«L'art, sous toutes ses facettes, doit être présent partout sur la place publique, à chaque coin de rue, au marché, dans les quartiers populaires, à la gare ou à la station métro, dans les différents moyens de transport, les jardins publics...etc.», estime Mario Pareja, artiste espagnol, en marge d'une manifestation de l'Institut Cervantès d'Alger, dédiée aux arts urbains.Ce retour aux sources est aujourd'hui l'objet de rivalité entre les grandes métropoles au monde. En effet, chaque capitale 'uvre à la diversification et au développement des cultures urbaines qui deviennent de plus en plus «tendance» et jouent un rôle prépondérant pour leur image et, bien entendu, le tourisme. Le Rap, la Break Dance, le Popping, le Big Box, le Skateboard, le Free style, le Graffiti, le clown, entre tant d'autres disciplines, investissent de nos jours la rue comme espace d'expression directement accessible. En gros, le street art est un mouvement artistique contemporain qui transforme l'asphalte, les trottoirs, le béton, les murs de la ville ou les pare-brises poussiéreux des véhicules en une infinité de supports et d'espaces à la libre expression culturelle. En Algérie, cette dynamique moderne a fait son apparition au cours des années 1990 dans le sillage de la dynamique hip-hop. L'émergence tonitruante du rap avait, en effet, brisé le mur de la peur et des préjugés pour ouvrir la voie à toutes ces expressions osées et souvent considérées comme subversives. «L'art de rue ouvre aux profanes les champs de l'abstraction : peindre, dessiner ou sculpter devient accessible aux élites comme aux ouvriers, aux jeunes, et aux moins jeunes, aux femmes, aux hommes et à leurs rejetons. L'art se popularise, l'art se démocratise, l'art devient la voix de ceux qui se scandalisent !», se réjouit un internaute algérois dans une tribune anonyme mise en ligne sur Internet. Le rap en était, donc, le précurseur. Intervenant dans un contexte de grave crise interne, l'avènement du rap profite de cette conjoncture douloureuse et gagne vite les faveurs d'un public jeune, curieux et avide de d'ouverture et de nouveauté. On bravant le danger ambiant, le rap rompt le silence pour exprimer les frustrations et les espoirs d'une jeunesse qui aime tant la vie. Plusieurs groupes investissent, alors, la scène algéroise avant de s'étendre au reste du pays. On citera des pionniers comme Hamma Boy's, MBS et Intik. D'autres noms, de la même étoffe, émergeront ensuite comme Tox et Double Kanon avant que la fièvre hip-hop n'affecte toutes les régions du pays. Ils sont aujourd'hui des dizaines de bandes à opérer dans toutes les wilayas de pays. La réputation ce mouvement rap a dépassé les frontières du pays. Des groupes comme MBS et Intik ont même réussi à se faire produire par de grandes boites étrangères comme Universal et Sony. Au Maroc et en Tunisie le cas algérien fait école. De nombreux rappeurs algériens y sont périodiquement invités pour encadrer des ateliers et encadrer des stages. Le succès (éditorial et commercial) du rap a forcé le passage aux autres disciplines. Le street art offre une grande diversité et mobilise de nombreux artistes et d'innombrables adeptes. Alger fait toujours figure de grande vitrine, mais dans le reste des villes du pays la mèche est bien allumée. Sur le terrain, le tissu associatif et les établissements culturels publics commencent à faire la promotion de ces nouvelles expressions. Au mois d'octobre 2012, la Ligue des arts dramatiques de Béjaïa, en collaboration avec l'agence évènementielle Probox, avait organisé un festival des cultures urbaines. Des initiatives similaires sont entreprises ou projetées dans d'autres villes et localités. «Les arts de la rue algérienne sont des tribunes de non-dits. Ils constituent aussi l'expression des hostilités, des conflits et des altercations. L'art urbain est commercial, existant aussi comme support de marketing alternatif. L'art urbain est martial, miroir d'un social naïf. Il salutaire et suggestif !», conclut notre internaute.
K. A.
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Posté Le : 17/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amghar
Source : www.latribune-online.com