Algérie

«Le gouvernement manque de réactivité»



Saïda Neghza est une femme aux compétences managériales avérées. Elle a été d'ailleurs choisie par le magazine Forbes Afrique parmi 20 personnalités les plus influentes en Afrique. Réélue en février 2021 à la tête de la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea), Saïda Neghza est également directrice générale de la Sarl Soralcof Algérie, comme elle est présidente de BusinessMed. Dans cet entretien, elle explique que l'Algérie a tous les moyens et toutes les compétences requises pour entamer son décollage économique pour peu qu'on libère les énergies assoupies.L'Expression: Votre organisation soutient la démarche économique définie par le président Tebboune dans son programme. Comment comptez-vous participer activement à ce chantier économique'
Saïda Neghza: Nous sommes très satisfaits et heureux de l'intérêt porté par Monsieur le président de la République à la chose économique. Faire de l'année 2022 l'année de la relance économique par excellence est un appel que j'ai lancé à l'occasion de mon discours prononcé le 11 décembre 2021, lors de la cérémonie d'ouverture du Forum international de la Femme (FIF 2021). Un code dédié à l'investissement, clair et ancré sur une décennie donnerait de la visibilité et de l'assurance aux investisseurs. À la Cgea nous avions travaillé avec le ministère de l'Industrie sur cette question et nous avions soumis à l'ex-ministre des propositions concrètes.
J'ai effectué plusieurs visites sur terrain, sur l'ensemble des régions du pays et j'ai eu à constater des initiatives et des projets très bénéfiques au pays, à même de soulager la facture de nos importations en devises, de créer des milliers d'emplois et de la richesse au pays. Parfois, des projets d'investissements sont bloqués à cause du simple classement du dossier dans le tiroir d'un petit responsable local.
La Cgea, organisation socio-économique, compte avoir une participation active dans la relance économique, à travers le plaidoyer qu'elle fait pour une bonne gouvernance, pour la lutte contre la bureaucratie, par ses positions patriotiques et son lobbying en faveur de l'outil de production national, par l'aide à la résolution des problèmes auxquels font face les investisseurs et hommes d'affaires.
La pandémie de Covid- 19 et la guerre en Ukraine sont venues nous rappeler qu'on ne peut compter que sur soi-même.
À la tête d'une organisation patronale, mais vous êtes également femme d'affaires présente sur le terrain. Quel constat faites-vous sur la situation des entreprises'
La situation des entreprises est très difficile, d'abord en raison du climat des affaires, des répercussions de la pandémie de Covid-19 et du manque de flexibilité et de l'absence de réactivité des autorités.
À titre d'exemple, les opérateurs du Btph en charge des programmes de logements soutenus par l'Etat, ont exposé, à juste titre, le problème du renchérissement exponentiel des prix de l'acier, mais cette doléance objective n'a pas bénéficié, pour le moment, d'un examen du département concerné.
En outre, les mesures décidées par le gouvernement pour atténuer les effets de la pandémie n'ont pas connu une bonne application sur terrain. Des opérateurs sont relancés et nous avons dû intervenir pour faire annuler des pénalités injustifiées.
Le climat des affaires est-il réellement propice, aujourd'hui, en Algérie'
Le climat des affaires en Algérie n'est pas comme on l'aurait souhaité, mais il ne changera pas d'un simple coup de baguette magique. Nous sommes confiants de la volonté du président de la République que nous soutenons pour changer les paradigmes économiques. Chacun doit jouer son rôle. Il appartient à l'administration de faire sa mutation et lever les entraves bureaucratiques lourdes, aux opérateurs économiques de s'imposer un code d'éthique. En fait, tous les services de l'Etat et les différents organismes, dont le Conseil de la concurrence, le Cnese, l'Onplc, pour ne citer que ceux-là, doivent jouer leurs rôles.
Vous estimez que la bureaucratie est une sérieuse entrave à l'essor économique de l'Algérie. Mais est-ce le seul mal dont souffre notre économie'
La bureaucratie est à mon sens une sérieuse entrave car beaucoup d'investisseurs nationaux ou étrangers sont malheureusement contraints d'abandonner devant le parcours du combattant qu'ils doivent traverser. Voyez le temps qu'il faut pour créer une société, construire l'usine et entrer en production. Il n'est pas nécessaire de comparer avec la Corée du Sud, il suffit de regarder chez nos voisins.
Maintenant, il est indéniable que le chantier est grandiose, il y a l'éducation, l'université, la recherche, les normes modernes de management, le respect et l'importance accordés à la ressource humaine et au travail, la stabilité et la qualité de l'arsenal régissant la chose économique, dont la future loi dédiée à l'investissement.
Quelle est, selon vous, la réforme la plus urgente à faire pour espérer un redémarrage économique'
Tout est urgent, nous avons beaucoup de retard à rattraper. Nous avons un million de naissances par an qu'il faudra soigner, loger, nourrir, former et créer de l'emploi. Les demi-mesures et la tergiversation sont à proscrire. Le constat est connu de tous et les bonnes pratiques aussi. Il ne faudra surtout pas dormir sur l'embellie que connaissent les prix du pétrole et du gaz.
Le paysage patronal a vu dernièrement la naissance d'une nouvelle organisation. Quelles sont les rapports qu'entretient la Cgea avec les autres organisations qui activent sur le terrain. Êtes-vous prête à une fusion ou alliance avec d'autres organisations'
La Cgea est la doyenne des organisations patronales en Algérie. Depuis sa création en 1989, elle milite et contribue à l'instauration de l'économie de marché et de la croissance économique. Nous sommes ouverts à des consultations et concertations avec les autres organisations sur les questions et dossiers importants traitant de l'économie. Notre seul préalable est la défense de l'intérêt national et de notre souveraineté économique.
Comment voyez-vous l'avenir économique du pays' êtes-vous optimiste'
Je suis optimiste et je crois profondément en le génie de notre peuple et les potentialités de notre jeunesse. L'Algérie est un grand pays qui dispose de toutes les ressources nécessaires et doit avoir une vocation de puissance économique régionale. Donner un coup de pied dans la fourmilière lèvera toutes les entraves et libérera toutes énergies colossales qui sont en hibernation.
Je vous remercie pour vos questions pertinentes et Ramadhan karim pour tout le peuple algérien.


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