Algérie

«Le gouvernement doit établir définitivement le statut de Hassi Messaoud»



«Le gouvernement doit établir définitivement le statut de Hassi Messaoud»
-Quelle est votre appréciation de la situation au lendemain de la manifestation 'La situation prévalant à Hassi Messaoud est essentiellement due à un cumul des retards dans la concrétisation du plan de développement de la ville par les différentes assemblées communales qui sont succédé depuis la promulgation du décret 05/127 classant un champ pétrolier, mais aussi toute une agglomération urbaine de plus de 60 000 habitants, comme «zone à risques majeurs». La nouvelle ville, le citoyen l'attend depuis une dizaine d'années, une décision annoncée par les plus hautes instances du pays sans prendre en considération les préoccupations du citoyen ni le développement démographique d'une ville aussi attractive que Hassi Messaoud. Lors d'une rencontre avec la société civile en 2011, Nacer Maaskri, l'ancien wali de Ouargla, avait annoncé 40 projets structurants à Hassi Messaoud, dont 4000 logements. Deux ans après, ces logements ont été affectés à la nouvelle et non pas l'ancienne ville. En outre, le Conseil interministériel a dernièrement annoncé qu'il n'y aura pas 4000 logements destinés aux citoyens, mais un quota non encore défini de «logements de fonction».Les citoyens ont pris leur mal en patience pendant toutes ces années, mais ils ne voient pas le bout du tunnel. Chaque jour, des cérémonies d'attribution de logements et de terrains sont filmées par l'ENTV, de nouveaux projets sont lancés sous toutes les formules, partout sauf à Hassi Messaoud. C'est la crise du logement, mais aussi le chômage des enfants de cette ville qui poussent les gens dehors. L'Etat aurait dû y penser. Personne n'a pris la peine, parmi les décideurs, de leur expliquer les choses, les délais, la localisation, le relogement ou le logement de ceux qui attendent depuis des années. La donne sécuritaire et économique est une ligne rouge, les habitants s'y tiennent et les pouvoirs publics le savent, mais rien n'a été fait pour régler les problèmes. Les habitants ont décidé d'exprimer leur ras-le-bol, ils interpellent le Premier ministre et le ministre de l'Energie sur des préoccupations réelles. Nous ferons le point dans une semaine.-Vous faites partie du conseil interministériel de la ville nouvelle. Pourquoi les problèmes de l'ancienne ville n'y sont pas réglés 'J'y siège, en tant que membre, avec le wali et le président de l'APW de Ouargla. Nous exprimons des doléances qui dépassent nos prérogatives et ne trouvent pas de réponse chez les ministres qui s'y trouvent. J'ai personnellement exposé le problème du logement, des terrains d'autoconstruction et des périmètres agricoles lors de la rencontre du 2 décembre, soit huit jours avant cette manifestation. Le ministre de l'Energie m'a rétorqué que ce n'était pas de son ressort et que Sonatrach était là pour l'exploration des hydrocarbures.Nous sommes là depuis deux ans seulement et nous organisons régulièrement des débats publics où nous donnons des nouvelles, des délais et de l'espoir.Les habitants comprennent que la reprise du dossier du développement de la ville est difficile. Nous parons au plus urgent dans un contexte social très complexe. Mais il se trouve que nous n'avons pas d'éléments de réponse sur la question la plus problématique, à savoir le logement. Toutes nos propositions sont atermoyées ou carrément rejetées par le gouvernement. Je suis désolé d'avoir à gérer des affaires de démolition de constructions illicites alors que je suis censé construire et développer cette ville. Avant d'être maire, je suis citoyen à part entière de la ville et j'ai attiré l'attention du gouvernement sur la colère de la population et ses risques, d'autant qu'on ne connaît pas le statut réel de cette ville ni de celle à venir.-Vous voulez dire que le dégel administratif n'a pas fonctionné 'C'est le décret 441 modifiant et complétant le texte 05/127 qui a décidé du dégel partiel de certains segments, comme le registre du commerce pour une annexe de société qui devra toutefois être basée à Ouargla, ainsi que certains projets touchant à l'extension et la réhabilitation de l'hôpital de la ville, véritable centre de transit et d'évacuation, mais aussi la rénovation des écoles, des routes et des réseaux d'AEP et d'assainissement. Mais rien pour le logement ; au contraire, les 4000 logements inscrits pour Hassi Messaoud ont été transférés à la nouvelle ville dont on ne connaît toujours pas le délai de réalisation 10 ans après son annonce. Le dégel a permis d'inscrire 200 logements ruraux, 988 terrains sociaux et 103 dossiers de résorption de l'habitat précaire, or quand on est sortis en juillet dernier localiser les terrains, les représentants du secteur de l'énergie ont émis des réserves : ils veulent dépasser le rayon de 20 km du périmètre de sécurité du champ pétrolier et nous imposer 50 km sur des terrains qui appartiennent à la commune. Et Alnaft n'a pas répondu à notre demande envoyée il y a plus d'un mois.-Quelles solutions concrètes proposez-vous 'Primo, nous voulons que le gouvernement et Sonatrach décident une bonne fois pour toutes de garder la ville actuelle de Hassi Messaoud et d'assurer la prévention des risques industriels d'une autre manière que celle préconisée il y a dix ans. Les moyens technologiques existent. Nous avons un parc logement de 18 000 unités, autant transférer des puits au lieu de nous mettre dans cette situation. Nous avons également proposé l'exploitation des assiettes foncières urbaines existantes ; elles peuvent accueillir une première tranche de 5000 à 10 000 logements en préfabriqué, pour atténuer la crise actuelle, répondre à un besoin pressant sans pour autant mettre en péril les futurs projets. Dans l'attente de la réalisation de la nouvelle ville, je pense que le gouvernement doit statuer définitivement sur le statut de Hassi Messaoud, en prenant des décisions courageuses et concrètes.




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