Bouchedjira Ahmed, directeur de la conception et de la régulation des activités touristiques au ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, affirme à ce propos : « Nous étions à Oran, à Annaba et la semaine dernière à Alger. Nous avons établi un programme. Auparavant, nous avons fait une opération de simulation (il y a 2 ans) qui nous a conduit à avoir le nombre total susceptible d'être classé : sur plus de 1000 établissements hôteliers, on aurait 200 unités à classer par la commission nationale. » Depuis plusieurs années, il n'y a pas eu de classement. Profitant du vide et de l'autorité de l'Etat complètement absente, certains gérants d'établissements ont placé eux-mêmes des étoiles à leur fronton sans qu'aucune administration les y autorise. Résultat : absence de concurrence et de toute image de marque. « Nous classons ceux qui n'ont jamais été classés et nous reclassons ceux qui ont été déjà classés en respectant des normes internationales. Nous avons formé nos inspecteurs sur les techniques de classement et la différence entre un classement et une inspection ordinaire. Il s'agit de dynamiser l'activité touristique en général. On a constaté qu'il y a une certaine concurrence entre les hôteliers, ça les intéresse énormément », a précisé encore M. Bouchedjira.En Algérie, l'obligation de classement des établissements hôteliers a été posée par la loi n°99-01 du 6 janvier 1999 fixant les règles relatives à l'hôtellerie, qui stipule dans son article 54 que « les établissements hôteliers doivent faire l'objet de classement en catégories, conformément à des normes et modalités définies par voie réglementaire ». De même, la procédure de classement des établissements hôteliers et les normes qu'ils doivent remplir ont été fixées par le décret exécutif n°2000-130 du 11 juin 2000 fixant les normes et conditions de classement en catégories des établissements hôteliers (normes conformes aux standards internationaux). L'objectif visé est le professionnalisme à travers lequel l'hôtellerie pourra obtenir une certaine qualité de prestation. « On constate une amélioration dans le sens où les investisseurs font tout pour avoir des infrastructures adéquates. Certains veulent avoir 4 ou 5 étoiles, ça demande des efforts considérables. Les métiers de l'hôtellerie sont en train de se frayer un chemin en Algérie. La réglementation s'applique dans toute sa rigueur après une période de grâce et de sensibilisation : la commission veut jouer aussi un rôle de conseil pour les opérateurs », nous explique-t-on du côté du ministère.RéhabilitationCertains investisseurs ont recruté du personnel professionnel ; on le voit à travers la disposition des cuisines et la propreté des lieux. « Lors de notre inspection à Oran, certains établissements s'attendaient à avoir 4 ou 5 étoiles. On leur a dit non, vous n'avez pas de piscine ni de terrain de sport. Il faut avoir les moyens pour un 5 étoiles, le confort, les piscines, les restaurants. Vous devez avoir tout ! », ajoute le directeur de la conception et de la régulation des activités touristiques. A Annaba, la commission a émis des réserves pour un hôtel, dont les propriétaires ont un sursis de 6 mois pour se conformer aux normes exigées. Autrement, il sera déclassé. Le message à décoder est le suivant : certains hôtels peuvent être déclassés. Quand les propriétaires ne sont pas convaincus, la commission leur demande de fournir leur registre de doléances, qui est un indicateur efficace. Il reflète le degré de l'écoute du client. Certains établissements sont loin du compte. Plusieurs insuffisances ont été constatées dans l'exercice des activités touristiques. Il y a lieu de noter la dégradation des établissements hôteliers et complexes touristiques (EGT Andalouses, EGT Sidi Fredj, EGT Zéralda) du fait de la faiblesse de l'activité touristique durant les années difficiles qu'a connues le pays.Ces derniers doivent être réhabilités. Cette situation a influé sur la satisfaction des besoins de la clientèle et porte atteinte à l'image du secteur et à la destination touristique algérienne en général. La capacité d'accueil en hôtellerie reste limitée, très urbaine et peu adaptée au marché international (10% environ des établissements sont aux normes internationales). La mise à niveau s'articule en fait sur deux volets : le premier est matériel (réhabilitation des installations et rénovation et modernisation des équipements) et le second immatériel, visant la formation et le recyclage des personnels ainsi que la mise en place d'un plan marketing plus adapté aux spécificités des produits touristiques algériens. Si la destination Algérie semble prometteuse, le manque d'infrastructures est le grain de sable dans la machine de la relance. L'hôtellerie 5 étoiles (tourisme d'affaires), qui génère la majorité des recettes du secteur du tourisme en Algérie, tire son épingle du jeu. Ce type de tourisme a profité de la reprise de la croissance économique du début des années 2000 qui a attiré de plus en plus d'opérateurs à la recherche de contrats ou participant aux différentes manifestations économiques telles que la Foire internationale d'Alger. Le classement des établissements hôteliers est un des fondements de la politique de développement du tourisme à l'horizon 2025. Les pouvoirs publics entendent mener à terme cette opération. Le piège à éviter est de sauver les apparences sans apporter un réel changement.
Posté Le : 12/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Benelkadi
Source : www.elwatan.com