Algérie

Le harcèlement des syndicalistes s'intensifie



Le harcèlement des syndicalistes s'intensifie et prend, depuis quelques semaines, des tournures inquiétantes. C'est le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) qui fait encore une fois les frais de ces cabales.
Le siège central du syndicat, à  El Harrach, a ainsi été l'objet, la semaine dernière, d'une énième tentative d'«expulsion». «Les propriétaires de ces locaux ont reçu la visite d'un officier des Renseignements généraux qui leur a recommandé de rompre le contrat qui nous lie. Après s'être répandu en menaces et en invectives, l'officier a tenté d'amadouer cette famille en proposant de l'argent en échange d'informations et de renseignements à  notre sujet», relate Rachid Malaoui, président du Snapap. «Il les a ensuite intimidés en affirmant que si d'aventure on retrouvait mon cadavre dans cette bâtisse, celle-ci serait scellée le temps de l'enquête, comme c'est actuellement le cas pour le bureau du MDS à  Oran», poursuit-il, indigné par ces «coïncidences». «Cette dernière intimidation a eu lieu au lendemain de mon passage sur une chaîne d'information étrangère. Lors de mon intervention, j'ai été très critique ; j'ai annoncé la reprise des mouvements pour le changement. De même, le 15 juillet dernier, je devais rencontrer la rapporteuse spéciale de l'ONU pour le logement. Ma voiture avait été sabotée la veille, ce qui aurait pu me coûter la vie», affirme M. Malaoui. Ces «incidents» sont à  lier, selon M. Malaoui, à  d'autres récents événements, dont l'attaque et la tentative d'incendie dont a fait l'objet l'imprimerie d'El Watan et d'El Khabar, le 14 septembre dernier. «Cet acte répond de la même logique et dans la même volonté à  peine déguisée de cadenasser le peu d'espace de libre expression et de discours contradictoire. L'on tente par tous les moyens de museler ces acteurs», estime-t-il. Représentativité et reconnaissance qui dérangent Les intimidations ne datent pas d'aujourd'hui. Mais le harcèlement n'a cessé de prendre de l'ampleur à  mesure que les formations syndicales autonomes se sont imposées sur la scène publique, gagnant en représentativité et en poids. Les pressions diverses sont aujourd'hui le lot quotidien de nombreux activistes et membres de syndicats ou d'organismes de défense des droits de l'homme. «Lorsque ce ne sont pas des menaces ou des arrestations arbitraires, nos adhérents sont victimes de suspension, de harcèlements administratifs ou judiciaires», déplore le président du Snapap. Mais comment expliquer cet acharnement ' «Le pouvoir a peur de deux choses. Des rassemblements des forces et des masses, surtout si celles-ci venaient à  sortir sur la place publique. De même, le regard extérieur et étranger a un poids considérable sur eux. Et aujourd'hui, le Snapap est reconnu par l'ensemble des organisations syndicales internationales, de défense des droits de l'homme et de travailleurs, ainsi que par l'Organisation internationale du travail et le Bureau international du travail», assure-t-il. «Cette reconnaissance dérange», ajoute-t-il, car elle donne une visibilité aux dérives autocratiques et offre autant de tribunes à  ceux qui n'ont pas forcément le droit à  la parole chez eux. Ces organisations ne manquent pas de dénoncer avec fermeté chaque acte d'hostilité et de répression, appelant les autorités algériennes à  respecter les libertés syndicales et à  mettre en application les chartes dont le pays est signataire. D'ailleurs, le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme (REMDH) et l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme s'élèvent fermement, dans un communiqué, contre «l'intensification de la campagne de harcèlement à  l'encontre des militants syndicaux et défenseurs des droits de l'homme algériens». Des actes de malveillance qui ont lieu «à la veille du premier sous-comité Union européenne-Algérie 'Dialogue politique, sécurité et droits de l'homme' prévu le 3 octobre à  Alger», est-il rappelé dans le document. Les ONG auteurs de ce communiqué appellent ainsi les autorités algériennes à  «mettre un terme» à  ces pratiques et à  «abandonner toutes les procédures judiciaires arbitraires engagées» à  l'encontre des défenseurs des droits de l'homme, dont les syndicalistes, et à  «garantir en toute circonstance leur intégrité physique et psychologique».


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