des courses hippiques et du pari mutuel vient de lancer un appel d'offres pour l'acquisition de carnets de souscriptions de jeux PMU», pouvait-on lire dans le Periscoop du Soir d'Algérie dans l'édition d'hier. Comme nous le rappelle opportunément et pertinemment le collègue qui a rédigé l'entrefilet dans sa conclusion commentaire, «le seul intérêt de cette information est que les courses hippiques existent encore». Les appels d'offres en tous genres n'étant donc pas ce qui manque puisqu'il y a même des publications spécialisées pour ça, l'intérêt est de découvrir, surpris mais surtout «rassurés» quelque part, qu'un petit pan de la vie soit encore? en vie. Alors qu'on le croyait mort de sa belle mort comme disparaissent l'un derrière l'autre tous les espaces qui font que l'existence ne soit pas une succession routinière de labeur et d'angoisses avant la mort, on apprend donc qu'il y a encore des courses de chevaux, qu'on peut parier et rêver et, si ça se trouve, même aller dans un hippodrome pour un moment de détente, de sensations fortes et de bonne adrénaline. Bien sûr, on peut déchanter aussi rapidement qu'on a été enthousiasmé par ce genre d'information. Les chevaux et le jeu étant aussi affaire? d'affaires, l'entreprise publique qui en a eu la gestion monopolistique n'ayant pas toujours été un exemple de rectitude et les annonces sans lendemain étant chose courante, il faudra peut-être que les passionnés en la matière comme les intéressés occasionnels calment leurs ardeurs. D'abord parce que ce n'est pas sûr que les courses de chevaux et les paris existent toujours. En tout cas, l'activité se fait tellement discrète qu'on imagine déjà le rachitisme de son déploiement. Ensuite parce que la volonté des professionnels en la matière ne suffit pas et c'est le moins qu'on puisse dire. Si les courses de chevaux ont quasiment disparu et les hippodromes sont à l'abandon, le mauvais management est loin de tout expliquer. Il se peut même qu'il n'explique pas grand-chose. Le rétrécissement désespérant du champ de la vie ne pouvait logiquement pas épargner un espace qui plus est, est frappé du sceau de l'interdiction religieuse. Pour la petite mais grande histoire, tous les cafés qui offraient le service des paris hippiques ont reçu la visite des vigiles islamistes, sous l'?il attendrissant de complicité de l'autorité publique. Tout comme les bureaux de tabac qui proposaient les billets du loto. Et on ne peut pas vraiment dire qu'ils y ont trouvé une farouche résistance ! L'armée des ténèbres n'allait donc pas se gêner : elle a l'argument que plus personne n'ose contester, elle a un Etat bailleur bienveillant de l'espace public et elle a un objectif alléchant : fermer une énième porte à la vie.S. L.


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