Algérie

LE HAMMAM: Le bain de la mariée



LE HAMMAM: Le bain de la mariée
Il n'est d'événement heureux, naissance, mariage, circoncision, sans la consécration du « bain rituel ».
Selon une coutume algéroise, le rituel du bain de la mariée a lieu l'avant-veille du mariage. Une semaine auparavant, la mère de celle-ci réserve le hammam habituel et aura été attentive aux préparatifs afin que rien ne soit négligé, pour faire de ce moment une véritable fête.
Au jour convenu, pour les familles les plus aisées, en fin de matinée, la préposée au bain, « tayabet el-hammam » se rend chez les parents de la mariée pour récupérer les effets de cette dernière et vérifier si rien n'a été oublié. Son rôle est très important, car c'est elle qui a la charge de conduire le cérémonial et de veiller au rituel dans ses moindres détails.

Dans une petite valise en osier, finement ouvragée dite « sappa », sont soigneusement rangés grandes et petites serviettes parfumées, « fouta » en soie rose (sorte de pagne avec lequel les femmes s'entourent le corps avant d'entrer dans la chambre chaude). Une « b'niqa » (petite coiffe avec de grands pans que l'on ramène et noue sur la tête) en coton blanc, une autre en satin rose, brodée de perles et de paillettes.

Sans oublier « lahouiyek », un fichu délicatement travaillé, bordé de longues franges de soie, effleurant les roses des plus vifs aux plus pales.
Dans le « mahbess », un grand pot en cuivre, se trouve tout le nécessaire de toilette et les produits pour les soins du corps.
La « sappa » à la main et le « mahbess » sur la tête, la « tayaba » précède la mariée afin de la réceptionner lorsqu'elle arrivera plus tard avec parents et amies. A son arrivée, quelques heures plus tard, au hammam, accompagnée de ses cousines et voisines, généralement à pied, c'est tout le quartier qui est en liesse. Les youyous fusent de tout part et les incantations pour invoquer les génies protecteurs et conjurer le mauvais sort commencent.

Selon les croyances populaires, dans une telle circonstance, comme dans les moments les plus importants de la vie, le monde invisible est en éveil, souvent peuplé d'esprits malins, dont il faut, à chaque instant, se prémunir.
On évoque Dieu et les saints tout au long de la cérémonie.
C'est dans cette atmosphère magico-religieuse que la « tayaba » introduira la mariée vêtue de sa « fouta » rose dans la chambre chaude, suivie de ses convives. Les deux plus jeunes d'entre elles ouvriront le cortège avec une bougie allumée dans chaque main.

C'est ainsi que, dans la moiteur des vapeurs parfumées et livrée aux mains expertes de la « tayaba », la jeune mariée recevra tous les soins consacrés à la beauté du corps. Elle sortira de la chambre chaude emmitouflée dans des draps de bain roses, la tête couverte d'un « houiyek » et regagnera la salle de repos sous les youyous, les incantations et les litanies de ses proches.
Et là seront servis boissons fraîches et gâteaux à toute l'assistance. Moment de joie, d'allégresse, de détente où le plaisir du bain se fond dans la plénitude de l'esprit.
La fête continue. Demain sera destiné à la « cérémonie du henné », juste la veille du grand jour.
Il est un lieu commun de dire que les traditions se perdent de plus en plus. D'aucuns avanceront les aléas de la vie moderne, d'autres les raisons économiques. Ce qui fera dire à une vieille « tayaba » de La Casbah : « C'est dommage… c'était si beau ! »


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