Historiquement réputée comme le grenier de l?Europe, l?Algérie en est venue aujourd?hui à une situation de dépendance pour ses cultures vivrières. C?est pourtant la même terre qui, depuis les temps les plus reculés, produisait le blé désormais importé dans sa presque totalité. La facture alimentaire, très lourde, révèle les carences d?une agriculture dont les rendements sont insignifiants au regard de la demande croissante exprimée par le marché. Le recours à l?importation massive érigé en réponse à des problèmes pressants. Il est ainsi paradoxal que cette politique d?importation soit systématisée au détriment de stratégies intégrées. Ce paradoxe se vérifie devant les quantités de poisson congelé d?importation alors que l?Algérie, avec sa façade maritime, offre un potentiel inépuisable de ressources halieutiques. Au lieu de quoi, on voit la banale sardine atteindre des prix exorbitants sur le marché. Il est difficile de croire à une espèce de fatalité qui rendrait les Algériens inaptes à trouver du poisson là où il se trouve, ou à cultiver de la pomme de terre, de la tomate et du concombre selon des procédés traditionnels ou intensifs. Ce ne sont pas le savoir-faire et l?expertise algériens qui sont en cause. Il s?agit plutôt d?un état d?esprit attentiste qui consiste à s?en remettre totalement sur le financement par les rentrées de la manne pétrolière de tous les besoins alimentaires du pays. La prise en charge résolue du problème de l?autosuffisance alimentaire s?en trouve ainsi différée. Mais rien ne dit que cette manne pétrolière sera garantie pour l?éternité. Est-ce d?ailleurs une bénédiction ou une malédiction ? La question ne se pose pas pour les spéculateurs qui tirent avantage des carences du secteur de l?agroalimentaire. Les consommateurs pâtissent de façon récurrente du couple infernal pénurie-hausse des prix pour des produits qui entrent dans la préservation de l?équilibre alimentaire. Les crises d?approvisionnement qui ébranlent de manière fréquente la sphère de l?agroalimentaire montrent bien que les parades nécessaires n?ont pas été mises en ?uvre pour soustraire le marché aux pratiques spéculatives qui ont des incidences sur la santé et le portefeuille des consommateurs. La règle de l?offre et de la demande, qui est incontournable dans ce cas de figure, ne doit pas être pervertie par une surenchère qui atteint des proportions désastreuses. L?Etat est bien évidemment compétent pour contrôler, réguler les cours, mais en amont l?activité est également régie par un soubassement éthique des professionnels du secteur. Il y a quelques semaines seulement, le marché avait été secoué par la crise du lait en sachet dont on rappellera qu?il est pour la plupart de ses composants un produit d?importation. Il en va de même pour la semoule, la farine, les fruits et légumes qui sont sous haute pression parce que la période du Ramadhan, mois de grosses dépenses pour les foyers, n?est plus très éloignée. La flambée des prix qui touche le secteur des fruits et légumes est un indice probant de ce qui attend les consommateurs.
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Posté Le : 19/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com