Algérie

Le «Hirak» révélateur chimique de l'Etat de la Nation



Certaines voix, s'exprimant quotidiennement sur Youtube, s'étaient faites un devoir de nous enseigner, dans les formes et non dans le fonds, des leçons de Sciences Politiques en nous expliquant, en long, en large et en travers que l'Etat profond en Algérie serait constitué, d'une cinquantaine de généraux, détenteurs du pouvoir réel en opposition au pouvoir légal. L'aspect supposé sulfureux de telles révélations, véhiculé quotidiennement par la vox populi dans les cafés les plus modestes du pays, n'a d'égal que la puérilité dont elle constitue le seul horizon philosophique. Et voilà, après une série d'emprisonnements spectaculaires, que l'on nous assène doctement sur internet, entre deux verres de suffisance pour les uns et deux volutes de dédain pour les autres, en direct à l'antenne de la désinvolture et du mépris profond des masses populaires, qu'il s'agirait là, de l'expression décidément bien commode de « luttes de clans », dont on cherche toujours, en vain, les filiations.La cascade d'évènements que nous vivons ces dernières semaines, l'arrestation de Said Bouteflika et de ses acolytes, l'emprisonnement des grosses fortunes, ces « capitaines d'industrie » de la rente pétrolière, ces as de l'import-import et de la facture en devises gonflée, la convocation par la Justice des personnalités politiques les plus en vue depuis vingt ans, l'émission de mandats internationaux qui ne manqueront pas de suivre pour ceux militaires et civils qui se sont enfuis toute honte bue, l'interdiction de sortie du territoire national pour tous les directeurs de banques privées et publiques ainsi que leurs responsables du crédit, de même que les plus hauts fonctionnaires de la banque centrale, la suspicion évidente envers toute le « management » de la Sonatrach et cette liste n'est bien évidemment pas exhaustive, agit pour le Hirak, comme un véritable révélateur chimique. Elle permet à l'opinion publique, de fixer l'image du pays réel, dans un négatif, celui de la corruption, des dollars sales se déversant directement des pipe-lines de Hassi- Messaoud sur les hauteurs de Hydra, Poirson et autres Chemins MacLay.
Le révélateur chimique, en photographie, se compose d'un développateur, d'un accélérateur, d'un conservateur et d'un antivoile pour enfin faire apparaitre une image figée par des atomes d'Argent multipliés par dix mille (non, je n'invente rien !). Si la multiplication par dix mille de l'Argent n'est pas le propre de la photographie dans la mesure où c'est une pratique courante en Algérie, il est intéressant d'en comprendre les mécanismes, pour saisir la véritable nature de l'Etat profond, ses identités multiples, ses ressorts puissants, bien loin des clichés véhiculés, par ceux qui à force de se mentir, se sont convaincus de diriger le Hirak à partir de Paris ou de Londres dans des fatwas immatérielles qui eurent été risibles en d'autres temps, si ce n'était la gravité du moment traversé par la Nation. Que l'on nous dise alors, en quoi un Etat profond, à dimension militaire, en exposition d'ouverture maximale, chaque semaine à la télévision publique, aurait intérêt à démanteler ainsi, dans ses rangs et en dehors de son institution, des puissances de l'argent, cachées celles-là, en véritables maitresses du pays qu'elles sont, nourries au biberon de la rente pétrolière depuis un demi-siècle '
Le développateur du révélateur chimique de l'Etat profond, en charge de faire apparaitre l'image, est sans nul doute constitué du Hirak. Ce sont les votes répétés des algériens d'avec leurs pieds qui ont permis, semaine après semaine, de procéder aux décantations autorisant une expérimentation longue mais aux résultats certains, de différenciation et donc d'identification des véritables tenants de la décision politique dans le pays. Il ne s'agit pas comme on pouvait s'y attendre, du Parlement ou du Conseil de la Nation, tout juste bon à figurer sur une photo collective, mais de l'exécutif présidentiel secondé et/ou orienté par les conseils experts de l'ancienne direction du DRS, s'appuyant sur des sphères d'influences de la finance, de la corruption et des passe-droits, aux contours flous, comme ceux d'une focale mal ajustée que nous peinons à percevoir mais aux objectifs redoutables, comme la netteté d'images exceptionnelles qui parlent en vérités, plus que mille mots ne sauraient exprimer.
