Le huis clos, un des maux du football '

Pourquoi changer de siège lorsqu'il n'existe aucune différence ' «Qu'ont-t-elles apporté de spéciales, les récentes élections au sein de la Ligue de football professionnel '», s'interrogent les professionnels et consultants.Le ronronnement est le même, les discours sans annonces d'initiatives sont les mêmes. Pas de programme qui réinvente la ligne de conduite du fonctionnement de la LFP. Le football continue de jongler au même rythme. L'élection du nouveau président s'est faite sur la base de promesses exceptionnelles, mais la tonalité est la même. «Ils avaient promis des réglages nouveaux pour faire disparaître le ronronnement qui caractérisait l'ancienne équipe, mais rien de cela. La saison a été inaugurée par un huis clos, voilà le faux changement annoncé, alors que tout le monde pensait qu'il allait être plutôt un avertissement qu'une application de la faute de la saison dernière». Le football n'est pas seulement une simple discipline sportive, mais aussi une activité économique qui brasse des millions de dinars et emploie des centaines de personnes. Qu'en pensent nos anciens internationaux de football '
Omar Betrouni : «Je suis dégoûté»
«C'est à l'image de notre football. Que voulez-vous que je vous dise ' Instaurer le silence lors d'un Clasico, il faut le faire. Cet après-midi, le match opposera deux grandes équipes. MCA - JSK fera date par son silence parce qu'on a voulu chasser l'ambiance. On ne veut pas d'ambiance cet après-midi. Je suis dégoûté parce que lors de notre jeunesse, le football avait son charme, avait son sens, c'était du football où l'ambiance collait à l'affiche avant l'heure H. En 1970, j'étais en catégorie en juniors, on jouait à Aïn M'lila pour les éliminatoires de la Coupe d'Algérie. J'avais reçu une pierre sur la tête, ce qui m'a valu 7 points de sutures, la Ligue n'avait pas sanctionné le club par un huis clos. Mais l'auteur l'a été, ce n'était pas tout le club.
Aujourd'hui, c'est toute l'équipe qui passe au four. Une bêtise, au sens le plus large du terme. On chasse, les milliers de supporters, on condamne deux équipes, on prive le club des droits télés, et d'ailleurs, pourquoi la télévision algérienne se met-elle aussi au huis clos ' Dimanche : MCA - JSK sans le public ' Comment expliquez-vous cela ' Les supporters sont en droit de croire à un complot contre leur équipe. On aurait pu éviter ce huis clos et donner un avertissement, juste pour ne pas priver les milliers de jeunes qui souhaiteraient s'extérioriser. Pourquoi leur fermer les portes du stade, leur interdire de mettre l'ambiance ' Leur interdire de se rencontrer et faire la paix après ce qui s'est passé à Constantine. Aussi, il y a un autre phénomène que je ne comprends pas comment et pourquoi en 24h, on décrète un huis clos. C'est contre qui ' Je suis dégoûté, je n'arrive plus à suivre ce football».
Mouloud Iboud : «Franchement, c'est ridule»
«On était les premiers à s'exprimer sur cette question, la veille de l'ouverture de la saison. Nous l'avons fait parce qu'il était important que tout le monde réfléchisse sur le comment supprimer cette pénalité. Il y a tout de même des solutions et nous l'avons demandé au président de la LFP. D'autres pays l'ont fait, pourquoi pas nous ' Regardez l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre, ils ont résolu ce problème. Franchement, c'est ridule. Je ne me réjouis pas du tout de voir un stade vide. Pénaliser deux équipes à la fois, c'est briser un Clasico, qui est attendu par des milliers de supporters.
Qui souhaiterait voir un match d'une grande importance, se jouer sans supporters ' Les clubs, il est vrai qu'ils ont un rôle à jouer pour échapper à ces huis clos qui sont sur nos têtes. Côté JSK, nous avons pris les dispositions et nous continuerons à sensibiliser nos supporters, pour que l'invité ait un accueil VIP parce qu'il s'agit d'une partie de foot, où tout le monde a y gagné. C'est notre raisonnement. Encore une fois, je suis sincèrement désolé pour nos milliers de fans, qui auraient pris la route sur Alger, pour encourager leur équipe. Cet après-midi le Clasico, qui est considéré comme l'essence même du football, part en fumée par la faute d'un ou de deux énergumènes. Dommage. Tout le monde est pénalisé y compris les investisseurs».
