Algérie

Le grand désert des perditions



Le grand désert des perditions
Pendant que des Algériens attendent à Guantanamo de se faire juger ici, Moumène Khalifa attend son extradition de Londres. Des harraga croupissent dans des prisons de Tunisie et des travailleurs imprudents dans des cachots libyens. L'Emir Abdelkader dort dans sa tombe à Damas, au milieu d'Algériens pris dans une guerre tournante, orphelins de leur représentation diplomatique. Même les diplomates eux-mêmes, à l'image des enlevés de Gao, sont perdus dans le désert de leur solitude, attendant une intervention de leur Etat. Tout comme le musicien Redouane, qui attend une intervention de son ambassadeur en Inde pour sortir de son horrible cauchemar, débuté sur une balle perdue. C'est d'ailleurs leur point commun : chacun attend son sort, seul et perdu en dehors de son pays. Pour le dernier cas, Redouane risque d'attendre longtemps, les officiels algériens étant visiblement beaucoup plus pressés de conclure des achats pour l'importation de viande d'Inde, en vue du Ramadhan, que de libérer l'un des leurs.
Car si le problème de la représentation interne est bien connu (en quoi M.Ouyahia, M. Belkhadem ou M.Ould Khelifa pourraient-ils représenter les v'ux et aspirations des Algériens '), celui de la représentation externe l'est moins. Pourtant, ils sont des centaines d'ambassadeurs inconnus, à traîner dans les capitales du monde, grassement payés et installés dans le confort, à ne regarder leurs ressortissants que par l''il de b'uf d'une porte blindée d'une ambassade inaccessible, comme s'il s'agissait d'étrangers indésirables. Qui sont-ils ' Pourquoi sont-ils là et si vieux ' Qui les nomme ' A quoi servent les ambassades et pourquoi ne s'occupent-elles pas de leurs ressortissants ' Ce ne sont pas les bonnes questions. Essayons celle-ci : quand on matraque ses propres citoyens sur leur sol, pourquoi ferait-on mieux avec ses citoyens perdus dans le désert des autres '




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)