Algérie

Le gouvernement s'essaye aux man'uvres d'apaisement social



Hausse des pensions de retraite, exemption des nouvelles taxes à l'importation pour certains produits de large consommation, mesures en faveur des consommateurs et du pouvoir d'achat durant ce mois de Ramadhan? Tout provisoire qu'il est, le gouvernement de gestion des affaires courantes, mis en place avant l'évincement d'Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat, ne cesse d'annoncer ces derniers jours des "mesurettes" populistes, censées apaiser un front populaire en pleine effervescence. S'essayant aux vieilles man?uvres politiques d'apaisement social à coups d'allocations de ressources financières publiques, le gouvernement annonce ainsi, coup sur coup, des revalorisations des pensions de retraite allant de 1,5 à 6%, effectives dès le mois prochain ; l'exclusion d'une centaine de produits, dont les viandes bovines et certains fruits importés, de la liste des importations soumises au droit additionnel provisoire de sauvegarde (Daps), ainsi que de nombreuses autres mesurettes présentées comme pour garantir un bon approvisionnement des marchés domestiques en divers produits et contenir par là même les flambées traditionnelles des prix à la consommation durant le mois de Ramadhan. S'il est vrai, cependant, que le pouvoir d'achat des ménages et des retraités nécessite, à n'en pas douter, un immense effort d'ajustement et de rattrapage, compte tenu des effets de la crise financière, il n'en demeure pas moins évident que les quelques mesures sociales mises en avant par l'actuel gouvernement découlent davantage d'une man?uvre populiste d'apaisement que d'une quelconque démarche rationnelle de lutte contre la précarité. De fait, dans un contexte où la défiance populaire à l'égard du régime et les besoins de sauvetage de l'économie sont tels qu'ils imposent une transition politique urgente, il semble, pour le moins, déraisonnable de continuer à tirer sur la planche à billets pour reproduire de vieilles man?uvres de redistribution de menues rentes dans le seul but de tenter de détourner la colère du peuple. Car, faut-il le rappeler, depuis fin 2017, l'essentiel ou presque de ce qui sort des caisses de l'Etat vient surtout des autorisations de financements non conventionnels et, par conséquent, de créations monétaires sans contre-valeurs réelles et qui participent ainsi à nourrir les risques d'une hyperinflation et à gonfler une dette interne à laquelle il faudra faire face dans un très proche avenir. Rien que pour combler les déficits abyssaux du système national des retraites, un montant de près de 800 milliards de dinars avait été consenti au début de l'année à travers la loi de finances en vigueur, en faisant surtout tourner le périlleux dispositif de la planche à billets. Une démarche perçue alors comme un prélude à la campagne du cinquième mandat du président finalement déchu, et qui s'inscrivait donc en droite ligne des man?uvres populistes d'apaisement social, érigées en instruments de domination politique sous le règne de Bouteflika. Des man?uvres que le gouvernement actuel tenterait aujourd'hui de recycler pour imposer sa stratégie de transition, en omettant, toutefois, que les revendications populaires actuelles ne sont point d'ordre strictement social, mais éminemment politiques. Celles-ci, est-il en effet utile de le rappeler à l'adresse des dirigeants, ciblent non plus quelques gratifications à consentir en matière de pouvoir d'achat, mais bien un changement radical et immédiat du régime politique dans son ensemble.Akli Rezouali


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