Nasser Guedioura : «Revoir l'organisation de notre football»
«Avant de parler du huis clos, il faudrait d'abord parler de l'organisation de notre football. Le discours se rouille et pas un traitement n'est proposé pour le faire débarrasser de cette rouille. Le football se développe à une vitesse grande V et nous ' Nous faisons du surplace. Les supporters doivent comprendre que l'avenir de ce football passe par leur contribution, par leur discipline et par leur connaissance du football. Qui gère aujourd'hui les clubs ' que font-ils pour veiller à ce que nos rencontres ne dérapent pas ' On laisse couler et on crie aux scandales.
Je pense que le huis clos est une arme, pour dissuader ceux qui provoquent, mais il ne faudrait pas aussi les laisser faire, il faudrait les situer, les filmer, les archiver, et pour cela, il faudrait tout un équipement au niveau des stades.
En France, les fumigènes sont strictement interdits comme chez nous, mais les supporters arrivent à les faire rentrer. Il faut des caméras de surveillance, c'est la seule façon de mettre un terme à cette situation qui met en danger nos jeunes supporters et le football en général».
Mustapha Kouici : «Ne tuez pas l'ambiance»
«Le huis clos en Algérie est l'une des causes de l'hémorragie de notre football. La situation ne fait que s'aggraver avec de pareilles sanctions. Que restera-t-il de notre football si l'on croise les bras ' Je pense qu'il faudrait y réfléchir sérieusement et mettre en place une équipe composée d'experts, psychologues, avocats et de spécialistes en communication pour faire des propositions intelligentes à la FAF et à LFP, afin qu'elles optent pour d'autres sanctions que ce huis clos qui menace notre football. Ne tuez pas les ambiances qui se réinventent et qui mobilisent toute notre jeunesse. Il faudrait équiper les stades de caméras de surveillance, c'est l'une des priorités des clubs. La violence risque de se réveiller si des dispositions ne sont pas prises, parce que le huis clos fait partie des ingrédients, qui risquent de provoquer des violences, notamment lorsque les supporters se voient interdits d'un Clasico. Pour moi, c'est la plus grande bêtise».
Nourdine Kourichi : «A la Ligue de prendre ses responsabilités»
C'est certes pénalisant pour tout le monde, tant pour les joueurs, le public, les dirigeants, les annonceurs... Si l'UEFA et la FIFA le font aussi, c'est parce qu'il y a des raisons. C'est vrai que chez nous en Algérie, il y a beaucoup de problèmes sur nos stades, maintenant à la Ligue de prendre ses responsabilités, et c'est vrai que c'est négatif pour les joueurs. Seul le dialogue peut régler la situation, mais est-ce qu'ils accepteraient le dialogue. Il est vrai que le club veut jouer avec son public, mais est-ce que le public accepte de le faire ' Aujourd'hui, je ne vois pas ce qui pourrait pousser les dirigeants de la LFP à supprimer cette pénalité, comme en Angleterre, Espagne ou en Allemagne. Enfin, qui fait les fautes ' Ce ne sont pas les dirigeants, ce sont les supporters, alors il faut trouver le meilleur canal pour que ces supporters comprennent qu'ils portent atteinte à l'image de leur club».
Ali Fergani : «C'est pénalisant, mais y a-t-il une autre solution '»
«Le huis clos pénalise, c'est incontestable. Mais y a-t-il une autre solution ' Les supporters doivent comprendre qu'ils seront toujours sanctionnés s'ils ne cessent pas d'être les provocateurs. La LFP doit trouver un autre canal, qui puisse dissuader les quelques supporters, qui dénaturent notre football. Pour moi, tant que de nouvelles dispositions ne sont pas prises, je crois que le huis clos est la meilleure arme pour calmer un tant soit peu les esprits».