L'armée joue le rôle d'accélérateur, celui qui dans les laboratoires de développement photographique, maintien le Ph élevé au plus grand bénéfice du révélateur chimique, comme l'ANP entretient une tension politique forte pour terroriser ses adversaires véreux. C'est l'Etat-Major qui possède en raison de sa position et de sa nature, la prise de vue la plus large doublée de la vitesse d'exécution qui en un clic d'obturateur ajuste celle du clan présidentiel qui n'a du cadre d'un portrait de la République que le vide à offrir, qui zoome sur sa Direction du Renseignement Militaire intéressée par la cogestion du pétrole et qui autorise les fidèles des rendez-vous du vendredi, de passer en mode numérique rush en couleurs, là où l'on pouvait craindre une pellicule 16 mm, en noir et blanc que l'on aurait comparé, dans l'intimité des cercles familiaux aux liesses festives accompagnant l'indépendance du Pays.
Un seul photographe, le Hirak
Le conservateur du révélateur chimique, dont la mission est de préserver le développateur, c'est la Justice, fabriqué au sens propre du terme par le Hirak. Ce sont les juges, les avocats, les procureurs et tous les auxiliaires de la Justice qui se déclarent indépendants et bien que contraints par des textes aux vues étroites en matière de délinquance politique et financière, prennent sur eux avec le soutien constant du mouvement social et la vigilance de l'ANP, de mettre en branle leurs processus légaux d'évaluations qui permettront au bout des comptes aux masses populaires, à défaut de voir l'argent du Peuple leur revenir, de se payer en nature, par astreinte des corps, de tous ceux qui ont imaginé abuser en toute impunité d'un pays qui leur a été livré pieds et poings liés. L'antivoile du révélateur chimique, dont la fonction essentielle est de prévenir la formation d'un voile chimique parasite qui viendrait noircir la photographie pour en cacher tant bien que vaille la véracité, est celui qui se joue en ce moment. Face à une déferlante anti corruptrice, initiée...par les généraux? en soutien au Hirak, pour venir à bout du régime des Bouteflika et de ses 40.000 voleurs, il y a des voix qui, sous le prétexte fallacieux d'une non séparation constitutionnelle des pouvoirs de l'exécutif et du judiciaire appellent à ajourner les procès de ceux qui ont détourné des milliards de dollars. Comme si l'énormité de tels crimes, par ailleurs inscrits dans les accointances avérées et les concussions consommées n'étaient pas en soi suffisante sur le plan de la morale et de l'éthique, sans même parler de sa dimension juridique, pour appeler aux sanctions les plus sévères. Qu'est-ce que cela changera aux peines de prison prévues pour de tels agissements que la constitution soit en ordre au niveau du formalisme principiel alors que les juges eux-mêmes, s'organisant sur le plan professionnel de manière autonome de leur tutelle, ont pris le Peuple à témoin en se déclarant redevables uniquement devant Dieu le très haut et leurs consciences ' Ou alors ajournons aussi tous les autres procès, ceux des voleurs à la tire, des dealers de drogue à la petite semaine, des escrocs de petite frappe, des conducteurs en état d'ébriété, des voisins irascibles crevant les pneus de ceux qu'ils détestent dans le parking au bas de leurs immeubles?en attendant de voir consacrer le principe de séparation de l'exécutif et du judiciaire dans le marbre blanc immaculé de la Constitution à venir à une date?.ultérieure, sous prétexte d'un code pénal à orientation plus punitive qu'éducative ' Il y a des arguments qui éclairent de la lumière vive des projecteurs mandarine plus qu'ils n'assombrissent les véritables intentions de ceux qui les émettent. Ce sont ces explications courtes qui sont avancées par ceux-là mêmes qui se présentent comme les boucliers du mouvement social, prenant appui sur leurs longues traditions de défenseurs des droits de l'homme, oubliant allègrement comme à l'habitude de leurs mentors proches et lointains, les droits du Peuple à une justice rendue en son nom.
