Algérie

Le grand écart entre l'offre et la demande



Dans la seule commune de Mascara, le nombre de demandes de logement a atteint la barre des 20 000, pour une offre au-dessous des 5 000 logements et qui sont en cours de construction.La wilaya de Mascara enregistre un grand déficit en matière de logements, comme l'atteste le grand écart entre l'offre et la demande. En effet, et en dépit des programmes de logements lancés par-ci par-là pour résoudre ou au moins atténuer le problème, la tension est perceptible chaque lundi, jour de réception, devant les sièges des différentes daïras, avec des centaines de personnes, venues s'enquérir de l'état d'avancement de leur dossier.
Pour les mal-logés, les célibataires ou ceux vivant à l'étroit, le logement est devenu une obsession. Il s'agit d'une situation qui n'est pas nouvelle, mais le phénomène a tendance à prendre de plus en plus d'ampleur avec de graves conséquences sur la vie des individus et des familles.
"Ne ressent la braise que celui qui marche dessus", telle est la réaction de Mourad, un chef d'une famille nombreuse, avec trois enfants à charge, en plus de son épouse, de ses parents et de sa s?ur divorcée vivant à ses crochets.
"Nous vivons à huit dans un logement trop exigu de deux pièces et d'une cuisine. Je m'acquitte régulièrement du montant de 15 000 DA/mois de loyer, sans compter les frais de l'électricité et de l'eau. J'exerce comme agent de sécurité dans une entreprise privée pour un salaire de 35 000 DA", affirme-t-il pour illustrer la situation sociale dans laquelle il se trouve. Notre interlocuteur a formulé sa demande en 2015, et depuis il attend.
"Les membres de la commission chargés d'effectuer l'enquête administrative sont passés chez moi en 2018. Ils ont constaté la situation de précarité dans laquelle je me débats et ont promis de faire le nécessaire pour accéder à ma demande, en vain", regrette-t-il, la mort dans l'âme.
La crise qui sévit actuellement s'est nettement aggravée ces dernières années avec l'absence d'attribution de logements à intervalle régulier, depuis plus de cinq ans, faute de disponibilité.
Ces carences ont eu pour effet de grossir le nombre de demandes qui se sont accumulées au niveau de la seule commune de Mascara, pour atteindre les 20 000 dossiers pour moins de 5000 logements disponibles ou en cours d'achèvement.
Dans ce contexte, et nonobstant leurs capacités, les chefs de l'exécutif qui se sont succédé ne sont pas parvenus à résoudre le problème, lequel perdure avec des demandes de logement en nette augmentation et, à l'inverse, sans qu'aucune attribution vienne arrêter l'hémorragie.
À ce titre, et pour pallier ces insuffisances, le wali en poste multiplie les visites d'inspection et de travail des sites implantés sur le territoire de la wilaya qui abritent les chantiers relatifs à la construction des logements, tous programmes confondus, avec une particularité réservée au chef-lieu.
Ainsi, pour justifier les retards accusés dans l'achèvement et la livraison des logements, les entrepreneurs n'hésitent pas à évoquer la pénurie des matériaux de construction, surtout l'acquisition du ciment, un produit pourtant disponible dans les deux cimenteries dont dispose la wilaya de Mascara.
Outre les matériaux, les entreprises réalisatrices font état de l'absence d'ouvriers qualifiés comme les maçons, les ferrailleurs, les peintres, les électriciens et les plombiers.
À chacune de ses visites, le premier responsable exhorte les entrepreneurs à procéder au renforcement des chantiers et à les alimenter en matériaux suffisants pour rattraper quelque peu les retards cumulés.
Pour certains postulants, le logement représente une importance si particulière qu'ils menacent de se suicider s'ils venaient à être exclus de la liste des bénéficiaires. Il y a l'exemple du chef de famille qui s'est présenté devant le siège de la daïra, en imbibant son corps d'essence, menaçant de s'immoler en signe de désespoir.
Il y a eu aussi cet autre père qui est monté sur le toit de son logement en ruine, son fils dans les bras, en menaçant de se suicider à l'aide d'une bouteille de gaz. Certes, ces demandeurs ne sont pas allés au bout de leur acte, mais ces faits traduisent l'état d'esprit qui anime ces citoyens en quête d'un abri.

A. B.


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