Algérie

Le gouvernement joue l'apaisement



Après une trêve qui a duré plusieurs mois, la gronde du front social reprend de plus belle. Plus que jamais revigoré, les appels à la grève s'amplifient dans les secteurs d'activités névralgiques à l'image de l'éducation nationale et de la santé. Au-delà de leur aspect professionnel, les revendications formulées par les porte-voix des corporations bien distinctes revêtent surtout un caractère social. L'érosion du pouvoir d'achat qui s'est greffée aux conditions de travail fortement détériorées par la pandémie de Covid-19, sont deux facteurs qui ont particulièrement participé à raviver cette « fronde ». Dans cette équation, les pouvoirs publics se montrent plus enclins au dialogue et se disent prédisposés à répondre dans la mesure du possible, aux réclamations des fonctionnaires mécontents. Toutefois, l'interprétation de cette « volonté affichée » du gouvernement n'est pas forcément la même pour toutes les parties.Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Aussitôt ces velléités de protestation affichées, les responsables des secteurs concernés adoptent une posture pour le moins « conciliante » vis-à-vis des réclamations des protestataires. Pas plus tard que mercredi dernier, au moment où les professionnels de la santé observaient une grève générale accompagnée de sit-in de protestation dans l'enceinte des hôpitaux, le ministre de la Santé fait une tentative d'apaisement.
Il promet de prendre en charge incessamment les revendications soumises par l'intersyndicale de la santé. Abderrahmane Benbouzid a, dans la foulée, mis en relief le droit à la grève qui est « pleinement consacré par la Constitution ». Il a également considéré que les doléances professionnelles soulevées par la corporation médicale « sont légitimes », particulièrement celles liées à l'accélération de versement de la prime Covid-19.
Dans la même veine, le ministre de l'Education nationale promet lui aussi d'écouter les préoccupations des syndicats du secteur, dont certains comptent passer à l'action cette semaine en observant une grève nationale. Tandis que d'autres attendent le bon moment pour agir. La dernière note adressée par le département de Ouadjaout qui somme les directeurs de l'éducation « de cesser toute action impliquant la poursuite des syndicalistes en justice ».
Il prévient encore que « toute initiative dans ce cadre devait obligatoirement recevoir l'aval préalable de l'administration centrale ». Dans ce contexte, Mohamed Ouadjaout envisage d'organiser des rencontres avec les syndicats relevant de l'éducation nationale.
Les sorties médiatiques de Mohamed Ouadjaout et de Abderrahmane Benbouzid interviennent dans une conjoncture sociale très tendue. À travers les appels au dialogue, le gouvernement tient visiblement à s'inscrire dans une démarche privilégiant l'apaisement.
Ne voulant pas entrer en confrontation directe avec les partenaires sociaux, les responsables des secteurs de l'éducation nationale et de la santé tentent de contenir la colère des travailleurs. Si certains voient en ces appels, une main tendue des tutelles, nombreux considèrent ces initiatives comme étant de la poudre aux yeux.
« De l'encre sur le papier, voilà tout », résume Djamel Boutahar, membre du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), qui se dit très peu convaincu par les assurances du ministre de la Santé. « Le problème aujourd'hui ne se situe pas dans les promesses mais dans leur matérialisation sur le terrain », fait-il remarquer. Ce dernier estime que la plupart des revendications du corps médical « nécessite l'intervention du chef de l'Etat car elles ne s'arrêtent pas seulement au volet professionnel ».
Le même « défaitisme » est observé chez des syndicalistes de l'éducation nationale qui parlent de ruse de la tutelle pour « appeler implicitement les syndicats à surseoir aux grèves ». Pour une autre partie des partenaires sociaux, la prédisposition des tutelles au dialogue ne pourra que déboucher sur des résultats positifs, et « permettra sans nul doute d'arracher ne serait-ce que quelques acquis ».
Pour l'heure, l'impact des garanties du ministère de la Santé et de celui de l'Education nationale ne sont pas perceptibles.
L'intersyndicale de la santé s'organise pour la suite de son mouvement de protestation. Idem pour l'entité syndicale relevant de l'éducation (Cnapeste), dont la grève de deux jours est maintenue pour cette semaine.
M. Z.


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