Le hand et la mésaventure espagnole Point Net

En poussant un peu loin la plaisanterie, un passionné de handball a eu cette réflexion : «La tâche des joueurs algériens et de leur staff technique était aussi difficile que celle des forces spéciales de l'ANP qui ont donné l'assaut contre les terroristes qui ont pris en otages les travailleurs du complexe gazier de Tiguentourine».
Vu les circonstances, le brave bonhomme ne s'est pas posé la question de savoir si on peut rire de tout, mais dans sa tête, il n'en avait peut-être pas besoin.Passionné mais lucide, il sait que dans la vie, il faut raison et proportions garder. Mais il sait aussi que le sport national, et le handball qui l'intéresse plus particulièrement, il vaut mieux désormais en rire qu'en pleurer.
Ce n'est déjà pas si mal comme consolation. Plus sérieusement, que pouvait bien faire l'équipe nationale de handball au championnat du monde qui se déroule actuellement en Espagne ' Notre plaisantin sans limite nous rappelle que quelques mois avant la compétition mondiale, la question la plus «sérieuse» qui se posait au ministère de la Jeunesse et des Sports, à la Fédération algérienne de handball et au staff technique de la sélection nationale était celle-là :
aller ou ne pas aller en terre ibérique ' Avec un championnat à l'arrêt, l'Algérie était en effet confrontée à la Fédération internationale de handball qui menaçait de la priver d'une participation à la compétition mondiale à laquelle, paradoxalement et miraculeusement, elle s'était qualifiée non sans brio en parvenant en finale de la Coupe d'Afrique des Nations.
Il a fallu un véritable «ballet diplomatique» et quelques complaisances «fraternelles» dues au président -égyptien - de la plus haute instance du handball mondial pour que la sélection nationale ne soit pas privée d'une participation pour laquelle elle a pourtant assez brillamment arraché la qualification sur le terrain de jeux.
Et ce n'était pas fini avec la qualification administrative. Il fallait convaincre un staff technique abattu par tant d'incurie d'aller au bout de sa mission, remobiliser des joueurs qui n'avaient plus le c'ur à l'ouvrage et improviser une préparation faite de bric et de broc pour se présenter enfin à une compétition mondiale dont on connaît la rigueur des exigences.
Déjà que personne ne se faisait vraiment d'illusions quant aux résultats que les Algériens pouvaient obtenir quand ils étaient mis dans les meilleures conditions de participation, on imaginait ce que ça allait donner avec sa préparation pour le rendez-vous espagnol.
Le handball mondial étant dominé de la tête et des pieds par quelques pays européens, dont le pays organisateur, les africains ne pouvaient prétendre aux premières places. Mais la question n'est pas là, puisque ça fait longtemps qu'on s'est résigné aux «participations honorables».
L'Algérie n'est jamais passée au second tour, performance réalisée par les Tunisiens et les Egyptiens, mais paradoxalement, la sélection nationale n'en a jamais été aussi proche ! Seule la mauvaise préparation et l'ensemble des conditions qui ont précédé la compétition en ont décidé autrement, puisque les Algériens ont encore démontré que potentiellement, nous restons une nation de hand.
Les joueurs n'avaient que leur valeur intrinsèque à faire valoir. ça aurait pu suffire mais c'est peut-être mieux ainsi. Les handballeurs algériens et leurs entraîneurs sont sortis de la Coupe du monde avec les honneurs dus à leurs qualités techniques et leur courage.
A commencer peut-être par' le courage d'y aller ! Les autres, les «responsables» de l'incurie, personne ne leur demandera des comptes. Mais c'est déjà bien de ne pas les voir plastronner à l'aéroport.