Algérie

Le grand dérapage



Les citoyens demandent, les dirigeants répondent, c?est ainsi qu?un pays fonctionne. Pourquoi les pommes de terre sont-elles aussi chères ? Parce que tout le monde en mange. Pourquoi tout le monde en mange ? Parce qu?elles n?étaient pas chères avant. Les dirigeants ont des réponses à tout et quand ils n?en ont pas, ils en puisent du grand livre des réponses qu?ils cachent dans leur table de nuit. A la sempiternelle question sur l?ouverture des médias audiovisuels au privé, Ahmed Ouyahia a répondu non, craignant « des dérapages », selon ses propres termes. Curieuse réponse pour l?homme d?un système qui n?a cessé de déraper, depuis l?été 62 déjà, quand le coup de force enterrait les promesses de cogestion. Etait-ce un dérapage ou un tête-à-queue ? Quant au coup d?Etat de 1965, était-ce un redressement de vilebrequin ou un dérapage bien contrôlé ? Quand l?Etat faisait assassiner des opposants et torturait des militants, étaient-ce des dérapages ou des accidents de la circulation ? Quand la télévision publique jugeait l?actuel Bouteflika en lui infligeant une lourde amende par le biais de la cour des comptes, était-ce un dérapage audiovisuel, un procès en duplex ou un feuilleton brésilien ? Quand on truque les élections, on couvre la corruption et on se partage les commissions, est-ce un dérapage huileux ou une bretelle d?autoroute légale ? Bien sûr, les lecteurs pourraient se demander pourquoi tant d?insistance à demander l?ouverture des médias publics au privé, au lieu de juste demander la baisse des prix de la pomme de terre. La réponse est simple, ouvrir les médias lourds, puissants organes de régulation et de contrôle mental, revient à tout ouvrir. Ce qui peut arriver après n?est plus un dérapage, mais de l?histoire. C?est quand un pays n?est pas libre et dirigé par une poignée de vieux bureaucrates qu?il faut craindre les dérapages.




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