Le gros lard du Golfe (I)

Si Molière était encore parmi nous, il aurait revisité ses «Fourberies de Scapin» en leur attribuant un nouveau titre qui collerait mieux à l'actualité internationale.
Alors, à sa place, bien que nous ne possédions pas l'art de sa muse, nous tenterons quand même de griffonner dans ce papelard les «Fourberies de Hamad» ou les ambitions d'un marcassin. Dès sa tendre enfance, le petit Hamad semblait déjà souffrir d'une claustrophobie précoce. Ayant pris du poids, le complexe d''dipe aidant, il renverse son père. Autant en emporte le sang, cette première expérience fait de lui un vrai vampire n'éprouvant aucune indulgence pour ses victimes. Félicité par ses mentors, rapaces aux aguets de la moindre goutte de sang pétrolifère, le petit marcassin jubile. Il offre toute l'étendue de sa porcherie à ses nouveaux mécènes qui lui promettent monts et merveilles dans la sphère golfique. C'est ainsi que dans l'accord de défense qu'il signe avec ses nouveaux protecteurs, il accepte de jouer au templier, gardien du plus grand dépôt d'armes hors territoire états-uniens. En France, l'avènement de Sarkozy lui ouvre grandes ouvertes toutes les portes des «investissements». Ruée vers le monde sportif. On achète ostentatoirement à blanc. On pollue la scène médiatique avec sa fameuse chaîne de télé-propagande et voilà le petit marcassin qui se fait pousser de façon hallucinante des «ailes» de dangereux sanglier mal sevré. Habitué à traîner sa queue basse sous sa vaste gandoura au milieu des déserts, il s'est retrouvé subitement sollicité de partout. Après l'assouvissement de tous ses phantasmes, le voilà donc «mûrir» dans ses conquêtes prédatrices. Avec une population de 400 000 habitants et des richesses pareilles, un gentil homme aurait créé un paradis pour son peuple loin de tout tumulte. Ce qui n'est pas la caractéristique d'un sanglier souffrant de «bulbophrénie». Un terme que je crée à l'occasion. La petit Hamad apprécie maintenant la musique classique : il invite un grand orchestre israélien au nom de l'universalisme. Le petit Hamad participe aux assassinats, aux coups d'Etat. Il comprend vite le jeu de la guilde. A l'image d'un enfant gâté, il peut se permettre toutes les folies mondaines, assassines, conspiratrices, et j'en passe. Il feint également de s'intéresser à la protection du climat et réussit à s'adjuger la 18e conférence de l'ONU juste après l'échec de la conférence de Durban en décembre 2011. Nettoyer une porcherie n'est pas une mince affaire ; surtout quand on sait que le Qatar est le pays qui a le taux d'émission de gaz à effet de serre par habitant le plus élevé au monde : 53,4 tonnes par an est le chiffre incroyable annoncé par les statistiques officielles de l'ONU soit une augmentation de 435% depuis 1990. Donc, pas étonnant que l'hôte saugrenu du sommet sur le climat 2012 fasse partie du groupe des pétromonarchies qui ont été en première ligne, dans les moments cruciaux, à faire échouer le Protocole de Kyoto, pourtant très limité. Leur seul but étant de ne pas renoncer à l'industrie des hydrocarbures. «En effet, les négociateurs savaient que le Koweït, l'Arabie saoudite et les autres inventaient chacun à leur tour un vice de procédure pendant les longues et exténuantes négociations à chacune des conférences dans le but de tout réduire à zéro», rappelle le journal italien El Manifesto. (Suivra)