Algérie

«Le Hamas n'a jamais refusé le principe de la négociation»


-Y a-t-il unanimité en Palestine sur la démarche de Mahmoud Abbas pour la reconnaissance d’un Etat palestinien ' L’initiative de Mahmoud Abbas ne fait pas l’objet d’un consensus parmi les différentes factions palestiniennes. Le Hamas s’est officiellement opposé à une telle démarche, ce qui témoigne d’une volonté de se démarquer coûte que coûte de toute politique entreprise par son adversaire sur le terrain. Toutefois, le Hamas ne constitue pas un mouvement totalement homogène sur certaines questions, notamment celles qui touchent aux relations avec l’Autorité et Israël. Dimanche dernier, l’ancien conseiller du Premier ministre, Ismael Haniyeh, Ahmad Youssef, a déclaré publiquement, au cours d’un entretien réalisé par la radio «Sawt Falastin» que son mouvement avait tort de s’opposer à la demande de reconnaissance à l’ONU. Il déplore que le Hamas s’oppose à une telle initiative, alors que l’Organisation de la conférence islamique, la Turquie et tant d’Etats à travers le monde la soutiennent. Il appelle son mouvement à revenir sur sa décision de boycott. Cette posture dissidente reste cependant marginale au sein du mouvement, elle est à mettre en relation avec la trajectoire personnelle de cet homme qui a longtemps vécu aux USA et qui a développé des liens féconds avec nombre de personnalités politiques européennes. -Pourtant, le Hamas ne semble plus refuser le principe de la négociation… Le Hamas n’a jamais refusé le principe de la négociation en soi. La charte du Hamas n’interdit en rien la conduite de telles actions politiques. Le Hamas pratique d’ailleurs lui-même, depuis quelques années, des négociations indirectes (par l’intermédiaire d’une tierce partie, tantôt égyptienne, tantôt allemande) sur la question de la libération du soldat israélien retenu à Ghaza, Gilat Shalit. Une délégation du Hamas, conduite par Khaled Meshaal, s’est rendue au Caire le 16 août dernier pour procéder à des avancées concernant ce dossier.Hamas a également mené des négociations indirectes, après l’opération Plomb durci qui avait ciblé la bande de Ghaza fin 2008-début 2009, pour arriver à des arrangements sécuritaires. -Comment expliquer cette ambigüité ' Ce que le Hamas refuse, c’est la manière dont l’Autorité palestinienne pratique la négociation depuis les pourparlers de Madrid qui ont conduit à Oslo qui, selon le Hamas, constitue un piège dans lequel les Palestiniens seraient tombés en 1993 : chimère d’une Autorité qui devait se transformer en Etat, mais qui en réalité était dès le départ dépourvu de tout attribut de souveraineté, condamné à l’échec. Le Hamas analyse l’initiative de Mahmoud Abbas de l’ONU à travers cette même grille de lecture. -Comment peut-on interpréter l’opposition du Hamas à l’égard de l’initiative du président palestinien à l’ONU ' Le Hamas affiche plusieurs motifs pour expliquer le fait qu’il se soit désolidarisé de l’initiative à l’ONU : cette étape officialiserait la renonciation de plus de 80% de la terre de Palestine, exclurait définitivement Jérusalem des dossiers de négociations, de même pour la question des prisonniers.Mais le Hamas insiste sur le fait que cette initiative est illégitime dans la mesure où elle ne se faisait pas au nom d’un gouvernement d’unité nationale. Mais aurait-il accepté de se rallier à cette même démarche, si celle-ci avait été faite sous un gouvernement d’unité ' Ces différents motifs se contredisent en partie.
De nombreuses manifestations pour soutenir Mahmoud Abbas ont eu lieu mercredi matin en Cisjordanie. A Ghaza, rien ne s’est passé. Le Hamas affirme s’être mis d’accord avec le Fatah pour qu’aucune manifestation n’ait lieu à Ghaza, pour éviter de potentielles frictions entre partisans et opposants de cette mesure et protéger l’atmosphère de la réconciliation. -Quelles pourraient-être les conséquences sur le terrain, en cas d’échec ou de victoire, de l’initiative de Mahmoud Abbas ' Il est difficile de parler d’échec ou de réussite à propos de cette demande de reconnaissance. Les dés sont d’ores et déjà jetés. Mahmoud Abbas est conscient qu’une reconnaissance en tant qu’«Etat membre» est impossible du fait du veto américain ; il sait aussi qu’à l’Assemblée générale il obtiendra au moins le statut d’«Etat non membre», statut qui lui permettrait de solliciter les prérogatives de la Cour de justice internationale contre l’Etat hébreu. L’enjeu pour Mahmoud Abbas va être de présenter cet acquis potentiel (Etat non membre) à l’opinion publique palestinienne comme une victoire. Dans le cas où celui-ci parviendrait à «vendre» cette éventuelle victoire partielle sur le terrain, cela pourrait renforcer sa position dans l’équation de la réconciliation avec le Hamas.
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