Algérie - Revue de Presse

Le grand maître de la chanson chaâbi Maâzouz Bouadjadj à La voix de l’Oranie



«La chanson commerciale a envahi le marché» L’artiste Maâzouz Bouadjadj est né en 1935 dans le quartier mythique de Tigditt, à Mostaganem. Il est connu pour être un des grands maîtres de la chanson chaâbie. Sollicité dans les coulisses de la première édition du Festival de la chanson oranaise, qui s’est déroulée à Oran du 16 au 21 octobre 2008 et où il présidait le jury du concours des jeunes talents, l’auteur de «Kholhal Aouicha» a bien voulu, en dépit de sa grande réserve, répondre aux questions de La voix de l’Oranie. -La voix de l’Oranie: Vous êtes aujourd’hui un des doyens de la chanson chaâbie. Parlez-nous de votre parcours artistique. -Maâzouz Bouadjadj: Je voudrais d’abord remercier tous ceux qui ont assisté et participé à cette première édition du Festival local de la chanson oranaise. J’ai débuté dans la chanson chaâbie, parce que j’étais un passionné de ce genre, compte tenu d’abord du fait que je suis né à Mostaganem, qui est une ville qui a été considérablement imprégnée par l’art populaire, notamment la poésie melhoun. Je me suis toujours abreuvé de qacidates et c’est ce qui déterminera mon choix pour ce genre. -Quelles sont les qacidates qui ont inspiré Maâzouz Bouadjadj et pourquoi? -J’ai chanté de nombreuses qacidates de poètes du melhoun, notamment du barde de Mostaganem Sidi Lakhdar Benkhlouf, Ben Msaïb, Bensahla, El Maghraoui et d’autres encore. Ces poètes sont considérés comme les maîtres du melhoun en Algérie. Ils constituent un important gisement du patrimoine de la poésie populaire. -Comment Maâzouz Bouadjadj choisit les qacidates avant de les mettre en musique? Sur quels critères est basé ce choix? -Comme tout un chacun le sait, j’accorde une grande importance d’abord au message de la qacida. Je chante aussi bien les poèmes d’amour que le medh. Dans les années soixante-dix, j’ai chanté «Saqi Baqi», «El Aïd El Kebir», «Kholkhal Aouicha» qui ont connu un grand succès et dans les années quatre-vingt «Hikma bla chikh la tat’alemhach». -Vous êtes un virtuose de la mandole. Comment êtes-vous parvenu à cet instrument? -A dire vrai, j’avais un penchant pour la mandole depuis mon jeune âge, mais j’ai d’abord commencé par la flûte et la guitare avant d’y passer. -Vous avez été également à l’école du théâtre. Parlez-nous de cette expérience. -Mon parcours artistique a débuté par la musique en même temps que le théâtre où j’exerçais comme musicien. J’ai travaillé avec un des piliers du théâtre algérien, Ould Abderrahmane Kaki, notamment dans ses pièces «Le filet», «La caverne» et «132 ans». C’est par cette expérience que j’ai pu ainsi développer ma sensibilité au théâtre. -Quel regard portez-vous sur la chanson oranaise? -La chanson oranaise a été marginalisée et oubliée durant plus de 20 années. Aujourd’hui, elle renaît à la faveur de cette première édition du festival qui constitue une excellente initiative du ministère de la Culture. Cela va en quelque sorte la réhabiliter dans son authenticité. J’apprécie la chanson oranaise depuis que j’étais jeune. J’ai accompagné en diverses occasions, Ahmed Saber, Ahmed Wahby et Blaoui Houari que je considère comme les maîtres incontestés de la chanson oranaise. -On parle de la chanson engagée. Quelles sont les contraintes que rencontre la chanson engagée? -D’abord la première contrainte réside dans le manque de producteurs qui ne sont intéressés que par les succès et le gain rapide. C’est pourquoi la chanson commerciale a littéralement envahi l’espace artistique. Cependant, il existe toujours des producteurs sensibles à la chanson engagée et à l’art authentique qui sert la culture algérienne. -Un dernier mot? -Je voudrais m’adresser aux jeunes artistes et leur conseiller de se rapprocher des grands artistes qui ont une grande expérience dans le domaine. Je leur dirais que je suis disposé à leur apporter toute mon aide. Je forme le vœu, en ma qualité de président du jury du concours dans le cadre du festival de la chanson oranaise, que ces jeunes puissent acquérir toute l’expérience nécessaire qui fera d’eux de véritables artistes. J’ai constaté que les concurrents ont montré de réelles capacités vocales mais ils ont versé pour la plupart dans l’imitation des maîtres Ahmed Wahby, Blaoui Houari ou Ahmed Saber. Je leur dirais que c’est la création qui conforte la vocation d’artiste. L’artiste doit éviter l’imitation et se construire par lui-même et se rapprocher des chouyoukhs pour forger son expérience.   G. Morad




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