Algérie

«Le Hirak a mis fin à la comédie du 5e mandat»



« Gouvernance, afri-capitalisme et soft power : la nouvelle donne africaine .» C'est sous ce thème qu'une web-conférence a été organisée ce mardi 6 octobre par le journal français l'Opinion.Le Président Abdelmadjid Tebboune y a pris part, en intervenant sur un certain nombre de questions d'actualité qui touchent à l'Algérie, au Mali et à la crise libyenne, théâtre d'une « agitation diplomatique » qui n'a débouché sur aucune solution.
L'invité à la web-conférence a profité de cette tribune pour apporter des éclairages sur un certain nombre de sujets-phares, au centre des préoccupations de la scène politique interne, dont le référendum du 1er novembre sur l'adoption de la nouvelle Constitution qu'il qualifiera de « sacrée que plus personne ne pourra toucher, pour réaliser un troisième mandat ».
Il expliquera qu'une période de deux mandats (10 ans) est largement suffisante pour un élu (président, député et autre), d'affirmer son programme. Il aura la dent dure à l'endroit de l'ancien régime et ses oligarques, auxquels il préférera le terme de « cleptomane », qui voulaient durer dans un 5e mandat, fort heureusement balayé par le mouvement du 22 février 2019. « Le Hirak béni a mis fin à cette comédie », dira-t-il. « Un mouvement populaire pacifique, civilisé à qui on ne peut reprocher aucun lampadaire ou une vitrine cassés. Parmi ses revendications : le changement radical dans la gouvernance du pays. C'est pourquoi, il s'agit de reconquérir la confiance du peuple face à ce qui s'apparentait à une république bananière, et mettre fin à la gestion folklorique du pays, déclarera-t-il. Poursuivant : « C'était le ras-le-bol général d'un Président impotent et de la comédie du 5e mandat .»
Il affirmera que le message de la jeunesse révoltée a été entendu, et que son gouvernement s'est attelé à concrétiser ses doléances qui se trouvent aussi dans ses engagements électoraux. Il s'agit de montrer à la population que le changement est possible, selon lui.
Le chef de l'Etat expliquera à son interlocuteur que ce changement au quotidien est déjà en cours dans la gestion, le comportement des responsables, dans le discours. Dans la foulée, c'est la mise à l'écart de tous ceux qui étaient impliqués, à quelque niveau que ce soit, dans l'ancien régime. « Aujourd'hui nous sommes sur la bonne voie », dira-t-il.
L'occasion pour le Président élu du 12 décembre 2019 de rappeler ses engagements électoraux dont le volet jeunesse. Il agit de « promouvoir une nouvelle génération d'entrepreneurs, et permettre aux jeunes de s'émanciper économiquement et émerger en tant que force économique réelle du pays, appelée à être dotée d'une nouvelle Constitution et que nous voulons qu'elle soit l'émanation de la volonté populaire », souligne Abdelmadjid Tebboune qui rappelle que « c'est un engagement exprimé lors de la campagne présidentielle», reconnaissant « des oppositions normales dans une démocratie ».
Les ONG (organisations non gouvernementales) et la situation des journalistes sont les autres sujets sur lesquels il a été interpellé. Pour les premières, il fait le distinguo avec celles qui versent dans le négativisme et les autres dont les avis nous importent, soulignera-t-il. « Je vous donne ma parole qu'aucun journaliste n'a été arrêté du fait de son statut de journaliste, car j'ai de tout temps voué le plus grand respect à la presse .» Il poursuit : « Il n'y a aucune répression des journalistes et personnalités politiques, mais nous devons faire respecter l'ordre public et l'Etat doit intervenir .»
La Libye et le Mali sont deux préoccupations au c?ur de l'actualité qui bénéficient d'une attention toute particulière des responsables algériens.
Abdelmadjid Tebboune se méfie de « l'agitation diplomatique » autour de la crise libyenne : « Le seul moyen de reconstruire la Libye, c'est d'organiser des élections .» «Le corps du pays est métastasé, dit-il, ajoutant que le meilleur moyen d'en sortir est de consacrer la légitimité populaire, revoir la Constitution du pays, mettre en place des institutions représentatives de tous les Libyens ». Il ajoutera : « Cela prendra 3 ans, mais la crise dure depuis déjà 9 ans .»
Dans cette interview en duplex d'Alger, le président de la République s'est attardé sur la situation actuelle prévalant au Mali, avec lequel l'Algérie a des liens historiques qui se sont développés depuis 1962, date de l'indépendance. « C'est un pays qui souffre d'une fragilité économique extrême et d'une dichotomie entre un nord déshérité comparé aux régions sud. C'est cela qui constitue le terreau des menaces de tous ordres pour le Mali et pour les autres pays de la région par extension », dira-t-il, prônant la démocratie comme unique condition à tout développement humain et économique.
Abdelmadjid Tebboune se désole que certains profitent de la situation actuelle créée par le coup d'Etat qui a déposé Ibrahim Boubacar Keïta, pour tenter de saborder les Accords d'Alger, soutenus au demeurant par toutes les parties maliennes. Il mettra en garde contre toute probabilité d'un « printemps africain », saluant au passage la révolution tunisienne. Il se désole, toutefois, des dérapages survenus par la suite. Quelles similitudes des révoltes arabes avec les manifestations en Algérie '
L'invité de la web-conférence insistera beaucoup sur l'exception algérienne, tant au Maghreb que dans le monde arabe, et partant en Afrique, rappelant que l'Algérie a connu son printemps le 5 Octobre 1988, survenu il y a 32 ans...
Brahim Taouchichet


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