Algérie

«Le jazz a de l'audience en Algérie» Kheireddine Mekachiche. Violoniste



«Le jazz a de l'audience en Algérie»                                    Kheireddine Mekachiche. Violoniste
Au dernier Festival international du jazz de Constantine, Dimajazz 2012, le violoniste algérien, Kheireddine Mekachiche, a joué aux côtés du joueur de oûd et chanteur tunisien, Dhafer Youssef. Les deux artistes devaient, sans y parvenir, conclure un projet musical en Allemagne, le concert a eu lieu sans la présence du musicien algérien. «Kheireddine Mekachiche est un maître. Je l'adore musicalement et humainement. J'espère qu'il va aller loin et développer ses propres projets. Il a un grand futur, ça va venir», témoignera Dhafer Youssef. Kheireddine Mekachiche, ancien du groupe Madar, travaille actuellement sur le projet musical Siwan II avec plusieurs artistes en Norvège.
- Racontez-nous d'abord votre rencontre avec le célèbre joueur de oûd et chanteur tunisien Dhafer Youssef'

C'était à Los Angeles, aux Etats-Unis, il y a quatre ans. J'étais, à l'époque, en tournée avec le trompettiste, Jon Hassel, pour la promotion de son nouveau disque. Le contact a été facile. Dhafer est tunisien et moi algérien. Nous avons discuté de projets et avons partagé nos expériences. En 2011, Dhafer Youssef m'a contacté pour un projet musical commun en Allemagne. Je suis allé le voir en Tunisie pour travailler ensemble, avant de répéter en Italie avec un orchestre baroque et une chanteuse d'opéra. Une belle expérience. Malheureusement, je n'ai pas pu participer au concert en Allemagne, faute de visa. Je n'ai pas pu l'avoir à temps. Ce projet consistait en une fusion entre la musique baroque et les airs nord-africains et orientaux. Les arrangements ont été faits par Dhafer Youssef. Nous n'avons pas pu jouer ensemble. Dhafer a donc profité de son invitation au Dimajazz 2012 pour me proposer de monter avec lui sur scène. Une manière de se rattraper. Les organisateurs du Dimajazz m'ont également fait la proposition.

- Vous étiez en Norvège pour la relance du projet musical Siwan. Qu'en est-il exactement '

Effectivement. Ce projet musical est né en 2007. L'album est sorti en 2008. J'y participe depuis cette année. Nous avons fait des tournées. Seize musiciens de douze nationalités prennent part à Siwan. Pour le Siwan II, nous serons une douzaine de musiciens. La chanteuse palestinienne, Kamilya Jubran, a remplacé la Marocaine Amina Alaoui. Il y a aussi le percussionniste iranien, Pedram Khavar Zamini, le pianiste norvégien Jon Balke, son compatriote, le percussionniste Helge Norbakken' Nous jouons souvent avec les orchestres symphoniques des villes où nous nous retrouvons. Car, parfois, les musiciens ne sont pas tous disponibles. Le Siwan est à la base une musique baroque arrangée de façon jazz. Les textes chantés datent de l'époque andalouse. L'album Siwan a été primé en Allemagne pour tout le travail qui a été fait autour. Pour le Siwan II, nous avons déjà fait un premier concert en Norvège en attendant la tournée en Allemagne, en Italie et en Norvège.

- Le public algérien aura-t-il l'occasion de découvrir le projet Siwan '

Si ! nous avons prévu un concert en Algérie. Cela a été retardé pour plusieurs raisons, dont l'organisation de certaines festivités comme «Alger, capitale de la culture islamique». J'ai proposé à plusieurs reprises le projet et je n'ai pas encore eu de réponse. J'ai parlé du projet avec les responsables de l'Orchestre symphonique national. Pas de suite là aussi.

- Vous n'êtes plus dans le groupe Madar. Pourquoi '

Oui, je me suis retiré. J'ai passé quatre belles années avec le groupe. J'ai rencontré ici, à Constantine, les musiciens du groupe français Thôt avec lesquels nous avons fait les master class, qui ont abouti à la création de Madar en 2008. C'était émouvant. Je me rappelle de la sortie de l'album live de Madar en 2009, le premier du groupe. C'était merveilleux de constater qu'un éditeur algérien ait accepté de produire un album jazz algérien. Madar a fait une tournée, animé des concerts, participé au Festival culturel panafricain et a été invité à des émissions télévisées, programmé une semaine culturelle en Russie. Nous avons invité à nos concerts le percussionniste iranien, Pedram Khavar Zamini et le saxophonistre français Stephane Payen, leader de Thôt. Madar évolue toujours dans sa carrière. Un violoniste tunisien va rejoindre le groupe. Et c'est tant mieux.

- Vous avez été invité au 13e Festival culturel européen d'Alger (du 9 au 31 mai 2012) à participer au côté du groupe néerlandais Kepera Trio. Comment avez-vous trouvé l'expérience '

Le concert s'est très bien passé. L'ambassade des Pays-Bas m'avait contacté en 2011 pour que je puisse accompagner Kepera Trio, ici à Alger. J'ai écouté leur musique, une fusion entre le jazz et la musique orientale. Une création exceptionnelle. Cela m'a beaucoup plu. Le pianiste de Kepera vit au Caire. Il connaît parfaitement la musique orientale. J'ai donc joué avec eux. Une expérience intéressante pour moi. Kepera Trio devait venir en 2011, mais n'a pas pu le faire faute de visa algérien. Le projet a donc été reporté pour cette année. Après le concert d'Alger, j'ai eu des échos favorables (...). Le jazz a de l'audience en Algérie. Le public algérien est ouvert. Je l'ai toujours dit.

- Il y a aussi l'expérience que vous avez eue en Inde avec le célèbre violoniste Subramaniam'

J'ai rencontré Subramaniam lors d'une escale à l'aéroport de Frankfurt, en Allemagne. J'ai été un peu ému de discuter avec lui. Je suis fan. J'ai pratiquement toute sa discographie. Je l'écoute souvent à la maison. Avec simplicité, il m'a parlé, m'a invité à prendre un café. Nous avons discuté de la musique. Je lui ai laissé un album pour qu'il puisse écouter ce que l'on faisait sur le plan musical. Il m'a envoyé un mail après pour me féliciter. Après, Subramaniam a été invité au Dimajazz à Constantine. Il est venu en big band. Le concert était extraordinaire. A ce moment- là, Subramaniam m'a proposé de faire une tournée avec lui en Inde. Cela m'a stressé un peu, car j'avais face à moi un artiste de haut niveau. Il m'a rassuré en me disant qu'il me faisait confiance. Mon premier concert en Inde a eu lieu le 1er janvier 2011, à Madras. Au projet participaient d'autres violonistes, comme l'Américain Mark O'Connor, qui a composé plusieurs symphonies et qui a eu un Grammy. Des musiciens tziganes russes qui ont joué avec les Rolling Stones étaient également présents. Nous avons fait en tout six concerts. Le dernier en date a eu lieu au Dream Palace, à New Delhi. Pour jouer dans cette salle, il faut réserver deux ans à l'avance.


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