Les marches populaires du 22 février ont dessiné les contours de l'Algérie de demain.Quand le peuple algérien se réveillera...Très peu, sinon personne n'a osé le prophétiser. Hormis les scénarios destructeurs que l'on a échafaudés pour maintenir la chape de plomb et permettre au système de se régénérer, rien ne laissait présager la naissance d'un mouvement de protestation, qui allait comme un ouragan, mettre fin à un 5ème mandat qui s'annonçait comme pratiquement acquis et emporter dans son sillage des personnalités politiques et militaires de premier plan. Dans la conjoncture aussi sclérosée, dans laquelle baignait le pays, un tel scénario ne pouvait même pas effleurer l'esprit. C'était sans compter sur l'extraordinaire énergie insoupçonnée qui couvait en chaque Algérien qui aspirait non seulement à un changement, mais à l'avènement d'une IIe République qui fasse table rase du passé. Qui mette fin aux passe-droits, à la corruption, aux pots-de-vin, à la bureaucratie...qui ont gangrené les institutions de l'Etat jusqu'à son sommet. Les marches populaires du 22 février, qui ont contribué à ouvrir la boîte de Pandore, allaient surtout dessiner les contours de l'Algérie de demain, incarnée par des forces vives aux potentialités insoupçonnées. Ils seront des millions à battre le pavé désormais toutes les semaines, le Vendredi, avec comme force de frappe des étudiants infatigables, déterminés à en finir avec toutes les figures qui symbolisent le système. Le mouvement fera très vite tache d'huile. Il touchera les médias publics. Les journalistes ne mettront pas longtemps pour revendiquer le droit de s'exprimer librement. Meriem Abdou, journaliste vedette de la Chaîne 3, sera la première à dénoncer la censure. Pour joindre le geste à la parole, elle démissionnera de son poste de rédactrice en chef. Les radios, les télévisions, dont l'Entv, couvriront en temps réel les marches populaires qui feront tomber l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Tayeb Belaïz président du Conseil constitutionnel, l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia et son gouvernement. La parole sera libérée et les chaînes brisées. Les syndicalistes de l'Union générale des travailleurs algériens réclameront la tête de leur SG, soutien indéfectible de l'ancien chef de l'Etat. Les magistrats et les avocats monteront au créneau pour revendiquer une justice libre, réputée pour avoir été aux ordres et bâillonnée depuis l'indépendance. Les partis politiques, ceux de l'opposition, sont sortis de leur léthargie et ne lésinent pas sur leurs efforts en suggérant des propositions de plans pour sortir le pays de l'imbroglio dans lequel l'a plongé l'application stricte de l'article 102 de la Constitution. C'est le parfum de février 2019. Celui qui a fait la part belle aux débats, au respect du point de vue de l'Autre et fait prendre conscience des potentialités exceptionnelles que recèle son peuple... Ce qu'aucune «révolution» n'a réussi à réaliser jusque-là. Le Hirak l'a réalisé dès sa gestation. Né des marches pacifiques extraordinaires qui ont subjugué le monde, il porte en son coeur des revendications hautement politiques qui ont pour objectif d'instaurer une seconde République. Le chemin est tracé...
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Posté Le : 26/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed TOUATI
Source : www.lexpressiondz.com