Algérie

Le gouvernement d'union nationale lance un opération pour reprendre Syrte


Les forces du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) ont lancé hier une opération pour reprendre la ville de Syrte aux forces rivales de Khalifa Haftar, rapportent des médias citant le porte-parole dudit gouvernement.Ville côtière située à 450 km à l'est de la capitale Tripoli, Syrte est un verrou stratégique entre l'est et l'ouest de la Libye. «Des ordres ont été donnés à nos forces (?) pour avancer et attaquer avec force toutes les positions des rebelles à Syrte», a déclaré le porte-parole des forces pro-GNA, Mohamad Gnounou, allusion aux forces du maréchal Haftar, l'homme fort de l'Est. «L'armée de l'air a mené cinq frappes dans la périphérie de Syrte», a-t-il ajouté dans un communiqué sur Facebook.
Les pro-Haftar ont pris en janvier le contrôle de Syrte, ville natale de l'ex-dirigeant Mouammar El Gueddafi, renversé et tué lors d'une rébellion en 2011.Un peu plus tard dans la journée, Khalifa Haftar a exprimé son soutien à un cessez-le-feu à partir de demain dans le conflit l'opposant aux forces gouvernementales, après des discussions samedi au Caire avec le président Abdel Fattah Al Sissi.
Une «initiative du Caire» appelle au «respect des efforts internationaux et propose un cessez-le feu à partir (?) lundi 8 juin 2020», a déclaré le président Al Sissi durant une conférence de presse en présence du maréchal Haftar.
Les forces pro-gouvernementales ont annoncé vendredi avoir pris le contrôle de l'ensemble de l'Ouest de la Libye, infligeant une défaite cinglante aux troupes de Khalifa Haftar chassées de leur dernier fief dans cette région. «Nos forces héroïques ont étendu leur contrôle sur toute la ville de Tarhouna après avoir anéanti les milices terroristes de Haftar», à 80 km au sud de la capitale Tripoli, a annoncé Mohamad Gnounou, dans un communiqué.
La perte de Tarhouna marque un tournant dans le conflit opposant les deux camps depuis le lancement en avril 2019 par le maréchal Haftar d'une offensive pour s'emparer de Tripoli, où siège le GNA, en pleine lutte de pouvoir dans ce pays pétrolier plongé dans le chaos. Le conflit a connu ces derniers mois une implication croissante de puissances étrangères. Le soutien militaire accru de la Turquie a permis au GNA d'enregistrer une série de succès.
Le maréchal Haftar est appuyé par l'Egypte, les Emirats arabes unis et la Russie. Depuis mercredi, le GNA a annoncé successivement la prise de l'aéroport international de Tripoli, hors service depuis 2014, le contrôle total des frontières administratives du Grand Tripoli, et la prise de Tarhouna.
De son côté, le porte-parole de Haftar, Ahmad Al-Mesmari, a évoqué jeudi d'un «redéploiement» des troupes hors de Tripoli. Il a fait état d'«une initiative humanitaire destinée à arrêter l'effusion du sang du peuple libyen», et assuré que la décision de ce redéploiement avait été prise après «l'acceptation du commandement militaire de participer au comité militaire sous l'égide de l'ONU».
Mercredi, l'ONU a annoncé la reprise à Genève des négociations suspendues depuis plus de trois mois du comité militaire, qui comprend cinq membres pro-GNA et cinq pro-Haftar et qui vise à obtenir un cessez-le-feu.
Ingérences
Depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddaafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos. Deux autorités se disputent le pouvoir : le GNA, et un pouvoir incarné par le maréchal Haftar dans l'Est. Entre-temps, le conflit s'internationalise.
Le 4 avril 2019, Khalifa Haftar ordonne à ses forces d'«avancer» en direction de Tripoli, après l'annonce par son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) d'une offensive pour «purger» l'Ouest libyen «des terroristes». Une telle option intervient quelques jours avant une «conférence nationale» longuement préparée par l'ONU pour établir une feuille de route politique.
Le Conseil de sécurité appelle les forces de l'ANL à «interrompre tous les mouvements militaires». Le 7 du même mois, le GNA annonce une «contre-offensive» généralisée contre les pro-Haftar. L'ANL mène son premier raid dans la banlieue sud de Tripoli. A la mi-avril, le président américain Donald Trump s'entretient avec le maréchal Haftar d'une «vision commune» pour la Libye.
Le 26 juin, les forces du GNA s'emparent de Gharyan, principale base arrière des troupes de Haftar, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Fin juillet, l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé propose un plan en trois étapes : cessez-le-feu, réunion internationale à Berlin et conférence interlibyenne. Début novembre, The New York Times a fait état du déploiement en Libye de mercenaires russes. Moscou, soupçonné de soutenir les troupes de Haftar, dément.
Le 27, le président turc Recep Tayyip Erdogan et Fayez Al Sarraj signent un accord de «coopération militaire et sécuritaire». En décembre, un rapport de l'ONU a relevé que plusieurs sociétés et pays accusés d'avoir violé l'embargo décrété en 2011 en livrant armes ou combattants aux deux camps. La Turquie est citée, ainsi que la Jordanie et les Emirats arabes unis, deux soutiens de Haftar.
Le 5 janvier dernier, le président Erdogan a déclaré le début du déploiement de soldats turcs. A l'initiative d'Ankara et de Moscou, une trêve entre en vigueur le 12 janvier après des mois de combats aux portes de Tripoli. Le maréchal Haftar refuse de signer l'accord formel de cessez-le-feu paraphé par son rival.
Le 18, des groupes pro-Haftar bloquent les principaux terminaux et champs pétroliers. Le lendemain, les principaux pays concernés par le conflit promettent de respecter l'embargo sur les armes et de ne plus interférer dans les affaires intérieures libyennes, à l'issue d'un sommet à Berlin.
Le 2 mars, l'émissaire de l'ONU démissionne pour «raisons de santé», mais son poste est toujours vacant. Début mai, un rapport d'experts de l'ONU confirme la présence en Libye de mercenaires du groupe Wagner, réputé proche du président russe Vladimir Poutine, et révèle celle de combattants syriens venus soutenir le maréchal Haftar.
La présence de combattants syriens supplétifs d'Ankara pour soutenir le GNA a, elle, été confirmée en février par la Turquie. Depuis, des centaines de mercenaires russes ont été évacués du front de Tripoli. En juillet 2016, la France a dû annoncer la mort de trois de ses militaires dans un accident d'hélicoptère en Libye, où ils menaient une mission de renseignement auprès de forces de l'homme fort de l'Est libyen.
Le 18 avril 2019, Elle a rejeté les accusations «complètement infondées» du ministère libyen de l'Intérieur selon lequel Paris soutient le maréchal Haftar. Le lendemain, la Maison-Blanche a indiqué que le président américain Donald Trump s'est entretenu avec Khalifa Haftar et a reconnu son «rôle significatif (?) dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye».
En mars 2018, l'armée américaine a déclaré avoir tué «deux terroristes» lors d'une frappe aérienne, dans le sud de la Libye visant une «réunion de responsables terroristes». L'armée a ciblé la banlieue de la ville d'Oubari, à 700 km au sud de Tripoli. La frappe a été effectuée en coordination avec le GNA.
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