Algérie

Le gouvernement libyen rencontre des résistances dans l'Est


Le gouvernement n'arrive pas encore à se faire reconnaître dans cette région connue pour son hostilité à Tripoli, notamment dans la partie contrôlée par le maréchal Haftar.Le processus d'unification des institutions libyennes de transition, issue du forum de dialogue politique de Genève, tenu en février, connaît des couacs à l'est du pays, dans l'ancien bastion de Khalifa Haftar, où le Gouvernement d'union nationale fait face à des résistances pour se faire accepter.
Pour preuve, le gouvernement libyen a annoncé dimanche soir le report du Conseil des ministres initialement prévu lundi à Benghazi, qui devait également marquer la première visite du Premier ministre dans l'est du pays.
Cette décision intervient quelques heures après que l'équipe sécuritaire chargée de préparer la visite du Premier ministre, Abdelhamid Debeïbah, et des membres de son gouvernement a été refoulée à son atterrissage à l'aéroport de Benghazi par les autorités locales sur place, l'obligeant à reprendre l'avion et à retourner dans la capitale Tripoli, a indiqué une source sécuritaire dans l'Est.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement, Mohamad Hamouda, qui annonce le report de la réunion du Conseil des ministres prévue à Benghazi, ajoute que des préparatifs sont en cours pour fixer une prochaine date, sans donner les raisons de ce report.
M. Debeïbah avait précédemment fait part de son intention de tenir des Conseils des ministres dans différentes villes, notamment à Benghazi, deuxième cité libyenne et fief du maréchal Khalifa Haftar, mais cet incident vient confirmer la persistance des divisions entre l'Est et l'Ouest, malgré les avancées politiques des derniers mois.
Pourtant, le gouvernement parallèle situé dans l'est de la Libye, dirigé par Abdellah al-Theni, a officiellement remis, il y a un peu plus d'un mois, le pouvoir au nouvel exécutif unifié d'Abdelhamid Debeïbah.
Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Debeïbah, a lui-même confirmé que 80% des institutions du pays ont été unifiées en moins d'un mois. Debeïbah a révélé dans une interview avec le journal italien Corriere della Sera que "parmi les institutions qui ont été effectivement unifiées figurent le gouvernement, le Parlement, la Banque centrale, l'agence de l'énergie et divers ministères".
Debeïbah a ajouté que l'establishment militaire a été unifié grâce aux pourparlers facilités par l'ONU à Genève, qui ont conduit à un accord de cessez-le-feu. Mais le poids et l'avenir politique et du maréchal Haftar, l'homme fort de l'Est, demeurent inconnus dans la nouvelle configuration de la Libye. Ce qui pose avec acuité un problème de mise en place effective des nouvelles institutions unifiées dans l'est du pays.
Les ONG internationales des droits de l'Homme, notamment Amnesty International, relèvent, quant à elles, que malgré la mise sur orbite du nouvel exécutif unifié, dans les faits, "l'ANL et les groupes armés alliés continuent d'exercer un contrôle effectif sur l'est de la Libye", rappelle Amnesty.
Ainsi, au moins 22 personnes parmi lesquelles des journalistes, des manifestants pacifiques ou des internautes qui ont critiqué l'ANL sur les réseaux sociaux, ont été condamnées à mort depuis 2018 par des tribunaux militaires et des centaines d'autres ont été emprisonnées après des "simulacres de procès" dans l'est de la Libye, a indiqué lundi Amnesty International.
Ces procès militaires "secrets et manifestement inéquitables" visent à "punir les opposants" de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, a fustigé l'ONG dans un rapport.
Le recours à des procès militaires arbitraires lui permet d'"instiller un climat de peur", a déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, et ce, avant de souligner l'urgence d'une intervention diligente du Gouvernement d'unité nationale pour mettre fin aux procès militaires des civils et ordonner des enquêtes sur la torture et les autres crimes commis par des groupes armés.

AMAR R.
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