Algérie

«Le gouvernement impose le fardeau de l'austérité au simple citoyen»



«Le gouvernement impose le fardeau de l'austérité au simple citoyen»
Pouvoir d'achat malmené», «perspectives économiques inexistantes» et «forte pression fiscale sur les couches sociales défavorisées».Ce sont les premières critiques émises par les députés qui examinent, depuis hier, le projet de loi de finances 2018 présenté à l'APN par le grand argentier du pays, Abderrahmane Raouya.
Contrairement aux assurances du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et des membres de son gouvernement, ce texte, estiment les représentants des partis de l'opposition, notamment, «est une bombe à retardement». Pour eux, les couches défavorisées seront encore fortement sollicitées pour assumer les conséquences de la crise financière. Ce projet leur impose, selon les députés interrogés, une austérité sévère.
C'est ce que pense le député du Parti des travailleurs, Ramdane Taazibt, pour qui ce projet «ne tient pas compte de l'état du pays et des souffrances du peuple algérien». «Il ignore les cris de détresse de plusieurs secteurs et de la population. C'est un projet qui sème le désespoir, parce qu'il gèle les recrutements et il réduit les budgets des secteurs vitaux, comme la santé, l'éducation et l'enseignement supérieur. C'est un autre tour de vis d'austérité qui risque de provoquer le chaos dans le pays», déclare-t-il.
Et face à cette réalité, le gouvernement, ajoute-t-il, «ne voit pas les dégâts qu'il occasionne avec sa politique». Citant l'impact inévitable de l'augmentation des prix du carburant qui provoquera, dit-il, «une cascade d'augmentations des tarifs des transports et des prix de produits de consommation», l'orateur estime que cette mesure anéantira le pouvoir d'achat des Algériens qui ont subi des décisions similaires durant les trois dernières années. Le représentant du PT revient, dans la foulée, sur le gel des recrutements et des projets ainsi que l'augmentation du taux du chômage que le gouvernement ne prend pas en considération dans ses projections.
Inégalité devant l'impôt
«Au contraire, l'Exécutif ignore les souffrances de la majorité et satisfait les demandes de la minorité, en l'occurrence les patrons qui ont droit à des exonérations fiscales», enchaîne-t-il, en dénonçant l'inégalité devant l'impôt. «Nous sommes le seul pays au monde où les revenus de l'IRG payé par les salariés sont largement supérieurs à ceux de l'IBS (impôt sur le bénéfice des sociétés).»
De son côté, Djamel Bahloul, député FFS, évoque le recours, par les concepteurs de ce projet, à «des impôts déguisés que seuls les initiés peuvent détecter», en citant les mesures contraignantes concernant l'achat du logement.
Faisant partie de la majorité, des députés du TAJ mettent en garde aussi contre des pressions supplémentaires sur les couches les plus défavorisées. «Si le gouvernement mesure les conséquences de la crise annuellement, le pauvre citoyen la ressent (la crise) chaque jour en raclant ses poches pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille», affirme Abdelkader Ouicher, député du TAJ. Ce dernier demande ainsi l'introduction «dans le projet de mesures concrètes pour la protection du pouvoir d'achat des Algériens».
Outre le pouvoir d'achat, le député du RCD, Ouamar Saoudi souligne, pour sa part, l'absence de «toute mesure de relance économique susceptible de rééquilibrer le budget de l'Etat comme promis par le Premier ministre». «Ce projet est basé sur le fonctionnement de la planche à billets. On ne voit aucune décision urgente pour entamer le redressement de l'économie. Cela veut dire que la planche à billets fonctionnera toujours, même après trois ans», lance-t-il.
Un débat loin des caméras
de la télévision
Outre ces remarques, des députés dénoncent la «dictature de la majorité» qui, pour faire passer ce texte en douce et éviter son impact sur les prochaines élections locales, a décidé d'éviter la retransmission des débats en direct à la télévision. «Cette décision est antidémocratique. Pourquoi priver le citoyen du droit à l'information et les députés de leur droit de s'adresser à ceux qui les ont élus '» fulmine une députée du FJD. Son collègue du même parti, Lakhdar Benkhallaf, accuse la majorité FLN-RND «de vouloir à tout prix éviter une sanction populaire le 23 novembre». «Ils ont d'ailleurs décidé de reporter le vote sur ce projet au 26 novembre, alors qu'il était prévu pour le 21 du même mois», affirme-t-il.


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