Algérie

Le Hirak marque une pause



L'aura de l'Aïd était bien présente
Les Algériens ont préféré se blottir, pour cette occasion, dans l'oeil du cyclone, là où on ne ressent pas l'ouragan.
Sur fond de crise, sans président de la République, et dans une conjoncture particulière à plus d'un titre, la fête de l'Aïd El Fitr a été célébrée dans l'art des règles et des coutumes sur l'ensemble du territoire national.
Bien que précédée par un appel à une marche le premier jour de l'Aïd, les Algériens ont préféré se blottir, pour cette occasion, dans l'oeil du cyclone, là où on ne ressent pas l'ouragan, afin de prendre un répit, une trêve de l'effervescence qui a marqué la scène politique et la société depuis le 22 février, lorsque comme un seul homme, le peuple algérien s'est dressé pacifiquement contre le régime en place, et revendique jusqu'à aujourd'hui, le départ de toutes les têtes qui ont géré le pays, ces dernières 20 années.
On a retrouvé ainsi, les scènes et les images habituelles de cette fête sacrée, avec son lot de joies et de contraintes. L'aura de l'Aïd était bien présente, sous toutes ses formes. Elle s'est essentiellement fait sentir, à travers le défilé incessant des bambins joliment vêtus, aux échanges de gâteaux entre les familles, passant par l'incontournable course pour assurer le pain et les boissons pour le premier déjeuner de l'Iftar. De même, sur le plan officiel, la coutume a été respectée. Le président de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah et un certain nombre de ministres ont effectué la prière de l'Aïd, dans le calme et la sérénité, loin des entraves rencontrées par le staff gouvernemental dans ses déplacements ces deniers temps.
Dans ce sens, et malgré l'image froide engendrée par les rideaux baissés de la majorité des commerces, selon les chiffres donnés par le ministère du Commerce, la permanence des commerçants, pour laquelle plus de 60.000 commerces étaient désignés, a été respectée à plus de 90%.
Ceci étant, le spectre de la grève des contrôleurs, n' a pas eu un impact particulier sur l'Aïd, et malgré quelques plaintes isolées sur l'indisponibilité des produits de première nécessité, tels que le lait et le pain, les consommateurs n'ont pas eu à se plaindre, outre mesure, de l'inefficacité des services durant ces deux jours de fête. Les grandes craintes, à l'image des pénuries de carburants et de manque de transport, se sont estompées par la force du Hirak. Il faut dire, que le respect des besoins des citoyens entre dans une nouvelle ère, où désormais, le peuple ne sera plus considéré comme partie mineure. Par sa mobilisation et sa ténacité, il a arraché le droit de prétendre à une vie décente, et à un avenir, dont il sera le seul à en décider. Par ailleurs, si les rues et les places publiques sont restées vides, sans l'ébullition politique induite par les marches populaires qui font l'actualité et le quotidien des Algériens depuis le 22 février, il n'en demeure pas moins que le débat, n'a connu aucune interruption. Il s'est invité à toutes les tables des rassemblements familiaux de l'Aïd. La question politique, les analyses et les échanges, étaient sur toutes les lèvres, et ont fait la particularité de cette fête. Selon les interlocuteurs que nous avons rencontrés, les interrogations s'accentuent, devant un constat de blocage, lié au bras de fer qui oppose toujours, le gouvernement au peuple. Au fond de la discorde, l'entêtement du gouvernement Bensalah à se maintenir en place, hautement renforcé par l'annulation de l'élection prévue pour le 4 juillet. A laquelle s'ajoute une profonde divergence d'opinion sur les voies et solutions de sortie de crise proposées. Le chef d'état-major de l'ANP, appelle à un dialogue inclusif qu'une partie des acteurs politiques soutient, tandis que l'autre moitié ne conçoit pas et ne jure que par le choix d'une période de transition, alors que le Hirak qui avait tranché cette question depuis le début, maintient sa revendication phare et exige plus que jamais le départ des 3B restants. Néanmoins, dans ce flou politico-social, la société algérienne qui a revêtu l'habit de la révolte pacifique, n'a pas permis à la chose politique de piétiner ses valeurs premières et son identité, et a décidé le temps d'un intermède, à l'ombre de la contestation populaire, de préserver nos us et coutumes, et continuer de les transmettre aux générations futures.


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