Algérie

Le jamais et le toujours


C'est connu depuis toujours, il ne faut jamais dire jamais. Il ne faut jamais dire que l'Algérie ne s'en sortira jamais. Il ne faut jamais penser que les Algériens sont condamnés à jamais à l'exil ou à jamais à la féodalité intérieure. Il ne faut jamais avouer que le terrorisme a encore de beaux jours devant lui, à l'image de ces parachutistes, corps d'élite de l'armée, morts à jamais dans une embuscade du GSPC près de Biskra de toujours, là où il ne se passe jamais rien. Il ne faut jamais croire que l'armée est inefficace, que les barrages à Alger ne servent jamais à rien d'autre qu'à gêner la circulation et que l'ensemble du dispositif antiterroriste est à revoir à jamais, en même temps que ses dirigeants et responsables, à leur tête depuis toujours. Il ne faut jamais penser que Bouteflika n'est pas le bon à jamais président, Ouyahia le bon Premier ministre pour toujours et Mami le meilleur chanteur de raï. Par contre, il faut toujours se rappeler que l'Algérie est toujours mal gouvernée et que le peuple des gouvernés est toujours un peuple très difficile à gouverner.Il faut toujours se rappeler que l'Algérie dépense du temps, de l'argent et des hommes à ne rien faire. Il faut toujours penser à demain, quand l'Algérie sera débarrassée de sa propre incompétence, et qu'après-demain sera toujours mieux qu'aujourd'hui. Il faut aussi toujours prendre conscience que cette normalisation en cours, entamée depuis l'arrivée de Bouteflika, n'est pas très normale. On ne peut en même temps condamner le terrorisme et l'amnistier, insulter l'investisseur étranger et l'appeler au téléphone, brimer la production nationale et y faire appel, encenser la modernité et réprimer les libertés, faire du pays une vaste prison tout en condamnant les évadés et les harraga à la prison. En fait, il ne faut rien dire, ni jamais ni toujours. Il faut faire. Toujours, sinon jamais.
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