Algérie

Le gouvernement devrait réhabiliter l'outil économique, selon le patronat



Le gouvernement s'est découvert une nouvelle vocation : réduire la facture galopante des importations. Pour ce faire, il vient d'édicter une sévère restriction sur la consommation des ménages. L'exécutif s'est-il trompé dans la démarche ' « Ce n'est pas à coups de décrets qu'on va réduire les importations », prévient Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA). Booster la productivité nationale est, à ses yeux, le seul moyen susceptible d'arrêter « l'hémorragie nationale » des importations. « On importe presque 40 milliards de dollars. C'est dangereux. Par exemple, il faudrait arrêter une liste de produits à ne pas importer comme cela s'est fait avec le médicament. Si rien ne se fait, il n'y aura ni commerce extérieur ni exportation », avertit-il.Notre interlocuteur considère, par ailleurs, que le mal de l'économie national est beaucoup plus profond pour que le gouvernement ne s'intéresse qu'au seul aspect des importations. Malgré l'entame d'une batterie de réformes, l'économie nationale est toujours en transition, ajoute-il. « La machine économique est grippée. Cela fait plusieurs années que les pouvoirs publics discouraient sur les capacités de notre pays à réhabiliter notre économie. Cela fait plus de 30 ans qu'on nous parle de l'après-pétrole. Mais il n'y a rien de concret sur le terrain. Ça ne sert à rien de prendre des mesures s'il n'y a aucune réflexion au préalable », résume-t-il. Pour M. Naït Abdelaziz, les pouvoirs publics ont multiplié de nombreuses scories : une stratégie industrielle tout juste dans les cartons et un programme de mise à niveau des entreprises nationales qui traîne la patte. « Ce n'est pas possible qu'on puisse continuer à travailler comme ça (') il faut terminer avec les colloques et autres séminaires dont les recommandations n'ont aucun prolongement dans la réalité », s'exclame-t-il. Pis encore, les gouvernements successifs, selon lui, se sont désengagés de plusieurs secteurs stratégiques, dont les « capacités de production sont importantes » à l'instar du secteur du textile, actuellement abandonné. S'agissant du financement de l'économie nationale, le président de la CNPA n'a pas pris de gants pour dénoncer une « administration tatillonne ». « On nous a dit autrefois d'aller vers les banques privées afin d'avoir des crédits pour le financement des entreprises.Mais à quoi sert une banque publique si ce n'est de financer l'économie nationale. Maintenant, on sait que ces mêmes banques ne font office que de guichets », affirme-t-il, en rappelant la nécessité de faciliter aux entreprises nationales l'accès au crédit et leur mise à niveau. « Il faut une volonté politique, du bon sens et de la logique dans la prise de décision. Il faut également ouvrir les portes du dialogue avec les associations patronales », note-t-il. Evoquant l'amateurisme du gouvernement qui vient de reculer sur la fameuse mesure dite des « 30% » relative aux sociétés étrangères d'importation, M. Naït Abdelaziz souligne que ce retour en arrière « décrédibilise » l'image de l'Algérie auprès des investisseurs étrangers. « Logiquement, on devait faire une réflexion avec les acteurs concernés. On a perdu beaucoup de temps et les étrangers sont perturbés », indique-t-il. Boualem M'rakech, président de Confédération du patronat algérien (CAP), a fait savoir, de son côté, que mettre des restrictions à la consommation du citoyen aura des effets sur la productivité de certaines entreprises nationales. « L'une ne va pas sans l'autre », commente-t-il.De nombreux industriels nationaux à l'image de LG, ENIE et d'autres encore devraient être touchés par cette restriction d'autant plus que ces entreprises engrangent des ventes avec la formule crédit à la consommation. Pour lui, il n'y a pas quatre chemins pour réduire l'importation. « Pour agir sur les importations, il y a lieu de créer de nouvelles conditions autour de l'entreprise nationale afin de lui permettre d'être performante », plaide-t-il. M. M'rakech regrette par ailleurs l'absence d'organisations appropriées pour défendre les intérêts du citoyen.


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