Le gouvernement de Tunisie lance le tourisme religieux Sous l'impulsion du parti Ennahda

L'arrivée des islamistes au pouvoir a déstabilisé l'industrie du tourisme sur laquelle reposait l'essentiel de l'économie tunisienne.
Si la désertion des complexes touristiques venait à perdurer, la balance des paiements, déjà fortement éprouvée par les piteuses recettes de l'année 2011, risque de sombrer dans un irrémédiable déséquilibre budgétaire qui contraindra le gouvernement à restreindre ses actions en faveur du développement et des aides sociales. Parfaitement conscient que la Tunisie sera longtemps boudée par les touristes, notamment européens, effarouchés par l'insécurité qui persiste encore dans le pays, le gouvernement tente de combler quelque peu ce grave manque à gagner en ciblant les musulmans européens nombreux à avoir été séduits par la percée politique des islamistes. C'est dans ce but qu'une cinquantaine de responsables d'associations musulmanes françaises a été invitée en Tunisie pour une visite d'une semaine, à l'occasion du premier anniversaire du renversement du régime de Ben Ali.
Les militants du parti islamiste, Ennahda, fortement implanté en France auraient beaucoup contribué à inciter ces responsables d'associations (essentiellement des mosquées) à faire le voyage. Séduits par la qualité de l'accueil que leur ont réservé les tours opérateurs tunisiens et, bien entendu, par la cause idéologique à défendre, les représentants des associations musulmanes françaises ont promis de plaider la bonne cause auprès de la communauté musulmane de France pour convaincre un maximum de musulmans pratiquants à passer leurs vacances en Tunisie. Interrogé par un journaliste français (La Croix), l'influent président de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, M'hammed Henniche, avait tenu des propos édifiants : «Les patrons d'infrastructures touristiques tunisiens savent que même si ce n'était pas leur choix, ils vont devoir vivre avec un gouvernement Ennahda pour cinq à six ans et que désormais le pays a une connotation 'islamiste'. Ils doivent faire une croix sur la clientèle en string, car même sans milices islamistes sur les plages, elle ira ailleurs.
Ces hommes d'affaires ont donc décidé de prendre les devants et ont testé sur nous un nouveau circuit plus religieux.» La cinquantaine de responsables d'associations musulmanes de France s'est rendue à Tunis où elle a pu rencontrer Mustafa Ben Jafaâr, président de l'Assemblée constituante, des députés de tous bords et a même assisté à une séance de travail de l'Assemblée constituante. En plus de ce volet politique, le voyage comportait également un important volet culturel et, surtout religieux, qui les avait emmenés jusqu'à Kairouan, cette ville qui fut, durant des siècles, le centre de la vie religieuse tunisienne. A Tunis, la délégation n'a évidemment pas omis de visiter la Zitouna, où elle a même eu le privilège d'avoir été reçue par l'imam de la célèbre mosquée.
Au terme du séjour, les tours opérateurs tunisiens ont fait part de leurs décisions d'ouvrir, dès ce mois, une agence de voyages en région parisienne et lancer, dès le début de mars, un circuit touristique religieux sous forme de forfait sans alcool et avec piscine non mixte. Ils comptent bien évidemment sur les influentes associations de musulmans de France pour promouvoir ce produit.