Le Palais du gouvernement
Le passage aux subventions ciblées va permettre à l'Etat de gagner près de 1 200 milliards DA, soit un gain des deux tiers du budget consacré actuellement aux subventions.
Le gouvernement planche sérieusement sur le dossier épineux de la révision des subventions de l'Etat et de leur ciblage.Le ministre du Commerce Mohamed Benmeradi, suivi de Abderrahmane Raouya, ministre des Finances l'ont confirmé tout récemment et appuyé dans ce sens par Abderahmane Benkhalfa expert financier et ex-ministre des Finances. Mais encore faut-il pour passer à l'acte que le groupe de travail interministériel (solidarité, finances, collectivités locales) mis en place au niveau du Premier ministère arrive à trouver la solution idoine à cette difficile équation: comment lever les subventions et protéger tout à la fois les couches vulnérables' Une tâche des plus ardues dès lors que l'Exécutif et jusqu' à preuve du contraire, ne dispose en réalité d'aucune statistique fiable sur le nombre réel des pauvres dans le pays.
Et ce n'est pas tant Benkhalfa qui pourrait dire le contraire, quand bien même ce dernier a avancé hier sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3 que le gouvernement «détient une banque de données en la matière, que par ailleurs tous les Algériens, ont un numéro identifiant, une carte Chifa et d'autres indices dans ce but», a-t-il souligné, cela reste insuffisant à partir du moment où des pans entiers de la société vivent dans la clandestinité la plus totale.
Le fichier national des personnes nécessiteuses bientôt élaboré
Ils habitent dans des bidonvilles aux périphéries des grandes villes ou, dans les meilleurs des cas, dans des logements sociaux acquis par désistement, de plus ils ne sont déclarés ni à la Cnas, ni à la Casnos ni au fisc du fait qu'ils travaillent pour la plupart au noir chez des patrons privés ou se débrouillent comme ils peuvent dans des activités parfois lucratives.
Et si aujourd'hui on apprend du ministre du Commerce que le groupe de travail intersectoriel va bientôt remettre son étude de terrain, cela veut-il dire pour autant que le fichier national qui permettra aux familles réellement nécessiteuses de continuer à bénéficier des subventions accordées par l'Etat aux produits de première nécessité est à sa phase ultime d'élaboration, ce qui veut dire que les citoyens devront se préparer au scénario de la levée des subventions mais ils seront pressés d'en savoir un peu plus sur le mode opératoire et le système de compensation que compte mettre en place le gouvernement. C'est d'ailleurs tout à fait légitime de la part des citoyens au faible revenu. Apparemment, l'Exécutif devra trancher entre la méthode lisse, c'est-à-dire procéder par palier d'exécution ou la méthode directe. A ce sujet, Benkhalfa plaide pour la méthode directe ou compensation directe, car pour lui, il va suffire de bancariser 8 à 9 millions de chefs de famille et de leur envoyer chaque mois une compensation qui peut varier entre 9000 et 14 000 DA c'est-à-dire selon le nombre de personnes par ménage. «Par contre, la méthode lisse est difficile à mettre en oeuvre pour la simple raison qu'il est plus efficace de compenser par panier de la ménagère, au lieu par produit, ce qui pourrait entraîner des irrégularités c'est-à-dire léser les ménages au faible revenu», a argué l'ex-ministre des Finances. Notons que le mode opératoire que prône Benkhalfa est en vigueur dans certains pays européens. En effet, dans ces derniers, il a été mis en place un système de chèques ou cartes de produits et services universels. Le système a été confié à des partenaires privés. «Cela a généré un écosystème nouveau, que l'on appelle l'économie sociale et solidaire qui permet de décharger l'Etat de la gestion directe de ces prestations, tout en maîtrisant davantage leur coût pour la collectivité», a expliqué Benkhalfa au micro de la Chaîne 3.
S'orienter au plus vite vers la vérité des prix
Il convient de rappeler au passage que ce dernier à l'époque où il était ministre des Finances avait avancé que son département s'est donné 2 ans à partir de 2015 pour mener à bien un nouveau modèle de soutien plus direct et ciblé envers les couches de la société les plus vulnérables. Or, cette perspective de réduire progressivement les subventions a pris le chemin de l'oubli conséquemment, peut- être, au départ du ministère qui était derrière cette option. Et pourtant, le gouvernement est de plus en plus contraint de prendre les décisions qui s'imposent, celles de s'orienter au plus vite vers une vérité des prix. Cela devient d'autant plus inévitable quand on sait que les recettes extérieures du pays vont encore rester en chute libre. Devant un tel état des lieux, les experts en sont convaincus, la seule alternative qui soit offerte aux décideurs est d'agir sans atermoiements sur les dépenses et pour lesquelles gouvernement et citoyen doivent chacun de leur côté s'y atteler. A ce titre, la lutte qu'il faut mener contre la débauche dépensière qui s'est installée pour des raisons connues c'est de commencer par réduire les dépenses, notamment celles qui sont superflues et d'autres qui font mal aux yeux. C'est le cas du pain et les dérivés de la semoule. En effet, le paradoxe de leur accessibilité en a fait les contenus habituels des poubelles. Les pics de ce gaspillage généralisé sont particulièrement observés durant chaque mois de piété et où il a été estimé que lors du dernier Ramadhan, plus de 5.000.000 de baguettes de pain ont été jetées au rebut.
Cela dit, il faut croire que les pouvoirs publics ont pris conscience, du fait que les recettes financières du pays ont drastiquement diminué, de l'impératif de revoir le système des subventions. C'est d'autant plus très indiqué, car selon Benkhalfa le passage aux subventions ciblées allait permettre à l'Etat de gagner près de 1200 milliards DA, soit un gain «des deux tiers du budget consacré actuellement aux subventions et qui a été, en 2017, de l'ordre de 1760 milliards de dinars», a-t-il fait observer, lors de son passage à la radio.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Bouzid CHALABI
Source : www.lexpressiondz.com