Une seule photographie, celle d'une Nation en marche
Et voilà que la photographie apparait, grâce au puissant flash de l'ANP, malgré le clair-obscur savamment entretenu par les chantres du corporatisme étroit, du régionalisme puant, du zaisme récurrent, des divisions de toutes natures et de tous acabits au plus grand profit de leurs maitres, les puissances de l'argent détourné. C'est l'accaparement de la rente pétrolière et du commerce extérieur qui tente d'organiser, subrepticement, en comité restreint, le retour de veilles figures de la désunion nationale, sous couvert de luttes d'avant-garde qui ne se découvrent que dans leur haine de l'arabisme patriotique, de l'Islam sunnite et de la démocratie authentique pour la seule et unique raison que ces valeurs sont?majoritaires dans le Pays. Ces partisans des riches et des puissants, ces thuriféraires du mondialisme libéral et du démantèlement des solidarités sociales, ces pourfendeurs invétérés des valeurs et croyances éternelles de nos ancêtres sont certains d'une seule chose : la démocratisation dans notre pays est pour eux ce que la corde est au condamné à mort; l'étranglement lent et programmé de leur projet bancale qui n'a pu tenir à la direction du pays que par la désorganisation qui a été instituée intentionnellement à la tête de son armée par la séparation constante depuis le décès de feu Houari Boumediene, de ses fonctions strictement militaires et de renseignements, au seul profit d'un mode de production rentier intégré au service de la mondialisation.
Si le Hirak ne devait atteindre qu'un seul objectif dont on ne soulignera jamais assez la portée littéralement stratégique ; en attendant d'autres buts d'ordre démocratiques, économiques, sociaux et culturels qui ne manqueront pas de surgir de la puissance d'une telle prise de conscience populaire ; c'est paradoxalement d'avoir homogénéisé les rangs de l'armée comme jamais auparavant alors que l'ANP en procédant, dans un même mouvement, aux purges commandées par la situation de l'heure a largement renouvelé son allégeance au Peuple dont elle est issue. C'est de cette configuration précise entre la souveraineté populaire exprimée par le Hirak et son bras exécutif militaire incarné par l'ANP que procèdera l'avenir démocratique du Pays, pour répondre non seulement aux aspirations des masses citoyennes mais aussi pour confirmer la place du Pays dans l'ordre des Nations, pour peu que les voies de la transition politique soient enfin dégagées.
L'ennemi du Peuple algérien n'est pas en nous-mêmes comme souhaite nous le faire croire l'impérialisme. Il n'est pas en un Islam qui serait marqué de par son essence de la tache infamante de l'obscurantisme comme le veut une propagande reprise par les petits enfants idéologiques du colonialisme. Il n'est pas en un arabisme de nature patriotique, exprimé de la plus belle des manières par cette autre capitale du Hirak qu'est Bord Bou Arreridj qui ne gêne que ceux qui ne savent pas offrir à leurs peuples des épopées dignes de leur grandeur avec pour objectif suprême, la libération un jour ou l'autre de Jérusalem. Il n'est certainement pas dans la promotion incessante de nos coutumes, de nos m?urs, de nos cultures et langues populaires berbères qu'il nous faut de manière infatigable promouvoir avec fierté dans le respect de nos identités multidimensionnelles qui font de nous un Peuple si attachant, portant haut le drapeau de l'Etoile et du Croissant, symboles de l'élévation spirituelle monothéiste, reflet de nos espoirs et de nos convictions profondes. L'ennemi du Peuple algérien, c'est le mode de production rentier, asservi à la mondialisation et ses prolongements financiers prévaricateurs des dynamismes d'une Nation entière, dont il faut sortir, de manière déterminée, avec l'aide de Dieu et de celui d'un Hirak que nous souhaitons permanent, comme sa révolution pacifique!


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