Algérie

Le jardin à pagaille!


Le jardin à pagaille!
Nabila fait tout dans la crèche. Leïla, la directrice, la soupçonne de taper dans les recettes.Nabila, Leïla et Nassima sont les seules femmes concernées par un procès portant sur l'abus de confiance, délit prévu et puni par l'article 370 du Code pénal.Les deux premières sont adversaires à la barre. Nabila A. une mère de trois enfants touchant vingt-cinq mille dinars/mois au jardin d'enfants «La maison de la confiance» donnant en langue nationale Dar El Amane (un comble car l'abus de confiance y est entré!).La troisième femme, Maître Nassima Aïd (elle aussi mère de...trois enfants) est pour Leïla, la directrice du jardin d'enfants où semble-t-il, la pagaille y niche...et cela mène droit vers le tribunal!«Elle lui faisait tellement confiance qu'elle laissait Nabila A., l'inculpée, s'occuper de tout, oui de tout. C'est dire si cette dame a bon coeur et ne s'est jamais souciée de surveiller les actes négatifs de l'employée, avait dit, à un moment, Maître Aïd en direction de Mohamed Amine Bouazza, le frais président de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger), un président très jaloux de l'usage exclusif de la police de l'audience allant jusqu'à expulser une demi-douzaine de justiciables bavards ou turbulents et «gronder» une dizaine d'autres qui gigotaient où se déplaçaient un peu trop dans la vaste salle d'audience.Maître Mouloud Boubekeur, l'avocat de l'inculpée était égal à lui-même. Il a bien préparé son intervention et là, nous avions reconnu le prof de la Fac, sérieux et appliqué, car il a dû passer plus de quinze minutes à remettre en place les pièces justificatives de l'innocence qu'il réclamera plus tard, estimant que sa cliente était une exemplaire employée sur qui reposait toute la crèche. «Elle était à la fois gardienne, économe, surveillante des lieux, attentionnée, ponctuelle, sérieuse, excellente mère de famille, soucieuse de la tenue des enfants confiés en toute sûreté et assurance par les parents. Comment aurait-elle pu procéder pour détourner des sommes' Certes, il lui arrive de puiser dans la caisse, mais elle régularisait le plus rapidement possible. Elle était vigilante sur ce point car elle était quasi certaine que la confiance régnait entre elles», avait martelé Maître Mouloud Boubekeur dans un arabe raffiné, digne du prof de droit qu'il reste. Avant lui, le procureur de la République avait froidement requis une peine d'emprisonnement ferme de deux ans! Une tuile venait de tomber sur le cuir chevelu de Nabila, cette dame haute comme trois pommes et portant bien sûr ses jambes solides faisant rappeler une joueuse de tennis des pays européens de...l'Est, à l'époque du mur de Berlin. Bien avant le réquisitoire du représentant du ministère public, le juge voulait jouer son rôle tout près de la perfection allant jusqu'à poser une bonne question qui a poussé Maîte Aïd à faire de l'humour, comme elle eu à faire à Chéraga, à Blida ou à la cour d'Alger, face à Mohamed Regad ou Nadia Bouhamidi...Bouazza le juge, affairé par le souci de tout savoir pour retenir ou pas le délit, avait dit:«Madame, vous êtes en grève'» Et avant que la directrice du jardin d'enfants n'ouvre la bouche, Maître Aïd balança avec un large sourire: «Monsieur le président, vous faites de la politique n'est-ce pas'»Le juge préféra ne pas s'étendre sur le sujet et entendit, coup sur coup, les deux avocats de Leïla G. la directrice victime d'abus de confiance: Maître Rabah Qassimi et Maître Aïd Nassima. Les deux conseillers s'appliqueront à enfoncer l'employée «indélicate» au point de réclamer 300 millions de centimes de dommages et intérêts et 20 autres millions de centimes à titre de préjudice moral. Une disquette CD avait d'ailleurs été remise au juge, au parquet et à Maître Boubekeur qui avait retenu le mot «photos accablantes» et marmonné «ça, des photos'».Maître Qassimi rappela tous les vols commis visibles sur la caméra. Maître Aïd insista sur le fait que Nabila empochait une somme après en avoir remis une précédente dans la «caisse»i-e dans la poche de Leïla, avait presque ironisé l'avocate de Chéraga qui voulait marteler dans le cervelet du juge, la culpabilité de Nabila. Nabila qui était réellement sonnée car, à un moment de l'interrogatoire, elle avait reconnu qu'il n'y avait pas de «façon» entre Leïla et elle, question de fric. Cela dépend dans quel sens Bouazza prendra cet «aveu» fait, juste pour dédramatiser cette triste histoire qui a mobilisé plusieurs proches de Nabila et Leïla.


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